Le crédit “45X” est visé par le projet de loi fiscale présenté par les Républicains. Il s’agit d’un dispositif fiscal hérité de Joe Biden qui permet aux industriels de déduire une partie de leurs investissements dans des projets d'énergies solaires, éoliens et liés aux minéraux critiques.
La droite américaine cible les crédits accordés aux projets liés aux énergies renouvelables. Le Freedom Caucus, groupe de députés ultraconservateurs, dénonce un “Green New Scam”, une “nouvelle arnaque verte”. Le problème est que ces crédits étaient un précieux soutien à l’industrie américaine de minéraux critiques. Des députés républicains ont même avoué avoir voté le texte sans réaliser que ce secteur était concerné.
Une menace pour une industrie stratégique
Le retrait du crédit aurait des conséquences lourdes. “Le crédit d'impôt ne fait qu'ajouter un coup de pouce phénoménal à la rentabilité d'un projet et nous donne des avantages que la Chine accorde déjà à ses propres entreprises”, souligne Alex Grant, PDG de Magrathea, une start-up spécialisée dans le magnésium. La Chine contrôle en effet l’essentiel de la production mondiale de ce métal, utilisé dans les alliages d’acier et d’aluminium.
“Sans ce crédit, nombre de producteurs américains risquent de fermer”, alerte KaLeigh Long, fondatrice de Westwin Elements, qui construit la seule raffinerie de nickel du pays.
Une dépendance risquée à la Chine
Les minéraux critiques sont au cœur de la transition énergétique. La filière s’est concentrée entre quelques grands acteurs, avec une domination écrasante de la Chine. L’AIE a récemment alerté d’un potentiel choc d’approvisionnement sur certains de ces marchés.
La Chine fournit 60% des terres rares mondiales et 90% des aimants qui en découlent, essentiels notamment aux moteurs électriques et la défense.
Pékin a fait de ses ressources une arme géopolitique. Le contrôle renforcé des exportations de terres rares vers les Etats-Unis ont mis à mal les chaînes de production et mis en valeur la dépendance aux extractions chinoises. Une arme de plus offerte à Pékin dans les négociations tarifaires.
Des failles à corriger, pas à supprimer
Le crédit “45X” a été critiqué pour avoir indirectement profité à certaines entreprises chinoises via des coentreprises ou des transferts de technologie. Une réforme ciblée, excluant explicitement ces entités, aurait suffi. Supprimer totalement le crédit fragiliserait davantage la souveraineté minérale des États-Unis.
Depuis 2022, ce crédit a généré 77 milliards de dollars d’investissements dans les batteries, 25 milliards dans le solaire et l’éolien, mais seulement 6 milliards pour les minéraux critiques. Cela s'explique facilement par le fait que seul le traitement des minéraux était couvert par le crédit, pas l’extraction qui est pourtant la partie la plus coûteuse. Depuis octobre 2024, le Trésor américain a étendu les aides à l’extraction et aux matériaux.
Trump, qui a pourtant signé plusieurs décrets pour relancer la production minière nationale, ne s’est pas exprimé sur le crédit “45X”.