PARIS (Reuters) - Le nouveau plan de soutien à l'économie américaine que s'apprête à dévoiler Joe Biden devrait être bien accueilli par la Réserve fédérale mais il pourrait à terme lui poser des problèmes, dit-on chez Axa Investment Managers.

Le président élu doit présenter jeudi les contours d'un nouveau plan de relance qui se chiffrera selon lui en milliers de milliards de dollars et dont l'adoption ne fait guère de doute, les démocrates contrôlant désormais les deux chambres du Congrès.

Le président de la Fed, Jerome Powell, ayant appelé de ses voeux un effort budgétaire supplémentaire, il devrait s'en réjouir, les conditions économiques étant appelées à se dégrader davantage au vu de l'évolution de la situation sanitaire, écrit Gilles Moëc, chef économiste de la branche de gestion d'actifs de l'assureur français, dans une note publiée lundi.

La Fed pourrait cependant être confrontée ensuite à un casse-tête si le nouveau plan parvenait à effacer totalement les dégâts causés par la "deuxième vague" de la pandémie ajoute-t-il.

La banque centrale a en effet promis de demeurer extrêmement accommodante tant que l'environnement économique restera dégradée mais elle pourrait changer son fusil d'épaule pour accompagner un éventuel rebond, argumente-t-il.

Rien n'indique ainsi qu'elle augmenterait le rythme de ses achats d'actifs à un moment où l'offre d'emprunts d'Etat américains s'intensifierait, selon l'économiste.

"Nous nous attendons à voir la pression des marchés sur la Fed culminer au moment où l''immunité collective' sera enfin atteinte, permettant un rebond économique spectaculaire, bien que transitoire", écrit Gilles Moëc.

Si les mesures budgétaires déjà votées et celles en préparation ne parvenaient pas à amortir totalement le choc de la "deuxième vague", la Fed aurait la possibilité d'assouplir encore sa politique, poursuit-il.

"Toutefois, si le soutien accru absorbait totalement les dégâts économiques de la pandémie, en sachant qu'il sera probablement déployé à plein au moment où l'économie se normalisera grâce à l'immunité collective, il est difficile de voir comment la Fed pourrait alors rendre sa politique encore plus accommodante", lit-on dans la note.

(Patrick Vignal, édité par Marc Angrand)