Mis en difficulté par sa gestion désastreuse de la crise du coronavirus sur le sol américain, Donald Trump est repassé à l'offensive à l'international, où sa politique du chien dans un jeu de quilles donne de bien meilleurs résultats. J'ignore s'il a pris seul cette initiative ou si ses spin doctors lui ont soufflé l'idée, mais cela paraissait cousu de fil blanc. De même, ce cher Donald sait qu'il a une belle occasion de faire remonter sa cote de popularité à moins de trois mois de l'élection présidentielle, en s'agitant dans le dossier du nouveau plan de soutien économique en discussions entre Républicains et Démocrates. "N'ayez pas peur pauvres gens, si les parlementaires de l'establishment continuent à pinailler, je prendrai les décisions nécessaires pour vous aider sans eux", a-t-il laissé entendre en substance.

Quant à l'offensive internationale dont je viens de parler, elle est bien sûr dirigée contre la Chine. Après avoir cassé tous les codes en jetant les actifs américains de TikTok dans les bras de Microsoft, Donald Trump a pris cette nuit un décret enjoignant aux entreprises américaines de cesser de travailler avec WeChat sous 45 jours, car l'application "capture automatiquement de vastes pans d'informations de ses utilisateurs. Cette collecte de données menace de permettre au Parti communiste chinois d'accéder aux informations personnelles des américains". Avec un brin de cynisme, on pourrait remplacer "WeChat" par "Google" ou "Facebook", "parti communiste chinois" par "autorités américaines" et "des Américains" par "du reste du monde" et l'on aurait sûrement une phrase qui tient aussi la route. Tout dépend où l'on place les petits écriteaux des méchants et des gentils. Notez au passage que cette stratégie élargit encore le boulevard dont bénéficient leurs technologiques américaines, en affaiblissant leurs rivaux, même si le Président américain ne les porte pas toutes dans son coeur. 

La décision de la Maison Blanche de cibler WeChat et TikTok, après la mise au ban d'Huawei, marque une nouvelle étape dans la guerre, car c'en est une, entre les deux puissances économiques dominantes. Dans un tel contexte, on voit mal comment les deux camps pourraient trouver un terrain d'entente lors de la reprise des discussions commerciales mi-août. D'ici là, les Etats-Unis auront peut-être un dispositif pour venir en aide aux chômeurs dont les ressources ont été coupées le 31 juillet, et bénéficieront d'un meilleur état des lieux du marché de l'emploi avec les statistiques de juillet qui seront publiées cet après-midi.

Le CAC40 est proche de l'équilibre à 4886 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

La production industrielle en Allemagne (8h00) et en France (8h45) permettra de patienter jusqu'au seul indicateur qui intéresse le marché : les statistiques mensuelles du chômage aux Etats-Unis (14h30). Ce matin, la Chine a annoncé un net redressement de ses exportations en juillet (+7,2%), mais une contraction de ses importations.

La paire euro / dollar évolue à 1,18277 USD. L'once d'or reste ferme à 2060 USD. Le pétrole perd de l'altitude avec un Brent à 45 USD et un WTI à 41,80 USD. La dette américaine offre un rendement de 0,51% sur 10 ans. Le Bitcoin progresse vers les 12 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adidas : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 280 à 295 EUR. J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 215 à 225 EUR.
  • Allianz : Nord L/B passe d'acheter à conserver en visant 192 EUR.
  • Anheuser-Busch Inbev : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours réduit de 52 à 47 EUR.
  • AXA : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 26,50 à 27 EUR.
  • Beiersdorf : Goldman Sachs reste à vendre malgré un objectif de cours relevé de 81 à 84 EUR.
  • Crédit Agricole : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 11,40 à 11,50 EUR.
  • Danone : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 64 EUR.
  • DiaSorin : Jefferies reste à sousperformance mais relève de 120 à 125 EUR son objectif de cours.
  • Hella : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours revu de 47 à 46 EUR.
  • Patrizia : DZ Bank reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 25 à 27 EUR.
  • Saint-Gobain : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 38 à 37 EUR.
  • Siemens : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 126 à 124 EUR.
  • Symrise : Credit Suisse reste à surperformance avec un objectif de cours relevé 202 à 116 EUR.
  • Tenaris : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 5,90 à 5,35 EUR.

