* Donald Trump a vivement critiqué les journalistes, des "gens malhonnêtes"

* Le président américain a promis qu'il construirait le mur entre le Mexique et les Etats-Unis

* La police de Phoenix a eu recours à du gaz poivre pour disperser des manifestants anti-Trump - quatre personnes arrêtées (Actualisé avec détails)

par Jeff Mason et Keith Coffman

PHOENIX, 23 août (Reuters) - Entouré de plusieurs milliers de ses partisans, Donald Trump a défendu mardi à Phoenix dans l'Arizona les propos qu'il a tenus en réponse aux violences survenues il y a dix jours à Charlottesville en Virginie lors d'un rassemblement de suprémacistes blancs.

Des partisans de Trump ont attendu des heures pour assister au meeting du président au Phoenix Convention Center. Beaucoup portaient la casquette rouge avec le slogan "Make America Great Again", quand d'autres scandaient "Construisez le mur".

A l'extérieur de la salle, des manifestants anti-Trump criaient "Honte, honte, honte" ou "Pas de Trump, pas de KKK, pas de fascistes aux Etats-Unis".

La police de Phoenix a annoncé avoir eu recours à du gaz poivre pour disperser des manifestants anti-Trump qui jetaient des pierres et des bouteilles. Quatre personnes ont été arrêtées, dont trois pour agression.

Devant un public qui lui était acquis, le président des États-Unis a déclaré que ses propos, après le rassemblement de Charlottesville qui a fait un mort le 12 août dernier, avaient été "parfaits".

"Je n'ai pas dit que je vous aimais parce que vous êtes noirs, ou que je vous aimais parce que vous êtes blancs", a-t-il déclaré. "J'aime tous les habitants de notre pays"

Le président a chauffé la foule en critiquant les journalistes qui, a-t-il dit, n'ont pas rapporté ce qu'il avait dit.

"(Les journalistes) sont des gens malhonnêtes. Ils sont mauvais. Je pense vraiment qu'ils n'aiment pas notre pays (...) Les seules personnes qui donnent la parole à ces groupes de haine sont les journalistes", a-t-il poursuivi.

Dans la foule, de nombreuses personnes ont tourné la tête et montré les journalistes. "CNN, ça craint", criaient certains.

Donald Trump a promis à ses partisans qu'il construirait le mur entre le Mexique et les Etats-Unis, quitte à "faire tomber le gouvernement".

"Même si vous devons faire tomber le gouvernement, nous construirons ce mur (...) Nous aurons notre mur.", a-t-il dit.

Le chef de la Maison blanche a également une nouvelle fois suggéré qu'il pourrait gracier un ancien shérif du comté de Maricopa dans l'Arizona. Ce shérif, Joe Arpaio, est âgé de 85 ans. Il a été condamné le mois dernier pour ne pas avoir respecté une décision judiciaire de 2011 qui l'obligeait à faire cesser les patrouilles anti-immigrants qu'il avait mises en place ainsi que des mesures de profilage racial qui lui étaient imputées.

"Est-ce que les gens dans cette salle aiment le shérif Joe ?", a lancé Donald Trump suscitant des applaudissements nourris et des : "Graciez Joe!".

"Est-ce que le shérif Joe a été condamné pour avoir fait son travail?", a demandé le président qui a toutefois dit qu'il ne ferait rien dans l'immédiat. "Je ne veux pas causer de controverse", a fait valoir Donald Trump.

Le rassemblement de Charlottesville, organisé pour protester contre le déboulonnage d'une statue du général confédéré Robert E. Lee, avait attiré des membres du Ku Klux Klan, des néo-nazis et des suprémacistes blancs ainsi que des contre-manifestants de sensibilité progressiste. La situation a rapidement dégénéré. Une voiture conduite par un suprémaciste blanc a foncé sur les contre-manifestants, tuant une femme de 32 ans.

Le président a été très critiqué, jusque dans les rangs républicains, pour avoir renvoyé dos-à-dos les deux camps et ne pas avoir suffisamment condamné, selon ses détracteurs, les suprémacistes blancs de Charlottesville.

Mardi, le conseil municipal de Charlottesville a décidé à l'unanimité de couvrir de tissu noir deux statues de héros confédérés sudistes, du général robert E. Lee, et de Thomas "Stonewall" Jackson, en signe de deuil et en raison d'un recours pendant en justice contre la décision de la municipalité de déboulonner la statue du général Lee. (Danielle Rouquié et Arthur Connan pour le service français)