(Ajoute précisions, réactions, Onu, production photo/TV à disposition)

par Steve Holland et Jeff Mason

WASHINGTON, 26 mars (Reuters) - Le président américain Donald Trump a signé lundi un décret par lequel les Etats-Unis reconnaissent la souveraineté d'Israël sur le plateau du Golan, un geste immédiatement dénoncé par Damas.

Le plateau du Golan a en partie été occupé par l'armée israélienne lors de la guerre des Six-Jours en 1967, qui en a chassé les forces syriennes. Il a ensuite été annexé par l'Etat hébreu en 1981.

Donald Trump a formalisé sa décision, annoncée dès jeudi dernier, à l'occasion d'une visite à Washington du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui brigue un cinquième mandat à la tête du gouvernement lors des élections législatives du 9 avril.

"Il a fallu beaucoup de temps pour y arriver", a commenté Donald Trump en signant le décret présidentiel, Netanyahu regardant par-dessus son épaule.

Le président américain a ensuite remis le stylo à son invité en lui recommandant de l'offrir comme cadeau au peuple israélien.

Le geste de Trump est largement perçu en Israël comme un coup de pouce électoral à Netanyahu. Il lui avait déjà offert deux grandes victoires diplomatiques avec la reconnaissance de Jérusalem en tant que capitale de l'Etat hébreu en 2017 et le transfert de l'ambassade américaine dans la Ville Sainte, en mai dernier.

Benjamin Netanyahu s'est réjoui de cette nouvelle initiative du président américain, estimant qu'Israël n'avait jamais connu meilleur ami.

"ATTAQUE FLAGRANTE" CONTRE LA SOUVERAINETÉ SYRIENNE

Arrivé dimanche à Washington, le chef du gouvernement israélien a décidé d'écourter sa visite aux Etats-Unis afin de regagner l'Etat hébreu où un tir de roquette tiré de la bande de Gaza a fait sept blessés lundi matin près de Tel Aviv.

Son plus proche rival en vue des législatives, Benny Gantz, s'est exprimé lundi lors du congrès annuel du groupe de pression pro-israélien AIPAC (American Israel Public Affairs Committee) à Washington.

"Nous devons nous souvenir que si nous voulons de l'espoir, nous devons viser l'unité", a déclaré l'ancien chef d'état-major de l'armée israélienne, dont le parti centriste Bleu et Blanc est donné au coude-à-coude avec le Likoud de Netanyahu.

La Syrie a condamné la décision de Donald Trump, la qualifiant d'"attaque flagrante" contre sa souveraineté et son intégrité territoriale.

Dans un communiqué diffusé par l'agence de presse officielle Sana, le ministère syrien des Affaires étrangères souligne avoir le droit de reprendre son territoire "par tous les moyens possibles".

Aux Nations unies, le secrétaire général Antonio Guterres considère que le statut du plateau du Golan n'a pas changé, a déclaré un porte-parole de l'Onu.

Stephane Dujarric a ajouté que la position de l'Onu sur la question figurait dans la résolution prise par le Conseil de sécurité en 1981 selon laquelle l'annexion du Golan par Israël est "nulle et non avenue".

La Turquie a fermement condamné la décision de la Maison blanche, la qualifiant de "malheureuse" et estimant que "l'approche" de Washington "continue à être une partie du problème plutôt qu'une partie de la solution au Moyen-Orient", a indiqué le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.

Dès l'annonce par Trump de sa décision jeudi dernier, des critiques - directes ou implicites - avaient été formulées par plusieurs pays de l'Union européenne, ainsi que par la Ligue arabe et la Russie. (Jean-Stéphane Brosse et Jean Terzian pour le service français)