WASHINGTON, 17 décembre (Reuters) - Les opérations d'ingérence russe menées sur les réseaux sociaux pendant l'élection présidentielle de 2016 aux Etats-Unis ont été bien plus importantes qu'on ne le pensait jusqu'à présent, avec des campagnes visant notamment à diviser les Américains sur des bases raciales ou politiques, selon deux rapports d'experts rendus publics lundi par des sénateurs.

L'Agence de recherche sur internet, une entité gouvernementale russe basée à Saint-Pétersbourg, a orchestré une vaste campagne d'influence aux Etats-Unis, notamment grâce à l'achat de publicités sur Facebook, soulignent les rapports rédigés par des experts privés des réseaux sociaux, l'un de la société New Knowledge et l'autre d'une équipe de l'Université d'Oxford et de la société d'analyse Graphika.

Ces conclusions rejoignent celles des agences de renseignement américaines mais décrivent de manière beaucoup plus détaillée les activités menées par la Russie à l'époque et encore aujourd'hui.

La "ferme à trolls" russe a par exemple encouragé des "mouvements sécessionnistes" au Texas et en Californie, relève le rapport de New Knowledge.

"Ces nouvelles données montrent avec quelle agressivité la Russie a cherché à diviser les Américains sur la base de la race, de la religion et de l'idéologie", commente le sénateur républicain Richard Burr, président de la commission du renseignement du Sénat, dans un communiqué.

L'agence russe s'est particulièrement évertuée à saper la confiance des Américains dans les institutions démocratiques, ajoute-t-il.

Le rapport Oxford/Graphika pointe du doigt la diffusion d'informations "sensationnalistes, complotistes et d'autres formes d'infox et de désinformation à destination des électeurs de tous bords".

Il relève que des trolls russes ont incité les Afro-Américains, très majoritairement favorables à Hillary Clinton, à boycotter l'élection ou à suivre des procédures de vote erronées, tout en tentant d'organiser des manifestations de soutien de musulmans à la candidate démocrate et en appelant dans le même temps les électeurs d'extrême droite à leur tenir tête.

Cette activité s'est poursuivie depuis l'élection de Donald Trump mais en ciblant plus spécifiquement les Américains d'origine mexicaine et autres électeurs hispaniques qu'ils incitent à ne plus faire confiance aux institutions américaines.

Selon le rapport Oxford/Graphika, des pirates informatiques russes ont pris pour cible les sénateurs républicains Ted Cruz, Marco Rubio, Lindsey Graham et feu John McCain, tous anciens rivaux de Donald Trump pendant la primaire, ou détracteurs du président américain depuis son élection, ainsi que l'ancien chef du FBI James Comey, le procureur spécial Robert Mueller et le fondateur de WikiLeaks Julian Assange.

(Mark Hosenball Tangi Salaün pour le service français)