par Mike Stone

L'administration Trump prévoit de revenir sur un accord de non-prolifération datant de la Guerre froide pour permettre à l'industrie américaine de la défense de vendre plus de drones de fabrication américaine à plus de nations, a-t-on appris auprès de trois cadres-dirigeants du secteur et d'un responsable du gouvernement fédéral.

Cette modification pourrait ouvrir les ventes de drones américains armés à des pays tels que la Jordanie et les Émirats arabes unis, interdits d'acheter ces armes dans le cadre du Régime de contrôle de la technologie des missiles (RCTM), un pacte conclu en 1987 et liant 34 nations, selon ces sources.

Elle pourrait également compromettre le respect du RCTM de la part de pays comme la Russie.

La modification du RCTM fait partie d'une stratégie plus large menée par l'administration Trump pour exporter davantage d'armes.

Washington a remanié un large éventail de réglementations en matière d'exportation d'armes et a retiré les États-Unis de plusieurs traités internationaux sur l'armement, notamment celui sur les armes nucléaires à portée intermédiaire (INF) et le traité Ciel ouvert.

Contourner le Régime de contrôle de la technologie des missiles permettrait aux entreprises de défense américaines comme General Atomics Aeronautical Systems et Northrop Grumman de pénétrer de nouveaux marchés actuellement dominés par des offres moins sophistiquées de la Chine et d'Israël, qui ne sont pas partie prenante du RCTM.

Sollicitée, la directrice de l'Administration de la sécurité des technologies de défense du Pentagone, Heidi Grant, s'est refusé à tout commentaire sur cette modification. Elle a cependant déclaré que les Etats-Unis étaient impatients de voir les ventes de drones s'étendre à d'autres pays, que cela permettrait de renforcer les armées alliées et remplacerait les ventes de drones d'autres pays.

"Si nous ne sommes pas capables de répondre à cette demande croissante, nous nous tirons une balle dans le pied", a-t-elle dit à Reuters.

Ces drones, a-t-elle énuméré, pourront aider les pays alliés à lutter contre le terrorisme, à établir des contrôles aux frontières et, de manière générale, à stopper des menaces avant qu'elles n'atteignent les États-Unis. Heidi Grant a refusé de nommer les pays qui pourraient recevoir plus d'armes fabriquées par les États-Unis.

Le département d'État, qui prend les décisions finales sur les ventes de drones, a refusé de s'exprimer sur la modification de l'accord. La Maison Blanche a également décliné tout commentaire.

Selon les sources de Reuters, les agences américaines, notamment les départements du Commerce, de l'Energie, de la Justice et de la Sécurité intérieure, ont approuvé cette modification le mois dernier, et le département d'État devrait autoriser les premières ventes de drones dès cet été.

L'administration américaine a également déjà informé Northrop Grumman et General Atomics, les deux principaux fabricants de drones américains, de ses plans, ajoute-t-on de même source.

Le Conseil de sécurité nationale de la Maison blanche devrait se prononcer sur le sujet lors d'une réunion programmée mardi prochain, toujours selon ces sources qui s'attendent à ce qu'il donne son feu vert au projet.

L'administration Trump poursuit la refonte de sa politique d'exportation des drones sous la pression des fabricants américains et malgré les objections des défenseurs des droits de l'homme qui mettent en garde contre le risque d'alimenter l'instabilité dans les régions sensibles, notamment au Moyen-Orient et en Asie du Sud.

(version française Kate Entringer, édité par Henri-Pierre André)