(Avec communiqué du Nasdaq OMX sur l'origine du problème §1, 4-5)

par Chuck Mikolajczak et Rodrigo Campos

NEW YORK, 23 août (Reuters) - L'ensemble des transactions sur plus de 3.000 valeurs boursières américaines cotées sur le Nasdaq, parmi lesquelles figurent des géants comme Microsoft, Apple ou Google, ont été arrêtées pendant plus de trois heures jeudi en raison d'un problème de "connectivité", selon l'opérateur du Nasdaq.

Interrompues brutalement à 12h14, heure de New York (16h14 GMT), les transactions n'ont repris très progressivement et la cotation des indices du Nasdaq n'a recommencé qu'à 15h25. Il s'agit de la plus longue interruption des cotations recensée à ce jour.

Malgré cette panne spectaculaire, l'indice Nasdaq Composite a terminé la journée en hausse de 1,08% et le Nasdaq 100 a progressé de 0,99%. Mais l'action de Nasdaq OMX Group , l'opérateur du deuxième marché d'actions américain par les volumes de transactions, a perdu 3,42%.

Le groupe a mis en cause dans un communiqué diffusé tard jeudi soir un problème de connectivité entre un acteur du marché et le Securities Information Processor (SIP), le système chargé de collecter les offres d'achat et de vente, de les traiter et de transmettre en temps réel un flux des meilleures offres de prix.

Ce problème "a conduit à la détérioration de la capacité du SIP à transmettre des ordres et des cours consolidés", a dit Nasdaq OMX, ajoutant que l'origine du problème a été identifiée et corrigée.

L'opérateur du deuxième marché boursier américain avait dans un premier temps évoqué un problème de diffusion des cours pour expliquer l'interruption des transactions.

Une source proche du dossier avait parlé de son côté de "problème de flux de données".

Les opérateurs boursiers concurrents ont rapidement interrompu les transactions sur l'ensemble des valeurs du Nasdaq, à la demande de celui-ci. Les transactions sur options ont elles aussi été arrêtées.

L'interruption totale des cotations signifie concrètement que les investisseurs ne disposaient plus que d'un accès très limité au marché pour réaliser des transactions sur les quelque 3.200 valeurs dont le Nasdaq est l'unique ou la principale place de cotation.

"Toutes les sociétés de courtage font du chiffre d'affaires en exécutant des ordres", explique Sal Arnuk, co-responsable du trading actions chez Themis. "Alors oui, c'est frustrant, et cela nous pénalise, cela pénalise le marché et cela nuit à la confiance du public."

LA SEC, LE TRÉSOR ET OBAMA INFORMÉS

La Securities and Exchange Commission (SEC), l'autorité des marchés financiers aux Etats-Unis, a dit surveiller l'évolution de la situation et être en contact avec les opérateurs boursiers.

Le secrétaire au Trésor, Jack Lew, a été informé de la situation, tout comme le président Barack Obama.

Les Bourses américaines ont connu plusieurs incidents techniques de grande ampleur ces dernières années, parmi lesquels le "flash krach" de 2010, durant lequel l'indice Dow Jones avait chuté de plusieurs centaines de points en quelques minutes.

La réputation du Nasdaq a aussi été ternie par les erreurs lors de l'introduction en Bourse de Facebook l'an dernier ou l'erreur de trading désastreuse du fonds Knight Capital.

Pour James Angel, professeur de finance à l'université de Georgetown et administrateur de la plate-forme de transactions Direct Edge, le Nasdaq a eu la bonne réaction en assurant une reprise ordonnée des transactions.

"On peut vivre avec un marché fermé pendant un petit moment, mais on ne peut pas vivre avec de mauvais prix", explique-t-il. "Il est de loin préférable de fermer le marché et de prendre le temps de le rouvrir que d'assister à ce qui s'est passé lors de l'incident Facebook. (...) Ils semblent avoir retenu la leçon."

Le jour de l'entrée en Bourse de Facebook, en mai 2012, le Nasdaq avait été incapable de diffuser un cours à l'heure prévue en raison d'un afflux exceptionnel d'ordres.

Mardi, c'est un un problème technique au sein de la banque Goldman Sachs qui a débouché sur un volume soudain d'ordres erronés sur le marché des options sur actions.

La panne de jeudi pourrait coûter cher à Nasdaq OMX et lui valoir des sanctions de la SEC, qui a récemment enjoint les opérateurs de marché d'améliorer le respect des règles en vigueur ainsi que leur propre fonctionnement.

La présidente de la SEC, Mary Jo White, en poste depuis avril, a été dans le passé membre du conseil d'administration du Nasdaq.

En mai, le Nasdaq avait accepté de verser 10 millions de dollars d'amende dans le dossier des ratés de l'introduction de Facebook, la plus lourde pénalité jamais payée par un opérateur boursier. (Benoît Van Overstraeten et Marc Angrand pour le service français)