WASHINGTON, 13 novembre (Reuters) - Deux diplomates américains ayant fait part de leur inquiétude sur la position adoptée par Donald Trump dans ses échanges avec l'Ukraine vont être entendus par le Congrès mercredi lors des premières auditions télévisées menées dans le cadre de l'enquête pour destitution visant le président républicain.

Les commissions de la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates, ont publié ce mois-ci les retranscriptions d'auditions effectuées à huis clos en octobre dans le cadre de cette procédure de destitution ("impeachment").

D'après l'un des documents, William Taylor a déclaré le mois dernier devant les parlementaires que Donald Trump a conditionné le déblocage d'une aide financière à l'Ukraine à l'ouverture par Kiev d'une enquête sur la compagnie énergétique ukrainienne Burisma dans le but de nuire à Joe Biden, favori de la course à l'investiture démocrate que Trump pourrait donc affronter lors de l'élection présidentielle de novembre 2020.

Le chargé d'affaires de l'ambassade des Etats-Unis en Ukraine doit de nouveau témoigner mercredi, cette fois lors d'une audition télévisée, devant la commission du Renseignement de la Chambre des représentants - l'une des trois commissions menant l'enquête.

Un autre diplomate ayant travaillé en Ukraine, George Kent, doit lui aussi être entendu.

Les auditions publiques se poursuivront en fin de semaine et la semaine prochaine, ont fait savoir les parlementaires.

Marie Yovanovitch, qui a été subitement limogée en mai dernier de son poste d'ambassadrice en Ukraine, doit elle être entendue vendredi. Elle a déjà été interrogée à huis clos par les parlementaires dans le cadre de la procédure.

Selon la retranscription du témoignage effectué à huis clos le mois dernier par William Taylor, ceui-ci a souligné que l'idée de bloquer une aide militaire au profit d'une campagne politique domestique était selon lui une "folie".

Ce témoignage alimente la thèse des démocrates selon laquelle Donald Trump a demandé une contrepartie à Kiev pour les 391 millions de dollars d'aide destinés à faire face aux séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine - une aide provisoirement suspendue par le président républicain après qu'elle fut approuvée par le Congrès.

La Chambre des représentants a donné son feu vert le 31 octobre à la poursuite de la procédure de destitution contre Donald Trump, en définissant les règles des auditions publiques à venir au Congrès, cherchant ainsi à neutraliser l'argument invoqué par les républicains selon lesquels la procédure était illégitime sans vote en séance plénière à la Chambre.

Un haut représentant de l'administration américaine a dit le mois dernier que la Maison blanche avait débuté une enquête interne sur les événements entourant l'entretien téléphonique du 25 juillet dernier entre Donald Trump et son homologue ukrainien Volodimir Zelenski qui a provoqué le déclenchement de l'enquête.

Un membre des services du renseignement américain a lancé l'alerte sur cette conversation téléphonique, soupçonnant le président américain d'avoir fait pression sur Kiev pour servir ses propres intérêts politiques. (Patricia Zengerle et Jonathan Landay; Jean Terzian pour le service français)