WASHINGTON, 14 novembre (Reuters) - Des dizaines de milliers de partisans de Donald Trump se sont rassemblés samedi à Washington afin de protester contre de présumées fraudes électorales évoquées de façon infondée par le président américain, qui mène une bataille juridique pour contester la victoire de Joe Biden lors du scrutin présidentiel.

Les recours en justice de Donald Trump ont fait peu de progrès et le président a semblé pour la première fois vendredi admettre la victoire de son rival démocrate.

Malgré tout, des partisans de Donald Trump, s'exclamant "Cessez le vol!" et "Nous sommes les champions", se sont réunis samedi sur la Freedom Plaza, près de la Maison blanche, avant de se rendre à la Cour suprême des Etats-Unis, dans le quartier du Capitol Hill.

Des dizaines de membres du groupe des "Proud Boys", vêtus de noirs et dont certains portaient des casques et des gilets pare-balles, figuraient parmi les manifestants.

Des contre-manifestations étaient prévues mais aucun incident majeur n'a été signalé et Reuters n'a été témoin que d'une seule échauffourée.

Un cortège véhiculant Donald Trump est brièvement passé devant les manifestants réunis à Washington alors que le président américain se rendait à son terrain de golf à Sterling, en Virginie. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré Donald Trump, portant une casquette rouge, en train de saluer les manifestants depuis sa limousine.

Les supporters du président ont scandé "USA!" et "Quatre ans de plus!" à son passage.

Présent près de la Freedom Plaza avec son chien Zena, Mike Seneca a exprimé son soutien à Donald Trump et repris les allégations du président selon lesquelles les bulletins de vote par correspondance favorisant Joe Biden étaient frauduleux.

"Il est difficile de croire qu'il n'aurait pas gagné", a-t-il dit.

Donald Tarca Jr., arrivé à Washington depuis West Palm Beach en Floride, tenait un énorme drapeau américain arborant un portrait géant de Donald Trump.

"Je pense qu'elle était truqué sur plusieurs fronts", a-t-il déclaré à propos de l'élection. "Les médias ont également été tellement partiaux qu'ils ont convaincu des millions d'Américains de voter pour Biden. Ils détestent Trump."

TRANSITION OFFICIELLE BLOQUÉE

Des dizaines de manifestants anti-Trump ont brièvement fait face à des centaines de partisans du président républicain lors d'un affrontement près de la Cour suprême, les deux groupes étant séparés par des barricades et une ligne de policiers dotés d'équipements anti-émeute.

"Des centaines de milliers de personnes manifestent leur soutien à Washington. Ils ne défendront pas une élection truquée et corrompue !", a écrit Donald Trump sur Twitter.

La police n'a pas donné de chiffre officiel concernant le nombre de manifestants présents mais des témoins ont déclaré que ce nombre était bien inférieur à l'estimation du président.

Selon les dernières projections de l'institut Edison Research, Joe Biden a remporté l'élection du 3 novembre avec 306 grands électeurs contre 232 à son adversaire républicain. Soit le nombre exact de voix que Donald Trump avait remporté en 2016 face à Hillary Clinton dans la course à la Maison blanche.

Les États ont jusqu'au 8 décembre pour choisir les électeurs du Collège électoral, qui désignera officiellement le nouveau président le 14 décembre.

Le refus de Donald Trump d'accepter la défaite a bloqué la transition officielle. Les services généraux de l'administration américaine (GSA), qui débloquent des fonds pour le nouveau président élu, n'ont pas encore reconnu la victoire de Joe Biden, qui n'a donc pas accès aux locaux et aux ressources du gouvernement fédéral.

Joe Biden, qui doit se réunir samedi avec ses conseillers au sujet de la transition dans son État natal du Delaware, a néanmoins poursuivi le processus en se préparant notamment à pourvoir les postes au sein de son administration.

Samedi, lors d'une promenade à vélo, un journaliste a demandé à Joe Biden s'il était proche d'une décision quant à la formation de son cabinet. Le président élu a répondu "Oui", sans s'arrêter.

(Jonathan Landay, avec David Morgan, Steve Holland, Ned Parker, Kristina Cooke, John Whitesides, Ted Hesson et Simon Lewis; Blandine Hénault pour la version française)