ANKARA, 17 juin (Reuters) - Le candidat du parti turc pro-kurde HDP (Parti démocratique des peuples) à la présidentielle du 24 juin, Selahattin Demirtas, est apparu pour la première fois à la télévision dimanche depuis son emprisonnement il y a un an et demi pour atteinte à la sécurité.

Selahattin Demirtas, qui est passible d'une peine pouvant aller jusqu'à 142 ans de prison, a été désigné comme candidat début mai par son parti.

Ancien défenseur des droits de l'homme et l'un des politiciens les plus connus du pays, Selahattin Demirtas a dû faire campagne sur les réseaux sociaux depuis sa cellule dans la ville d'Edirne, dans le nord-ouest de la Turquie.

Les procureurs l'accusent, tout comme des centaines d'autres membres du HDP en détention, d'être lié au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation en lutte depuis 1984 pour l'autonomie du Kurdistan turc. Le HDP dément tout lien.

S'exprimant lors d'une allocution de dix minutes enregistrée et diffusée par la chaîne publique TRT, Demirtas a dénoncé les accusations à son encontre.

"La seule raison pour laquelle je suis ici est que l'AKP (le parti de la Justice et du développement, au pouvoir) a peur de moi. Ils trouvent courageux de me menotter et de propager ces accusations de quartier en quartier", a-t-il déclaré.

"Ils violent ouvertement la constitution en me déclarant coupable, alors qu'ils n'ont aucune preuve contre moi, et en essayant d'orienter l'opinion publique en les désinformant", a-t-il ajouté.

Les Turcs sont appelés aux urnes dimanche prochain pour des élections législatives et présidentielle convoquées par le président Recep Tayyip Erdogan avec plus d'un an d'avance sur le calendrier.

Lors des élections de 2015, Selahattin Demirtas avait rallié des suffrages au-delà de la base kurde de son parti et il devrait en être de même lors du premier tour de la présidentielle dimanche. (Tuvan Gumrukcu, Arthur Connan pour le service français)