L’actualité des sociétés

En France

Publications de résultats

  • Altarea : au premier semestre, le groupe a amélioré son chiffre d'affaires de 8% et son résultat opérationnel récurrent (FFO) de 7,2%, respectivement à 1,4 Md€ et 118,2 M€. Le FFO du second semestre devrait être proche de celui du premier. Le management s'attend une reprise de la croissance en 2021, et continuera à mener une stricte politique de gestion des risques. Tout en louant les performances actuelles, il reste prudent sur la fin d'année, en estimant que le chômage risque de compliquer l'équation.
  • Hexaom : le chiffre d'affaires semestriel a atteint 397,5 M€, en baisse de 7,3% à périmètre constant. L'entreprise ne formule pas de prévisions annuelles à ce stade, et signale que l'allongement des procédures administratives pourrait peser sur le rythme des ouvertures de chantiers au second semestre.
  • Maurel et Prom : la plongeon des cours pétroliers a affecté la société, sans surprise, au 1er semestre, avec un chiffre d'affaires en retrait de 38% à 142 M$, et un résultat net courant déficitaire de 61 M$. En données comptables, les résultats sont plus dégradés, à cause d'un peu plus de 500 M$ de dépréciation d'actifs. La perte nette publiée atteint donc 606 M$. La société d'exploration pétrolière a réduit ses coûts et renégocié son échéancier de remboursement.
  • SES : l'opérateur satellitaire luxembourgeois a vu son bénéfice net fondre de moitié au premier semestre, à 86,4 M€. Le chiffre d'affaires a toutefois beaucoup mieux résisté, avec une légère contraction à 947,5 M€, mais l'entreprise a été confrontée à une érosion de sa rentabilité et à un taux d'imposition plus élevée. Les prévisions annuelles sont révisées en légère baisse, avec un chiffre d'affaires qui devraient se retrouver dans la fourchette 1,86 à 1,9 Md€, et un Ebitda ajusté de 1,12 à 1,16 Md€. Le coût de la pandémie est évalué sur l'exercice entier à environ 40 à 60 M€.

  • Tessi : la société grenobloise a subi une contraction de 9,6% de son chiffre d'affaires semestriel sur une base organique, à 230,4 M€. Le résultat opérationnel courant sera en baisse sur la période, mais restera nettement bénéficiaire. La société reste prudente sur le second semestre, compte tenu de la mauvaise visibilité actuelle.

Diageo a lancé une procédure d'arbitrage vis-à-vis de son partenaire LVMH, en contestant l'absence de versement d'un dividende 2019 au titre de sa part minoritaire dans la division spiritueux du Français, lequel n'a pas expliqué les raisons de cette absence de rémunération. Au terme des sept premiers mois de l'année, Airbus a engrangé 369 commandes et subi 302 annulations, laissant 7539 appareils dans son carnet de commandes, dont 6125 monocouloirs, pour 245 livraisons 2020. Derichebourg a cédé 51% de sa filiale eau à la Saur et signe un partenariat stratégique dans ce domaine avec l'acquéreur dans l'eau et l'assainissement. Solocal obtient l'arrêté de modification de son plan de sauvegarde financière accélérée et l'homologation de son protocole de conciliation, ce qui va permettre au groupe de mettre en œuvre la suite de son programme de restructuration financière. Amoeba émet une 5e tranche de convertibles dans le cadre du contrat Nice & Green. Le Journal of Heart and Lung Transplantation publie l'expérience du pont vers la transplantation de Carmat. Les Toques Blanches du Monde, Caisse Régionale du Crédit Agricole Brie Picardie, Media 6EURO Ressources ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Publications de résultats :

  • Booking Holdings : sans surprise, le spécialiste des voyages voit ses revenus sombrer de 91% au second trimestre, à 2,3 Mds$. Mais la perte nette de 10,80 USD par action est un peu moins élevée que ce que redoutait la rue. Par conséquent, le titre gagne plus de 3% post-séance.
  • News Corp : le titre perdait un peu de terrain après la clôture, dans le sillage de la publication de résultats trimestriels plus dégradés que prévu.
  • T-Mobile US : revendique 98,3 millions de clients à la fin du premier semestre, ce qui en fait le nouveau numéro deux aux États-Unis devant AT&T. Le chiffre d'affaires du second trimestre a légèrement dépassé les attentes. L'action gagnait 6% post-séance.
  • TripAdvisor : la perte nette a atteint 153 M$ au second trimestre, sur un chiffre d'affaires de 59 M$. La tendance était plutôt positive pour l'action après la clôture.
  • Uber : la société a perdu 1,78 Md$ au deuxième trimestre, sur un chiffre d'affaires en baisse de 29% à 2,24 Mds$. L'action cédait plus de 2% post-séance.

Microsoft veut racheter toutes les activités mondiales de TikTok, selon les informations du Financial Times, et pas seulement les entités américaines, canadiennes, australiennes et néo-zélandaises. Donald Trump, a publié des décrets interdisant, dans 45 jours, toute transaction avec ByteDance, la société chinoise qui possède l'application de partage vidéo TikTok, et Tencent, propriétaire de l'application WeChat. Sony confirme un investissement de 250 M$ dans Epic Games, le créateur de Fortnite, lors d'un tour de table qui valorise la société 17,3 Mds$. AstraZeneca conclut un accord pour faire produire son vaccin Codi-19 en Chine. Le Financial Times a appris que l'investisseur activiste ValueAct est sorti du capital de Rolls-Royce. Twitter va labelliser les comptes gouvernementaux et les médias d'Etat. Intercontinental Exchange, le propriétaire de la bourse de New York, va racheter Ellie Mae, un éditeur de logiciels spécialisé dans les hypothèques, pour 11 Mds$. General Motors dévoile la Cadillac Lyriq, la première tout-électrique de sa marque haut de gamme.

Ça publie. SMC Corporation, Bridgestone, Ventas, Bandai Namco, Leg Immobilien, SES, Ageas

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