(Actualisé avec précisions)

par Alexander Besant

NEW YORK/LOS ANGELES, 14 novembre (Reuters) - Des manifestations ont eu lieu dimanche dans des grandes villes des Etats-Unis pour la cinquième journée consécutive, contre l'élection du républicain Donald Trump à la présidence.

Après plusieurs nuits de manifestations, des foules ont à nouveau défilé à New York, à Los Angeles, à San Francisco et à Oakland, en Californie.

A Manhattan, plusieurs milliers de personnes sont parties d'une propriété du groupe Trump au sud de Central Park, pour rejoindre la résidence du milliardaire, la Trump Tower, à moins de deux kilomètres de là.

Les manifestants chantaient "Dites le fort, dites-le clairement, les immigrants sont les bienvenus ici", et portaient des pancartes indiquant notamment "Silence des blancs = violence", ou "Ne vous lamentez pas, organisez".

A Los Angeles, plusieurs milliers de personnes se sont retrouvées sous les palmiers du parc MacArthur avant de prendre le chemin du centre. "Dump Trump" ("Ejectez Trump") et "Minorities Matter" ("Les minorités, ça compte") pouvait-on lire sur certaines pancartes.

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans les villes depuis la victoire de Donald Trump mardi, dans une élection où le vote populaire a toutefois été remporté par Hillary Clinton (60,3 millions contre 60,8 millions).

Les manifestations ont été largement pacifiques. A Portland cependant, la police a fait état d'"émeutes", de policiers blessés et de 71 arrestations samedi soir. Les manifestants ont lancé des pétards et des bouteilles en direction des forces de l'ordre et refusé de se disperser.

FAIRE DES VAGUES

Les organisateurs dénoncent les mesures promises par le président élu pour limiter l'immigration et stigmatiser les musulmans. Ils rappellent aussi les accusations d'agressions sexuelles dont fait l'objet le magnat de l'immobilier.

A San Francisco, environ 1.000 personnes ont traversé le Golden Gate Park pour rejoindre la plage d'Ocean Beach, où ils ont chanté: "Faisons des vagues". Les manifestants portaient des pancartes "Je résiste au racisme" ou "En finir avec les Trump".

De l'autre côté de la baie de San Francisco, à Oakland, plusieurs milliers de manifestants se sont réunis dans une atmosphère bon enfant autour du Lake Merritt, dans un parc de la ville.

Des associations de défense des droits civils ont alerté sur des incidents visant des musulmans et des immigrants aux Etats-Unis depuis la victoire du candidat républicain, citant des agressions sur des femmes voilées, des graffitis racistes ainsi que l'intimidation d'enfants d'immigrés.

Donald Trump, invité par ces associations à réagir, s'est dit "très attristé" d'apprendre que certains de ses partisans s'étaient rendus coupables de violences à l'égard de minorités, dans sa première interview en tant que président élu, diffusée dimanche sur CBS.

"CET HOMME EST NOTRE PRÉSIDENT"

La directrice de campagne de Donald Trump, Kellyanne Conway, a déclaré dimanche sur Fox News être certaine que nombre de manifestants étaient payés pour défiler, sans apporter de preuve de son assertion.

A l'antenne de la chaîne NBC, elle a jugé que les manifestants anti-Trump bénéficiaient d'un traitement de faveur par rapport à la répression qu'auraient connu les partisans de Trump dans le cas contraire.

"Il est vraiment temps pour le président Obama et la Secrétaire Clinton de dire à ces manifestants: 'Cet homme est notre président", a-t-elle déclaré.

Le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan a rappelé dimanche sur CNN que les manifestants étaient protégés par le Premier amendement de la Constitution tant qu'ils restaient pacifiques.

Barack Obama, partisan d'une transition en douceur, a souhaité des succès à son successeur tandis que la candidate démocrate a appelé à le laisser faire ses preuves.

Donald Trump s'est plaint dimanche sur son compte Twitter de la couverture que lui a réservé jusqu'à présent le New York Times, la jugeant "très médiocre et très inexacte".

"Le @nytimes a adressé à ses abonnés une lettre s'excusant pour sa MAUVAISE couverture à mon égard. Je me demande s'ils changeront, mais j'en doute!", a écrit Trump sur Twitter.

Le journal publie dans ses éditions de dimanche une lettre de deux de ses dirigeants, Arthur Sulzberger et Dean Baquet, qui, sans s'excuser, remercient les lecteurs pour leur fidélité et se demandent comment les entreprises de presse ont sous-estimé le soutien à Donald Trump.

(Avec Jane Ross à Los Angeles et Brendan O'Brien à Milwaukee; Danielle Rouquié, Eric Faye et Julie Carriat pour le service français)