Ankara (awp/afp) - La Turquie a enregistré une croissance de 11,1% au troisième trimestre en glissement annuel, selon les statistiques officielles publiées lundi, un chiffre supérieur aux prévisions des économistes qui mettent en garde contre un effet dû à une situation exceptionnelle en 2016.

Ce chiffre, publié par l'Office national des statistiques (Tüik), confirme la reprise économique en Turquie qui avait déjà enregistré un taux de croissance inattendu de 5,4% de son produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre, selon les données révisés lundi.

Ces robustes taux de croissance surviennent après un fort ralentissement en 2016 en raison d'une tentative de putsch pendant l'été ainsi que de nombreux attentats meurtriers à travers le pays.

"La Turquie, au troisième trimestre, est devenue le pays à la croissance la plus rapide au monde", s'est réjoui le président turc Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours télévisé lundi. Il a estimé que la Turquie atteindrait une croissance d'au moins 7% pour l'année 2017.

"La Turquie est un pays qui ne déçoit et ne décevra pas ceux qui ont confiance en elle, qui croient en elle, qui y investissent", a-t-il ajouté. "Ceux qui sont avec nous gagneront, ceux qui s'opposent à nous perdront".

Selon les données du Tüik, la croissance est tirée par les secteurs de la construction, qui a augmenté de 18,7%, et des services, qui ont enregistré une progression de 20,7%, par rapport à la même période en 2016.

De plus, les exportations ont augmenté de 17,2% et les importations de 14,5%, ajoute le Tüik.

Les experts mettent néanmoins en garde contre le fait que ce chiffre est particulièrement élevé principalement en raison du point de comparaison avec le troisième trimestre 2016, au cours duquel la croissance turque avait été extrêmement affaiblie.

Cette croissance, "la plus élevée en 6 ans, a été avantagée par la comparaison avec (les chiffres du) troisième trimestre l'année dernière lorsque la production a été perturbée par la tentative de putsch", affirme dans une note William Jackson , économiste à Capital Economics, estimant donc que ce taux très élevé est "temporaire".

Dans une note envoyée à ses clients, la QNB Finansbank a réagi en réévaluant sa prévision de croissance annuelle pour 2017 de 6,3% à 6,8% mais maintient sa prévision pour 2018 à 5%. Capital Economics avance une prévision identique pour 2017 mais prévoit une croissance de 2,5% en 2018.

En dépit de la forte croissance enregistrée, l'économie pourrait pâtir d'une inflation galopante qui a atteint 12,98% en novembre, soit son niveau le plus élevé depuis 2003.

Le ministre de l'Economie Nihat Zeybekci a assuré dans un entretien sur la télévision publique TRT lundi que l'inflation baisserait au premier trimestre 2018.

M. Jackson a estimé que les données de lundi ainsi que l'inflation rendent "certaine" l'augmentation des taux d'intérêt lors de la réunion mensuelle de la banque centrale jeudi.

Mais la marge de manoeuvre de la banque centrale turque semble limitée: le président Erdogan ne cesse de la presser de faire précisément le contraire et de baisser les taux.

afp/al