par Jonathan Allen

NEW YORK, 3 août (Reuters) - Une enquête de cinq mois a permis de déterminer que le gouverneur démocrate de l'Etat de New York, Andrew Cuomo, a harcelé sexuellement plusieurs femmes, créé un "climat de peur" dans ses services et enfreint plusieurs lois fédérales et locales, a déclaré mardi la procureure générale de l'Etat.

Les commentaires de Letitia James, une démocrate, ont provoqué des appels à la démission émanant de divers représentants de la classe politique américaine, jusqu'à la Maison blanche, où le président démocrate Joe Biden a estimé qu'Andrew Cuomo devait quitter ses fonctions.

Dans une vidéo diffusée peu après le point de presse de l'Attorney General new-yorkaise, Andrew Cuomo, 63 ans, a nié tout inconduite et assuré qu'il n'avait pas l'intention de démissionner.

Cette enquête civile, dont les conclusions ont été détaillées dans un rapport de 168 pages, n'entraînera directement aucune poursuite pénale contre Andrew Cuomo. Toutefois le procureur du comté d'Albany a ouvert une enquête distincte.

Le rapport pourrait en tout cas lourdement compromettre l'avenir politique du gouverneur, en poste depuis 2011 et dont c'est le troisième mandat.

Andrew Cuomo a qualifié d'imprécises et d'injustes les conclusions de l'enquête, assurant que ses accusatrices avaient mal interprété ses propos et gestes. Il a dit avoir toujours eu pour intention de se montrer chaleureux seulement.

Letitia James a déclaré que l'enquête avait permis de déterminer qu'Andrew Cuomo avait commis des attouchements, donné sans consentement des baisers et des accolades, et effectué des commentaires désobligeants contre 11 femmes.

A la Maison blanche, Joe Biden, qui avait déclaré par le passé qu'il faudrait qu'Andrew Cuomo démissionne si les accusations à son encontre venaient à être prouvées, a réitéré sa position. "Je pense qu'il doit démissionner", a-t-il dit mardi devant les journalistes, après la publication du rapport.

Plusieurs élus du Congrès et des figures du Parti démocrate ont aussi demandé la démission d'Andrew Cuomo, mettant en exergue la chute spectaculaire d'un gouverneur devenu populaire à travers les Etats-Unis l'an dernier pour sa gestion de la crise sanitaire du coronavirus.

Carl Heastie, le "speaker" de l'Assemblée new-yorkaise contrôlée par les démocrates qui a autorisé l'ouverture de l'enquête, a qualifié de "perturbantes" les conclusions de l'enquête. Dans un communiqué, il a ajouté qu'elles dressaient le portrait de "quelqu'un n'étant pas apte" à occuper un poste.

"Spécifiquement, l'enquête a établi que le gouverneur Andrew Cuomo a harcelé sexuellement d'anciennes et d'actuelles employées de l'Etat de New York avec des attouchements non voulus et non consensuels, et en effectué de nombreux commentaires offensants", a déclaré Letitia James.

L'Attorney General a indiqué que les enquêteurs ont interrogé 179 personnes, dont des plaignantes et des employés de l'exécutif local, et que l'enquête avait permis de dessiner "un tableau clair et profondément perturbant" de ce qu'elle a qualifié de "climat de peur". La majorité des victimes d'Andrew Cuomo étaient jeunes, a-t-elle précisé. (Reportage Jonathan Allen, avec Nathan Layne; version française Jean Terzian, édité par Nicolas Delame)