(Actualisé avec réaction de Trump et cours du brut)

ABOU DHABI, 12 novembre (Reuters) - Le président américain Donald Trump a affirmé lundi qu'il espérait qu'il n'y aurait pas de réductions de la production de pétrole, en réaction à des déclarations de l'Arabie saoudite selon lesquelles l'Opep envisageait de diminuer sa production l'an prochain compte tenu du ralentissement de la demande.

"On peut espérer que l'Arabie saoudite et l'Opep ne réduiront pas leur production de pétrole. Les prix du pétrole devraient être nettement plus bas si on se base sur (le niveau de) l'offre", a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Les cours du pétrole brut sont passés dans le rouge après le tweet de Donald Trump, reprenant le chemin de la baisse après une brève interruption dans la journée due aux propos de Ryad.

Vers 19h10 GMT, le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) perdait 13 cents, soit 0,22%, à 60,06 dollars le baril, en passe d'aligner sa 11ème séance de baisse. Le Brent prenait en revanche 0,17% à 70,30 dollars.

Le ministre saoudien de l'Energie, Khalid al Falih, a déclaré lundi que l'Opep et ses alliés étaient d'accord sur la nécessité de réduire l'an prochain l'offre pétrolière mondiale d'environ un million de barils par jour (bpj) par rapport à son niveau d'octobre afin de rééquilibrer le marché.

S'exprimant lors d'un colloque sectoriel à Abou Dhabi, il a aussi dit que la demande des clients de l'Arabie saoudite serait, en décembre, inférieure de plus de 500.000 bpj à son niveau de novembre, et qu'il existait un consensus sur la nécessité de ne pas laisser gonfler les stocks pétroliers.

"Si tous les facteurs restent inchangés, et il est pratiquement certain que ce ne sera pas le cas car les choses changeront - c'est un marché dynamique - l'analyse technique que nous avons étudiée hier (...) nous dit qu'il faudra réduire l'offre de l'ordre d'un million de barils par rapport au niveau d'octobre", a dit le ministre saoudien.

"Le consensus porte sur la nécessité de faire tout ce qui sera nécessaire pour équilibrer le marché. Si cela implique de réduire l'offre d'un million (de bpj-ndlr), nous le ferons."

Les sanctions américaines visant l'Iran ont eu des conséquences moins importantes qu'anticipé en matière de réduction de l'offre mondiale, a expliqué Khalid al Falih.

Washington a accordé des exemptions à plusieurs pays acheteurs de brut iranien, parmi lesquels la Chine et l'Inde.

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont l'Arabie saoudite est le pays membre le plus influent, et ses alliés, dont la Russie, ont décidé en juin d'assouplir les mesures d'encadrement de la production appliquées depuis 2017, entre autres pour anticiper la baisse de l'offre iranienne.

Les cours du brut ont depuis fortement baissé, un mouvement favorisé entre autres par les prévisions de marché pour 2019 et des signes de ralentissement de la demande.

Khalid al Falih a aussi déclaré que l'Arabie saoudite n'avait pas l'intention de préparer l'éclatement de l'Opep, se disant convaincu que l'organisation resterait longtemps encore le principal organe mondial de coordination du marché pétrolier.

Le Wall Street Journal a rapporté la semaine dernière qu'un cercle de réflexion conseillant le gouvernement saoudien étudiait le scénario d'un éclatement de l'Opep.

Khalid al Falih a déclaré que ce "think tank" s'efforçait simplement de passer en revue tous les scénarios possibles.

"L'Opep est essentielle pour la stabilité des marchés pétroliers", a-t-il dit.

Dimanche, le ministre saoudien avait annoncé que l'Arabie saoudite envisageait de réduire sa production de 500.000 bpj en décembre en raison d'une baisse saisonnière de la demande. Une telle diminution équivaut à 0,5% de l'offre mondiale. (Maha El Dahan et Tuqa Khalid, avec Dmitry Zhdannikov, Marc Angrand et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Patrick Vignal)