par Harriet McLeod

NORTH CHARLESTON, Caroline du Sud., 23 août (Reuters) - B ernie Sanders, qui est pour l'heure le principal rival d'Hillary Clinton dans la primaire démocrate aux Etats-Unis, s'est employé samedi à séduire l'électorat noir, peu réceptif à son message marqué à gauche.

Le sénateur du Vermont, qui veut élargir la couverture maladie, augmenter le salaire minimum, taxer davantage les plus hauts revenus et rendre les universités plus accessibles, effectuait son premier déplacement en Caroline du Sud depuis qu'il s'est lancé fin avril dans la longue course en vue de l'élection présidentielle de novembre 2016.

Initialement prévu en juin, il l'avait repoussé à la suite du massacre survenu à l'Emanuel African Methodist Episcopal Church, une église historique de la communauté noire de Charleston où neuf Afro-Américains ont été assassinés par balles par un jeune suprémaciste blanc.

A 73 ans, le sénateur indépendant qui n'hésite pas à se dire "socialiste démocrate" a marqué des points cet été dans les intentions de vote. Profitant des ennuis d'Hillary Clinton, dont la cote est entamée par l'affaire des courriels envoyés depuis sa messagerie privée lorsqu'elle dirigeait la diplomatie américaine sous le premier mandat d'Obama (2009-2013), Sanders a bondi de dix points en août, à 29% selon un sondage ORC-CNN publié mercredi.

Dans le même temps, Hillary Clinton a perdu neuf points, à 47% des intentions de vote auprès des électeurs démocrates. (voir )

Mais la progression de Sanders, qui a obtenu le soutien du syndicat des infirmières NNU, se heurte à ses mauvais scores auprès des minorités.

"L'électeur type de Bernie Sanders est plutôt un blanc marqué à gauche, conduisant une Volvo et financièrement à l'aise", notait dans le New York Times le politologue Paul Maslin. "Je ne vois pas comment Bernie pourrait ravir à Hillary Clinton un grand nombre d'électeurs noirs dont il a pourtant besoin s'il veut avoir une chance d'être investi."

EN FINIR AVEC LE "RACISME INSTITUTIONNEL"

Invoquant les noms de Michael Brown, Eric Garner, Freddie Gray et Walter Scott, quatre hommes noirs tués en un peu plus d'un an par des policiers blancs alors qu'ils n'étaient pas armés, Bernie Sanders s'est engagé samedi soir à "mettre fin au racisme institutionnel et à transformer et changer un système judiciaire qui ne fonctionne pas".

"Quand un agent de police enfreint la loi, il doit être tenu responsable", a-t-il dit sous les acclamations des quelque 3.000 personnes venues l'écouter. "Il nous faut de nouvelles règles sur l'usage de la force", a-t-il poursuivi.

Le sénateur a aussi fait allusion au massacre de Charleston, le 17 juin, commis par un jeune suprémaciste blanc, Dylann Roof, et élargi le débat: "Je ne parle pas simplement d'un individu qui se mêle à un séminaire d'étude de la Bible, prie avec les gens de ce groupe puis sort une arme et tue neuf personnes, je parle de ces centaines de groupes de la haine qui existent aujourd'hui dans notre pays et dont la seule fonction est de fomenter la haine des Afro-Américains, des homosexuels, des immigrants, des juifs."

Son équipe de campagne a reçu de son côté les représentants locaux du Black Lives Matter (La vie des noirs compte). Ce mouvement a pris forme au cours de l'année écoulée, canalisant la colère provoquée par la mort d'Afro-Américains tués par des policiers blancs et par l'absence de poursuites judiciaires contre ces derniers.

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Les candidats à la primaire démocrate:

(Henri-Pierre André pour le service français)