par Karen Freifeld et Sarah N. Lynch

WASHINGTON, 24 septembre (Reuters) - Le secrétaire adjoint à la Justice Rod Rosenstein, qui aurait selon la presse américaine décidé de démissionner, sera reçu jeudi par Donald Trump lorsque le président américain sera rentré à Washington, a indiqué la porte-parole de la Maison blanche Sarah Sanders, lundi.

"A la demande de l'Attorney General adjoint Rod Rosenstein, lui et le président ont eu une longue conversation pour discuter des récentes histoires dans l'actualité", a dit Sanders dans un message sur Twitter.

"Ils se rencontreront jeudi lorsque le président sera revenu à Washington" après avoir participé à l'Assemblée générale de l'Onu à New York, a-t-elle ajouté.

Cette annonce intervient alors qu'une source non-identifiée rapportait sur le site d'information Axios que le numéro 2 du département de la Justice avait proposé sa démission à John Kelly, le secrétaire général de la Maison blanche, avant que Trump décide de le limoger.

Une autre source citée par Axios précisait que Rod Rosenstein "s'attendait à être viré" et qu'il avait décidé de démissionner.

De son côté, NBC News affirme que Rosenstein a déclaré ne pas vouloir quitter ses fonctions et que la Maison blanche devrait le limoger si elle entendait le remplacer.

Rod Rosenstein est en charge de la supervision de l'enquête sur l'ingérence russe dans l'élection présidentielle de novembre 2016 qui empoisonne la présidence de Trump depuis son début.

Rosenstein est celui qui a oeuvré à la désignation du procureur spécial Robert Mueller après que Donald Trump a décidé de limoger en mai 2017 le directeur du FBI James Comey qui était en charge de cette enquête.

Rosenstein assume cette supervision car l'Attorney General (le ministre de la Justice) Jeff Sessions s'est récusé dans cette affaire, en raison des contacts qu'il avait lui-même eus avec l'ambassadeur de Russie à Washington alors qu'il était conseiller dans la campagne de Donald Trump.

25E AMENDEMENT

Donald Trump demande régulièrement sur Twitter que l'enquête russe soit stoppée car elle constitue, selon lui, "une chasse aux sorcières".

La mise à l'écart de Rosenstein, qui joue un rôle de paravent pour le procureur Robert Mueller, fait l'objet de rumeurs à Washington depuis que vendredi le New York Times a révélé que l'Attorney General adjoint avait proposé dès 2017 d'enregistrer en secret ses conversations avec Trump.

Rosenstein aurait été dès cette époque convaincu de l'inaptitude de Donald Trump à assumer ses fonctions de président des Etats-Unis et aurait cherché à recruter des responsables fédéraux pour engager une procédure de destitution suivant le 25e amendement.

Cet amendement envisage le cas d'une incapacité du président des Etats-Unis à assumer ses fonctions et de la délégation de ses pouvoirs au vice-président jusqu'à ce qu'il soit en mesure de les assumer à nouveau.

Le départ de Rosenstein poserait la question de la poursuite de l'enquête conduite par Robert Mueller. La démission fde Rosenstein faciliterait la tâche du président américain tandis que son limogeage limiterait la latitude de Donald Trump à lui trouver un remplaçant.

Rod Rosenstein a démenti les informations du New York Times les qualifiant "d'inexactes et de factuellement erronées".

Cette nouvelle affaire intervient à six semaines des élections de mi-mandat du 6 novembre et pourrait devenir une question politique explosive alors que les républicains tentent de conserver leurs majorités dans les deux chambres du Congrès.

L'ancien directeur adjoint du FBI, Andrew McCabe, s'est déclaré "profondément inquiet" du départ de Rosenstein. "Il n'y a rien de plus important pour l'intégrité de la justice et du droit que de protéger l'enquête du conseil spécial Mueller", a-t-il déclaré dans un communiqué.

(Susan Heavey; Pierre Sérisier pour le service français)