Parce que vous n'écoutez sûrement pas les déclarations nocturnes de Donald Trump, je vais essayer de synthétiser ce qu'a décidé le Président américain face au coronavirus. Des mesures qui ont ajouté au chaos boursier, car les investisseurs espéraient de la Maison Blanche un dispositif "à la britannique". Hier, la Banque d'Angleterre et le gouvernement Johnson ont annoncé une réplique concertée pour atténuer l'impact du COVID-19 sur l'économie britannique. Face au flegme de Londres, Donald Trump a fait du Donald Trump. Je me permets ce matin de citer un confrère britannique du Financial Times, qui a trouvé la formule adaptée : "Mercredi soir, la pandémie mondiale a croisé le nationalisme américain".

Trump a décidé d'interdire les voyages entre l'Europe et les Etats-Unis pendant 30 jours à partir de vendredi. Sauf avec le Royaume-Uni et l'Irlande, allez savoir pourquoi. Il a aussi annoncé un train de mesures de soutien et de financement, heureusement. Tout en fustigeant ce "virus étranger", dont il semble n'avoir pris conscience de la gravité que très récemment. Il y a encore quelques jours, le Président américain n'avait pas hésité à railler les demandes de crédits des Démocrates pour lutter contre l'épidémie. Plus tôt dans l'année, il avait même qualifié la menace de "fake news" lancée par ses opposants. Le retour sur terre est douloureux.

A voir la réaction des marchés financiers, jusqu'à Wall Street, la posture de Donald Trump inquiète bien plus qu'elle ne rassure. Wall Street s'est effondrée et perd désormais plus de 20% sur ses plus hauts. Techniquement, on peut donc affirmer que "la-plus-grande-phase-d'expansion-boursière-de-l'histoire" est terminée. Mais pour que cela ne devienne pas la "plus-grande-crise-économique-que-le-monde-a-connu-depuis-1929", il va falloir que les dirigeants politiques se montrent un peu plus convaincants. A commencer par les européens. La Banque centrale européenne a l'occasion d'apporter sa pierre à l'édifice aujourd'hui. C'est la banque de la seule zone euro, mais elle a un important pouvoir de traction dans la région, surtout si l'UE au sens large est associée à une démarche de soutien. Verdict en milieu de journée.

Mais n'oubliez pas que la réponse politique et monétaire ne sert qu'à atténuer les difficultés à venir des entreprises et des ménages. Les signaux à guetter pour espérer un retour au calme sont avant tout sanitaires : les pays confrontés à une montée angoissante des cas de contamination parviendront-ils à inverser la courbe, ou du moins à démontrer qu'ils ont repris le contrôle ?

Le CAC40 perdait 5% à 4377 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

La planète finance attend de voir ce que la Banque centrale européenne a concocté pour limiter l'impact du coronavirus sur l'économie. Les décisions seront communiquées à 13h45, avant la conférence de presse de Christine Lagarde à partir de 14h30. Les autres annonces macroéconomiques du jour concernent la production industrielle européenne (11h00) puis à 13h30 les prix à la production et les statistiques hebdomadaires du chômage aux États-Unis.

L'euro remonte vers les 1,13 USD après avoir reculé hier. L'once d'or n'est pas aussi demandée qu'on aurait pu le penser puisqu'elle baisse de 0,5% à 1634 USD. Le rendement de l'obligation d'État américaine recule à 0,81% sur 10 ans. Le bitcoin n'est pas une valeur refuge : -4% à 7622 USD pour la cryptomonnaie.

Les principaux changements de recommandations

  • ASML : Bernstein passe de performance de marché à surperformance en visant 316 EUR.
  • Assa Abloy : HSBC passe d'alléger à conserver en visant 205 SEK.
  • Basic-Fit : Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 30 EUR.
  • Deutsche Post : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 28,44 EUR.
  • DiaSorin : Jefferies reste à conserver avec un objectif relevé de 89 à 101 EUR.
  • Dormakaba : HSBC passe d'alléger à conserver en visant 555 CHF.
  • EssilorLuxottica : Bernstein reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 155 à 120 EUR.
  • Euronext : HSBC passe de conserver à acheter en visant 87 EUR.
  • Galp : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 13,50 EUR.
  • Hermès International : Bernstein passe de performance de marché à surperformance avec un objectif de cours réduit de 680 à 630 EUR.
  • Inventiva : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 6,50 à 7 EUR.
  • Kering : Bernstein reste à performance de marché avec un objectif de cours réduit de 530 à 440 EUR.
  • LVMH : Bernstein reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 455 à 360 EUR.
  • Moncler : Bernstein reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 43 à 34 EUR.
  • OMV : J.P. Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 35 EUR.
  • Repsol : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 11 EUR.
  • Shell : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 1750 GBp.
  • Software AG : Baader Helvea passe d'accumuler à acheter en visant 34 EUR.
  • Thales : Goldman Sachs passe de neutre à achat en visant 121 EUR.

L’actualité des sociétés

Les compagnies aériennes et le secteur touristique dans son ensemble vont subir un nouveau choc avec l'interdiction décidée par Donald Trump sur les voyages transatlantiques. Sans surprise, l'activité d'Accor est lourdement affectée par le COVID-19, mais le management est pour l'heure dans l'incapacité de donner une prévision précise. En parallèle, le groupe annonce la finalisation du rachat du polonais Orbis. Pernod Ricard va investir dans Italicus, une marque italienne d'apéritifs très haut de gamme à la bergamote. Danone a placé 800 M€ d'obligations à 7 ans avec un coupon de 0,571%. Eurazeo a fait état d'un actif net réévalué de 80,30 EUR par action, en progression de 10,5% sur un an, dividende inclus. Eurofins va proposer dans deux de ses installations américaines, des tests de dépistage du COVID-19 Groupe Guillin prend le contrôle de Thermoflex. Sqli rachète Redbox Digital. Novacyt accroît ses capacités de production de tests du coronavirus. Integragen renouvelle son accord de partenariat avec l'Institut Pasteur dans le domaine du séquençage à haut débit en microbiologie. Gaussin regroupera ses actions fin mars. Deinove perçoit 1,5 M€ de Bpifrance dans le cadre du programme AGIR. Econocom, Boiron, Innelec, Altamir, Sword, Prodware, Groupe Partouche, NR21, SergeFerrari, April, Global Bioenergies, GensightMaisons du Monde et Transgène ont publié leurs comptes.

Boeing s'emploie à préserver ses liquidités avec la crise actuelle, qui vient s'ajouter à celle du B737MAX, ce qui entraîne un plongeon du titre, déserté par des investisseurs échaudés. Carl Icahn monte à près de 10% d'Occidental Petroleum. Bombardier nomme Eric Martel aux commandes comme président et CEO à partir du 6 avril, en provenance d'Hydro-Québec. Bâloise accroît son dividende à 6,40 CHF. Zur Rose modernise son organisation et renforce sa direction. Dufry va s'adapter à la nouvelle donne du transport aérien en ajustant ses coûts et ses effectifs. Meyer Burger creuse ses pertes. Stefan Schulze va prendre la direction générale de Vifor Pharma.