(Actualisé avec précisions)

par Melissa Fares

WEST PALM BEACH, 23 décembre (Reuters) - Donald Trump, prié de clarifier ses propos après avoir appelé son pays à développer son potentiel nucléaire, a plutôt opacifié sa position vendredi, après avoir semble-t-il fait l'éloge d'une course aux armements alors que son porte-parole tenait des propos contraires.

Le prochain président des Etats-Unis, qui doit prendre ses fonctions le 20 janvier, a suscité l'inquiétude jeudi en expliquant sur Twitter que les Etats-Unis devaient "fortement renforcer et développer leur capacité nucléaire jusqu'au moment où le monde reviendra à la raison en ce qui concerne les armes nucléaires".

L'homme d'affaires républicain a eu ensuite une conversation téléphonique à ce sujet vendredi avec une journaliste américaine de la chaîne de télévision MSNBC. Selon celle-ci, Donald Trump lui a dit : "Faisons une course aux armements ! Nous les surclasserons à chaque passe et nous leur survivrons." Ces commentaires n'ont pas été diffusés sur MSNBC.

Les déclarations de jeudi ayant suscité la perplexité, le porte-parole de Donald Trump, Sean Spicer, est intervenu sur plusieurs chaînes de télévision. Il a expliqué que Donald Trump voulait envoyer un message général aux pays comme la Russie et la Chine plutôt que de faire savoir que les Etats-Unis avaient l'intention de renforcer leur potentiel nucléaire.

"Il fera ce qu'il faut pour protéger le pays et si un autre pays ou d'autres pays veulent menacer notre sécurité et notre souveraineté, il fera ce qu'il faut", a déclaré Spicer sur CNN.

"Si un autre pays développe ses (capacités nucléaires), les Etats-Unis agiront en conséquence (...). Mais je pense vraiment que cela ne se produira pas parce que je pense qu'ils ont vu, à l'intérieur et à l'international, que c'est un homme d'action", a déclaré le porte-parole.

"RELATIONS CONSTRUCTIVES"

Les propos prononcés par le milliardaire jeudi ont fait suite à des déclarations du président Vladimir Poutine sur la nécessité de développer l'arsenal nucléaire de la Russie.

"Nous devons renforcer le potentiel militaire des forces nucléaires stratégiques, notamment par des systèmes de missiles capables de pénétrer de façon fiable dans tous les systèmes antimissile existants et à venir", a déclaré le président russe lors d'un discours à Moscou.

Vendredi, lors de sa conférence de presse annuelle, le maître du Kremlin a dit vouloir avoir des "relations constructives" avec son futur homologue américain, qui entrera à la Maison blanche le 20 janvier.

Il a rappelé que Donald Trump avait déjà parlé de renforcer l'arsenal nucléaire des Etats-Unis lors de la campagne pour l'élection présidentielle du 8 novembre.

"Il n'y a là rien d'inhabituel", a déclaré Vladimir Poutine. "Honnêtement, je suis un peu surpris par les mots de certains autres représentants officiels de l'actuelle administration qui ont, pour certaines raisons, entrepris de prouver que les forces armées des Etats-Unis sont les plus puissantes du monde. Personne ne le conteste."

"Si quelqu'un déclenche une course aux armements, ce ne sera pas nous (...) Nous ne dépenserons jamais des ressources dans une course aux armements dont nous n'avons pas les moyens".

Dans ce qui ressemble à une tentative de calmer l'inquiétude suscitée par ses propos, Donald Trump a déclaré dans un communiqué vendredi avoir reçu "une lettre très gentille" de Vladimir Poutine ce mois-ci, qui appelait à un renforcement des relations entre les deux pays.

Une course nucléaire aux armements est à l'opposé de ce qui se passe aux Etats-Unis depuis plusieurs décennies, où, depuis la présidence du Républicain Ronald Reagan, la tendance est à la réduction des armes nucléaires.

Après le tweet de Trump jeudi, certains se sont demandés si le futur président menaçait d'abroger le traité New START de 2011, qui limite le déploiement des ogives ou s'il voulait commencer à déployer de nouvelles têtes nucléaires.

La Russie, qui est elle aussi limitée par les traités, est en phase de modernisation de son programme, mais n'a pas prévu de développer ses stocks d'ogives.

Les trois piliers de l'armement nucléaire américain, à avoir les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins, les bombardiers stratégiques et les missiles balistiques intercontinentaux, devraient arriver en fin de vie au cours de la prochaine décennie.

L'entretien et la modernisation de l'arsenal devrait coûter environ 1.000 milliards de dollars (près de 960 milliards d'euros) sur trente ans, selon des estimations indépendantes. (Eric Walsh, avec Susan Heavey et Dan Burns et la rédaction de Moscou, Danielle Rouquié pour le service français, édité par Gilles Trequesser)