par Richard Cowan et Susan Cornwell

WASHINGTON, 16 juin (Reuters) - La Maison blanche a annoncé vendredi que le président Donald Trump soutenait les deux propositions de loi sur l'immigration d'origine républicaine actuellement examinées par le Congrès, contrairement à ce qu'il semblait avoir lui-même déclaré un peu plus tôt en promettant de ne pas promulguer le texte le plus modéré si jamais il devait être adopté.

Ce texte de compromis soutenu par le président de la Chambre des représentants, le républicain Paul Ryan, vise à mettre fin à l'incertitude dans laquelle sont plongés les "Dreamers" depuis que Donald Trump a dénoncé l'an dernier le Deferred Action for Childhood Arrivals (DACA), une loi adoptée à l'initiative de Barack Obama qui les protégeait de l'expulsion.

La proposition de loi propose de permettre à ces jeunes migrants clandestins arrivés sur le sol américain quand ils étaient mineurs de demander un visa de six ans renouvelable et de postuler dans la sixième année pour l'octroi d'une carte verte qui pourrait leur ouvrir la porte vers la citoyenneté.

Le texte interdit aussi de séparer les enfants de leurs parents lorsqu'ils sont arrêtés après être entrés illégalement aux Etats-Unis, pratique devenue commune à la frontière avec le Mexique depuis l'élection de Donald Trump, tout en prévoyant le déblocage de 25 milliards de dollars pour renforcer la sécurité à la frontière, y compris en finançant en partie le mur souhaité par le président américain.

Une proposition de loi concurrente, présentée par l'élu conservateur Bob Goodlatte, défend une approche beaucoup plus dure avec une réduction drastique de l'immigration légale, la construction du mur frontalier avec le Mexique et l'impossibilité pour les "Dreamers" d'accéder à la citoyenneté américaine. Ce texte semble avoir peu de chances d'être adopté par la Chambre des représentants.

TRUMP CAMPE SUR SES EXIGENCES

"Je regarde les deux. Je ne signerai certainement pas la plus modérée", a dit Donald Trump lors d'une interview accordée à la chaîne Fox News devant la Maison blanche. "J'ai besoin d'un projet de loi qui donne à ce pays une formidable sécurité aux frontières. Je dois avoir cela."

Après cette déclaration sans ambiguïté, l'entourage de Paul Ryan avait fait savoir qu'il renonçait à essayer de convaincre une majorité d'élus de soutenir le texte qu'il avait présenté jeudi comme un "très bon compromis".

Mais la Maison blanche a publié dans la foulée un communiqué assurant que Donald Trump soutient en fait les deux propositions de loi et qu'il "signerait l'une ou l'autre loi républicaine".

Dans une laborieuse justification de cette contradiction apparente, son porte-parole, Raj Shah, a expliqué que Donald Trump faisait allusion dans l'interview à une procédure rarement utilisée à laquelle certains élus républicains ont menacé de recourir pour imposer l'examen de quatre propositions de lois, dont un texte bipartisan qui aurait de bonnes chances d'être adopté mais dont le président américain ne veut pas entendre parler.

Donald Trump l'a martelé à nouveau sur Twitter vendredi en exigeant de "toute loi sur l'immigration" qu'elle comprenne le financement intégral du mur frontalier, mette fin à la politique de "catch & release" (attraper et libérer) des clandestins, supprime la "loterie des visas", un système de tirage au sort permettant chaque année à 50 000 étrangers d'obtenir une carte de résident, et privilégie une immigration au mérite.

"Allez-y. GAGNEZ!", a-t-il conclu à l'intention des élus républicains. (Henri-Pierre André et Tangi Salaün pour le service français)