A en croire une partie de la classe politique britannique, Theresa May n'a pas que des qualités. Mais personne ne peut contester la pugnacité de la dirigeante britannique, qui a défendu hier bec et ongles le compromis trouvé avec Bruxelles pour que le Royaume-Uni sorte de l'Union européenne. Malgré les appels à un nouveau referendum des travaillistes, malgré la planche grossièrement savonnée par les plus eurosceptiques des conservateurs, malgré la consternation des députés écossais et malgré la probable défection des représentants nord-irlandais. May aura fort à faire pour faire voter, en décembre, le texte signé qui reviendra de Bruxelles. A vrai dire on ne voit pas tellement comment elle réussira à rallier une majorité. Elle a aussi du plain sur la planche pour conserver son poste, après la défection d'une partie de son équipe gouvernementale.
 
La Première ministre l'a dit à plusieurs reprises : c'est "cet accord" ou "pas d'accord". Ses opposants rétorquent : les termes de l'accord ne sont pas conformes aux engagements pris lorsque les électeurs ont voté en faveur de la sortie de l'UE. L'éventualité d'un Brexit sans accord a pris du poids depuis hier. Cela explique le plongeon de la livre et la pression subie par les indices européens, alors que Wall Street a rebondi. A New York, les marchés ont été portés par les commentaires apaisants des officiels chinois et américains à l'approche du sommet du G20 à la fin du mois, où les sujets à l'ordre du jour se feront voler la vedette par les discussions entre Donald Trump et Xi Jinping sur les relations commerciales entre leurs deux pays. Hier, le Secrétaire d'Etat au commerce américain Wilbur Ross s'est montré résolument positif, même s'il ne s'attend pas à un accord définitif avant le début de l'année prochaine.
 
Bref, les relations sino-américaines et le Brexit s'annoncent, sans surprise, comme les deux aléas macroéconomiques majeurs de la fin d'année. Dans la strate inférieure, le secteur technologique reste convalescent, entre réseaux sociaux et plus généralement "GAFA" englués dans de nouvelles problématiques de qualité, et fabricants de composants confrontés à une plus grande prudence de leurs donneurs d'ordres pour la fin de l'année (coucou Apple). Hier après la clôture, Nvidia a raté le consensus et délivré des prévisions décevantes, ce qui a entraîné un sacré plongeon hors séance. Comme AMD il y a peu, le fournisseur de puces a expliqué qu'il a fallu écouler des surstocks liés à un ralentissement de l'industrie du "minage" de cryptomonnaies.
 
Peu de publications en vue aujourd'hui, à l'exception de celles de CNP Assurances et Viacom. Le CAC40 gagne 0,7% après quelques minutes de cotation, à 5 068 points. 
 
Les temps forts économiques du jour
 
Une fois n'est pas coutume, Mario Draghi doit prononcer un discours dès la matinée en marge du congrès bancaire européen de Francfort. Le patron de la BCE sera très écouté, au lendemain du gros regain de tension sur le Brexit à Londres (à partir de 9h30). Les chiffres définitifs de l'inflation de la zone euro suivront à 11h00 (consensus +2,2%). Aux Etats-Unis, la production industrielle & l'utilisation des capacités sont sur les tablettes à 15h15 (consensus +0,2% & 78,3%).
 
L'euro reprend 0,1% au dollar ce matin, à 1,13356 USD. Tendance légèrement haussière également sur l'or à 1 215 USD l'once et sur le pétrole, 56,63 USD (+0,3%) pour le WTI et 66,53 USD (+0,3%) pour le Brent. Le rendement du 10 ans américain progresse à 3,116%.
 
Les principaux changements de recommandations
 
  • AMS : Baader Helvea reste à l'achat mais réduit de 63 à 42 CHF son objectif.
  • Aston Martin : JP Morgan démarre le suivi à surpondérer en visant 2 000 GBp. Goldman Sachs reste acheteur avec un objectif ajusté de 2 020 à 2 080 GBp.
  • Bouygues : Crédit Suisse réduit de 42 à 39 EUR son objectif en restant à surperformance.
  • Eiffage : SocGen passe de conserver à acheter en relevant de 108,30 à 111,90 EUR son objectif. AlphaValue reste acheteur avec un objectif relevé de 106 à 109 EUR.
  • Ferratum : Berenberg abaisse de 30 à 28 EUR son objectif en restant acheteur.
  • Galp : Santander passe de conserver à acheter en visant 18,70 EUR.
  • Innogy : Independent Research passe de conserver à vendre en visant 38,40 EUR.
  • Leoni : MainFirst abaisse de surperformance à neutre avec un objectif coupé de 63 à 34 EUR.
  • Nordex : SocGen passe de conserver à vendre avec un objectif ramené de 9,30 à 6,80 EUR.
  • Sodexo : JP Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 79 EUR contre 84 EUR précédemment.
  • STMicroelectronics : Barclays réduit de 20 à 18 EUR son objectif en restant à surpondérer.
  • Temenos : Research Partners passe de conserver à acheter en visant toujours 150 CHF.
  • Vallourec : Jefferies abaisse de 4,90 à 4,40 EUR son objectif en restant à conserver.
  • Vicat : AlphaValue réduit de 67 à 62 EUR son objectif mais reste acheteur.
  • Vivendi : Crédit Suisse rehausse de 24,20 à 24,50 EUR son objectif et reste à surperformance.
 
L’actualité des sociétés
 
Hier soir après la clôture boursière, Vivendi a publié ses résultats, finalisé le rachat d'Editis, retenu les banques conseils en vue de faire évoluer le capital d'UMG et confirmé souhaiter rester au capital de Telecom Italia pour le long terme. Peugeot s'interroge sur l'avenir de deux sites Vauxhall au Royaume-Uni en cas de Brexit sans accord. Axa récupère 1,2 milliard de dollars du placement secondaire d'actions Axa Equitable à 20,25 USD pièce. Le directeur financier d'Orange pense que le 1er semestre 2019 pourrait offrir une fenêtre de tir pour une consolidation entre les quatre acteurs français. Sanofi assigne Apotex et Teva concernant des génériques de Cerdelga. Nouvelle commande coréenne pour GTT. L'IPO de Neoen approche les 700 millions d'euros levés après exercice intégral de l'option de surallocation. Les tests débutent à Rennes pour les véhicules autonomes de Navya. Akka boucle le rachat de PDS. Elior a racheté Alfred Conciergerie. Vallourec, Bolloré, Tikehau, IT Link, Total Gabon, Nanobiotix, Blue Solutions, Baccarat, Touax et Hiolle ont notamment publié leurs comptes.
 
State Grid of China et Mitsubishi Electric lorgnent la division Power Grids d'ABB. Le Crédit Suisse a démenti envisager un millier de suppression d'emplois additionnelles, en réponse à une rumeur de Bloomberg. Les avocats d'UBS demandent la relaxe dans l'affaire de fraude fiscale en France. Déceptions sur les trimestriels de Nvidia et Applied Materials. Facebook a dévoilé son plan pour lutter contre les contenus "inappropriés". Intel gonfle son programme de rachat d'actions de 15 milliards de dollars. Tesla enverra ses premières Model 3 en Chine au printemps. Les pilotes américains émettent des doutes sur la sécurité des B737MAX. United Technologies aurait des propositions des duos Apax/PAI et Eurazeo/Rhone pour sa division sécurité incendie, valorisée 3 milliards de dollars. Ça va un peu mieux pour PG&E, après une mise au point du régulateur sur la faillite. Wells Fargo supprime 1 000 postes aux Etats-Unis. Sony n'ira pas à l'E3 2019.