Il faut reconnaître que je me suis trompé : il y aura bien une rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping en marge du G20 d'Osaka, la semaine prochaine. Cela ne signifie pas qu'elle aboutira à quelque chose, tant les positions chinoise et américaine sont éloignées. Mais le dialogue a repris et les marchés financiers s'en satisfont. Le Président américain lui-même s'est chargé de le révéler sur Twitter hier, avec son vocabulaire de VRP. Une annonce qui a coïncidé avec le lancement de sa campagne électorale pour l'élection de 2020. C'est un peu le problème avec Donald Trump : il est parfois compliqué de démêler l'intérêt général de son intérêt particulier.
 
Hier en tout cas, c'est au nom des Etats-Unis qu'il a accusé Mario Draghi de concurrence déloyale. Le patron de la Banque centrale européenne a prononcé un discours tellement "dovish" (en faveur d'une politique monétaire encore plus souple) qu'il a fait monter les marchés européens et chuter l'euro. Donald Trump était furieux, ce qui est assez cocasse dans la mesure où c'est exactement la posture qu'il réclame à Jerome Powell, le président de la Fed, depuis des mois. Il faudrait peut-etre échanger les deux banquiers centraux ? Hasard du calendrier, la Réserve Fédérale doit se prononcer ce soir sur ses taux, avec un statu quo en vue, mais un discours probablement tourné vers une baisse des taux à court terme. Le marché parie sur un assouplissement dès la prochaine réunion, le 31 juillet. Hier, une fuite a laissé entendre que la Maison Blanche a demandé à des juristes de plancher, en début d'année, sur une "placardisation" de Powell, que Donald Trump ne juge pas assez malléable. A la veille de la réunion de la Fed, cette rumeur n'est sûrement pas, cette fois, un hasard du calendrier.
 
L'empressement apparent des banques centrales à réagir aux inflexions des marchés financiers pose question. Le discours prononcé hier par Draghi et la position probable de la Fed marquent "un revirement remarquable pour les banques centrales mondiales qui, en moins de six mois, sont passées de la normalisation à de nouvelles perspectives d'assouplissement", constatent les économistes d'ING Carsten Brzeski et Peter Vanden Houte, qui craignent cet "activisme sans précédent". "Seul l'avenir nous dira si cette tentative de garder une longueur d'avance sur la courbe des taux était de la prévoyance ou simplement de la panique", concluent-ils.
 
Le CAC40 gagnait 0,08% à 5514 points peu après l'ouverture.
 
Les temps forts économiques du jour
 
Grosse séance en perspective. Après une batterie d'indicateurs sur l'économie britannique à 10h30 (dont production et inflation) et les chiffres de l'inflation canadienne (14h30), le marché aura droit à un nouveau discours de Mario Draghi, qui aura du mal à aller au-delà de ce qu'il a dit hier. Puis cap sur les Etats-Unis avec les stocks pétroliers hebdomadaires (16h30) puis la décision de la Fed sur ses taux (20h00) et surtout la conférence de presse de son président Jerome Powell (à partir de 20h30).
 
L'euro reste faible à 1,1198 USD, tandis que l'once d'or stagne à 1345 USD. Le baril de pétrole repart en baisse modérée, à 62,14 USD le Brent et 54,01 USD le WTI. Le taux du 10 ans américain est à 2,063%, en légère hausse. Le Bitcoin a reculé hier mais reste sur une pente ascendante : il faut 9167 USD pour s'en procurer un.
 
