par David Brunnstrom et Humeyra Pamuk

WASHINGTON, 19 janvier (Reuters) - La candidat de Joe Biden pour le poste de secrétaire d'Etat américain a estimé mardi que Donald Trump avait eu raison d'adopter une approche plus sévère à l'égard de la Chine, sans pour autant valider toutes les méthodes du président sortant.

Antony Blinken a également approuvé la position de l'administration sortante sur le Xinjiang, où Washington accuse Pékin de commettre un génocide contre les Ouïghours.

Lors de son audition de confirmation devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères, le candidat désigné au poste de chef de la diplomatie américaine a déclaré que la Chine représentait "sans nul doute" le plus grand défi auquel les Etats-Unis étaient confrontés. Il a ajouté qu'il existait des bases très solides pour une politique bipartisane unissant démocrates et républicains face à Pékin.

Prié de dire s'il était d'accord avec les déclarations du secrétaire d'Etat sortant, Mike Pompeo, qui a accusé mardi la Chine de commettre un génocide contre les minorités musulmanes du Xinjiang, Antony Blinken a ajouté : "Ce serait ma position, à moi aussi."

"Je pense que nous sommes tous d'accord", a-t-il expliqué. "Le placement forcé d'hommes, de femmes et d'enfants dans des camps de concentration pour tenter de les rééduquer afin qu'ils adhèrent à l'idéologie du Parti communiste, tout cela est assimilable à une tentative de commettre un génocide."

La Chine nie les accusations d'abus contre les Ouïghours.

Interrogé sur ce qu'il ferait pendant ses trente premiers jours à la tête de la diplomatie américaine, Antony Blinken a indiqué qu'il regarderait les moyens de garantir que les Etats-Unis n'importent pas des produits résultant du travail forcé au Xinjiang. "Nous devons aussi nous assurer que nous n'exportons pas de technologies et d'outils qui pourraient être employés à consolider leur répression", a-t-il poursuivi.

Blinken a ajouté que la future administration de Joe Biden, qui prêtera serment mercredi midi (17h00 GMT) en tant que 46e président des Etats-Unis, continuerait de s'assurer que Taïwan, que Pékin considère comme une province sécessionniste, dispose de la capacité de se défendre contre toute agression.

Il a ajouté qu'il aimerait voir Taïwan jouer un plus grand rôle sur la scène mondiale, se prononçant pour l'intégration de l'île dans les instances internationales qui ne nécessitent pas de posséder le statut de pays.

La Chine, a ajouté le candidat au poste de secrétaire d'Etat, a cessé de "cacher son jeu", en particulier depuis ces dernières années et l'ascension du président Xi Jinping.

"La Chine est beaucoup plus sûre d'elle pour affirmer qu'elle cherche à devenir la première puissance mondiale, le pays qui fixe les normes, les standards et le modèle qu'elle espère voir adopter par les autres pays et les autres peuples", a-t-il dit.

"Nous devons démontrer que notre vision, notre politique et la façon de la mettre en oeuvre, est beaucoup plus efficace pour obtenir des résultats pour notre peuple, ainsi que pour les peuples du monde entier", a poursuivi Antony Blinken. (Avec Patricia Zengerle et Michael Martina; version française Jean-Stéphane Brosse)