par Luc Cohen et Anthony Boadle

BUENOS AIRES, 20 mars (Reuters) - D'importants obstacles demeurent à la conclusion d'un accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur, ont déclaré des responsables européens, même si leurs homologues latino-américains se montrent plus optimistes.

En marge de la réunion des ministres des Finances et des banquiers centraux du G20 lundi et mardi à Buenos Aires, un responsable du ministère argentin des Finances a déclaré que les discussions aboutiraient d'ici la fin du premier semestre 2018.

L'objectif initial était de parvenir à un accord en décembre dernier mais l'horizon a sans cesse été repoussé en raison notamment des délais réclamés par certains pays européens.

"Il reste très peu de points en suspens", a dit ce responsable, ajoutant que le ministre argentin des Finances, Nicolas Dujovne, rencontrerait ce mardi son homologue français Bruno Le Maire.

Les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) veulent pouvoir exporter davantage de boeuf vers l'UE, une source d'inquiétudes dans des pays d'élevage comme la France et l'Irlande. Bruno Le Maire a déclaré que les agriculteurs européens craignaient d'être soumis à une concurrence inéquitable.

Le ministre français a déclaré à la presse que les négociations étaient pour l'instant bloquées. Il a jugé impossible d'expliquer à un producteur soumis à des règles très contraignantes en France, en Allemagne, en Espagne ou en Italie que l'UE allait importer exactement les mêmes biens que les siens mais produits de manière différente sur un autre continent.

Un diplomate européen a déclaré que les réticences des pays du Mercosur face aux demandes européennes en matière d'ouverture de leurs marchés automobiles et de respect d'indications géographiques protégées constituaient aussi des points d'achoppement dans les discussions.

L'UE réclame aussi un meilleur accès pour ses entreprises aux appels d'offres pour les marchés publics dans les pays du Mercosur.

"C'est surtout cela que je reproche au Mercosur parce qu'ils consacrent toute leur énergie à se plaindre d'un manque d'ambition, tout ça pour découvrir qu'ils n'ont pas clarifié leur position vis-à-vis de leurs propres producteurs", a dit ce diplomate européen, pour qui le problème "n'est pas le boeuf".

Un responsable du ministère brésilien des Affaires étrangères a contesté la présentation faite par Bruno Le Maire de négociations bloquées en soulignant que la France n'était pas partie prenante aux négociations, conduites pour l'UE par la Commission européenne.

Le ministre espagnol de l'Economie, Roman Escolano, a lui aussi émis un avis différent de celui de Bruno Le Maire en jugeant que les discussions se dirigeaient vers une conclusion dans les "prochaines semaines ou prochains mois".

"Il y a un consensus croissant sur le fait que les difficultés récentes peuvent être surmontées et que nous pouvons parvenir à un accord", a-t-il dit à la presse. (Avec Francesco Canepa à Buenos Aires et Philip Blenkinsop à Bruxelles Bertrand Boucey pour le service français)