Les principaux changements de recommandations
 
  • 1&1 Drillisch : Independent Research démarre le suivi à l'achat en visant 34 EUR.
  • ABN Amro : Berenberg passe de vendre à conserver avec un objectif de cours inchangé de 20 EUR.
  • Air France KLM : HSBC passe d'acheter à conserver avec un objectif réduit de 13,5 à9 EUR.
  • ASML : Morgan Stanley démarre le suivi à surpondérer.
  • Bureau Veritas : Oddo BHF reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 24 à 25 EUR.
  • Crédit Suisse : Deutsche Bank reste acheteur avec un objectif ramené de 17 à 15 CHF.
  • Hella : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre avec un objectif de cours réduit de 53 à 44 EUR.
  • ING Groep : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 15 à 14 EUR.
  • Intertek : Oddo BHF passe d'alléger à neutre en visant 5500 GBp.
  • Interroll : UBS reste vendeur mais rehausse de 1330 à 1460 CHF son objectif.
  • Maisons du Monde : Midcap Partners Louis Capital Markets reste acheteur avec un objectif ramené de 31 à 30 EUR.
  • Safran : AlphaValue passe d'alléger à accumuler avec un objectif de cours relevé de 126,60 à 137 EUR.
  • SGS : Oddo BHF passe de neutre à alléger en visant 2450 CHF.
  • STMicroelectronics : Morgan Stanley démarre le suivi à surpondérer avec un objectif de cours de 18 EUR.
  • Ted Baker : HSBC passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 1900 à 900 GBp.
 
L’actualité des sociétés
 
Electricité de France a confirmé que la reprise de certaines soudures de l'EPR de Flamanville devrait entraîner un retard dans la mise en service du réacteur. Dans un autre registre, l'énergéticien a lancé une nouvelle offre d'électricité à prix réduit et avancé d'un an son objectif d'atteindre un million de clients résidentiels en offres de marché en France. Bernard Arnault (LVMH) rejoint Jeff Bezos (Amazon.com) et Bill Gates (Microsoft) dans le club des milliardaires à plus de 100 milliards de dollars dans le classement Bloomberg. Nissan a proposé à Renault la création d'un nouveau comité au sein duquel siégeraient le président et le directeur général du Français, selon Nikkei. En parallèle, le Financial Times révèle que des structures de collaboration entre les deux groupes sont en train d'être démantelées, faute de projets. TechnipFMC a décroché plusieurs contrats Subsea auprès d'Anadarko au Mozambique, dont l'un dépasse le milliard de dollars. Tarkett a présenté ses objectifs 2022. Sodexo a placé un emprunt obligataire de 250 millions de livres à 9 ans à 1,75%. Les actions Sequana seront radiées de la bourse le 19 juin. Vivendi est menacé de privation de droits de vote lors de l'assemblée générale de la nouvelle holding néerlandaise de Mediaset. Euronext a finalisé l'acquisition d'Oslo Børs, avec un taux de détention de 97,8%. Voltalia et STOA entrent en négociation exclusive pour la cession de parts minoritaires dans deux parcs éoliens en construction au Brésil. Crossject signe un accord de distribution en Allemagne. Enertime reçoit des contre-garanties de Bpifrance et renouvelle sa ligne de financement obligataire dilutive. Qwamplify et Téléverbier ont publié leurs comptes.
 
Boeing reçoit une bouffée d'air frais d'International Consolidated Airlines (British Airways, Iberia) au salon du Bourget, avec une commande de 200 B737MAX. CBS Corp préparerait une offre sur Viacom, dévoilée dans les semaines à venir. Siemens suit General Electric en taillant dans les effectifs de sa division Energie, en l'occurrence 2 700 postes en moins, en plus des 10 400 déjà programmés au sein du conglomérat. Bayer demande à la justice américaine d'ignorer la décision du jury qui l'a condamné à verser plus de 2 milliards de dollars dans le dossier Roundup. Le sud-africain Steinhoff a perdu 1,2 milliard d'euros en 2018, en partie à cause du scandale de fraude comptable révélé en 2017. Dish Network serait en pole position pour racheter 6 milliards de dollars d'actifs de Sprint et T-Mobile US en cas de mariage entre les deux opérateurs. Amazon.com renforce sa flotte d'avions-cargos pour faire face à la demande. Les résultats d'Adobe dépassent le consensus. Google prêt à investir 1 milliard de dollars dans l'immobilier californien pour répondre à la crise du manque de logements dans la région de San Francisco.