* Hollande, Merkel et Barroso dînent avec une quinzaine de patrons à Berlin

* Une étape dans la réflexion commune sur la compétitivité en Europe

* Feuille de route commune franco-allemande attendue d'ici juin

PARIS, 17 mars (Reuters) - François Hollande, Angela Merkel et José Manuel Barroso dînent lundi soir à Berlin avec des dirigeants d'entreprises de dimension mondiale consultés pour alimenter la réflexion sur la compétitivité de l'Europe de demain.

La chancelière allemande, le chef de l'Etat français et le président de la Commission européenne rencontrent une quinzaine de membres de l'European round table of industrialists (ERT, table ronde européenne d'industriels), influent club présidé par Leif Johansson, patron du groupe suédois Ericsson.

Quatre thèmes sont au menu : politique de concurrence (groupe de travail présidé par Jacob Wallenberg, patron d'Investor AB), politique énergétique (introduite par Bruno Lafont, président du groupe français Lafarge), flexibilitité du marché du travail (Jim Hagemann Snabe, patron de SAP) et innovation (Peter Löscher, de Siemens).

Cette rencontre est présentée comme "une étape dans un cycle de réflexion" sur la relance de la croissance en Europe initiée lors du Conseil européen de juin 2012 appelée à déboucher sur une feuille de route examinée lors du sommet de juin prochain.

Entre-temps, deux industriels, le Français Jean-Louis Beffa (Saint-Gobain) et l'Allemand Gerhard Cromme (Thyssen-Krupp) doivent remettre fin avril un rapport sur la compétitivité sur lequel auront aussi travaillé des représentants du patronat des deux côtés du Rhin.

Paris espère que cette démarche franco-allemande débouchera sur "des recommandations les plus concrètes possibles" à l'image de celles du rapport de Louis Gallois sur lequel le gouvernement a fondé le Pacte de compétitivité présenté à l'automne dernier.

"Derrière le rapport Cromme-Beffa qui va essayer de condenser tous les éléments, c'est un pari qu'on fait de trouver une feuille de route commune et de la proposer de manière commune aux partenaires européens", souligne-t-on à Paris.

REDONNER UNE PERSPECTIVE À L'UNION

Première du genre dans cette configuration, le dîner de Berlin donnera l'occasion aux membres de l'European round table, déjà reçus par François Hollande le 11 janvier, "de proposer des amendements, des compléments aux politiques européennes nécessaires à la croissance dans l'Union", explique un conseiller du président français.

Puissants acteurs de l'économie européenne, les entreprises de la cinquantaine de patrons membres de l'ERT emploient plus de 6,6 millions de salariés et réalisent un chiffre d'affaires cumulé de plus de mille milliards d'euros.

"L'avenir de la zone européenne, ça ne peut pas être d'être de plus en plus compétitive avec de moins en moins de règles, comme certains voudraient le laisser croire", souligne-t-on à l'Elysée.

"L'objectif de tout ça, c'est de redonner une perspective à cette Union européenne, à cette zone euro, d'en faire une zone désendettée, compétitive, mais aussi plus homogène, plus convergente", ajoute-t-on, rappelant la règle des "trois sérieux" : budgétaire, social et économique.

Paris dit ne pas craindre que ce rendez-vous soit l'occasion pour les Allemands, qui se posent en modèle pour l'Europe en matière de gestion budgétaire, de rappeler aux Français leurs manquements en la matière, comme cela a été débattu lors du conseil européen de la fin de la semaine dernière. (Voir )

"Ne croyez pas que ce dîner va être une espèce d'instruction à charge voulu par la chancelière afin d'utiliser 15 chefs d'entreprises pour dire 'la France n'est pas bonne, regardez le modèle allemand. Pas du tout", assure-t-on dans l'entourage de François Hollande.

"L'idée est d'avoir un échange avec des entreprises qui opèrent dans le monde entier pour comprendre où sont les avantages et les désavantages en Europe et voir comment le couple franco-allemand peut agir". (Elizabeth Pineau, édité par Yann le Guernigou)