SAN FRANCISCO/WASHINGTON, 23 juin (Reuters) - Lilian Merida-Galicia et sa fille de sept ans ont été appréhendées après avoir franchi en Arizona la frontière mexico-américaine, puis elles ont été séparées par les autorités américaines à la mi-mai.

Depuis cette date, cette Guatémaltèque de 23 ans cherche à savoir où se trouve sa fille, selon son avocat Michael Avenatti.

Elle a ainsi envoyé une demande de renseignements aux services américains de l'ICE (Immigration and Customs Enforcement).

"Pourriez-vous s'il vous plaît m'envoyer un numéro de téléphone de sorte que je puisse communiquer avec ma fille?", lit-on dans sa lettre, qui a été rédigée en espagnol et consultée par Reuters. Un agent des services de l'ICE lui a répondu, en anglais : "Je ne dispose pas de renseignements à ce sujet".

Lilian Merida-Galicia, qui se trouve dans un centre de rétention en Californie, est l'une des nombreuses migrantes incarcérées dont les avocats racontent des histoires analogues de situations chaotiques. Les mères ignorent où leurs enfants ont été emmenés et comment reprendre contact avec eux. Les mères elles-mêmes ne peuvent être contactées car l'accès aux migrants en détention est difficile.

Même si Donald Trump a brusquement changé d'avis après le tollé soulevé aux Etats-Unis et à l'étranger et renoncé à séparer les enfants de leurs parents arrêtés pour franchissement illégal de la frontière américano-mexicaine, le flou le plus complet règne sur le sort de plus de 2.300 enfants qui ont d'ores et déjà fait les frais de la mesure de séparation.

Selon l'avocat Avenatti, Lilian Merida-Galicia est l'un des 60 parents migrants qu'il représente, et les quatre cinquièmes d'entre eux ignorent toujours où sont leurs enfants.

L'US NAVY MISE A CONTRIBUTION

L'administration fédérale et le Congrès se sont employés vendredi à répondre aux nombreuses questions sans réponse soulevées par le décret pris mercredi à la hâte par Donald Trump pour en finir avec ces séparations.

L'avocat Luis Cortes Romero, lui, représente une Salvadorienne séparée début mai de sa fille de 11 ans, qui est trisomique, après leur arrivée au Texas en provenance du Mexique. La mère est en détention dans l'Etat de Washington et a décidé qu'elle renonçait à demander l'asile, de manière à pouvoir être expulsée et ainsi retrouver sa fille, dit l'avocat.

"Elle assure qu'elle ne voudra jamais revenir (aux Etats-Unis), tellement son expérience la traumatise", dit Cortes Romero.

Trump a laissé entendre vendredi qu'une partie des récits de ce genre ont été montés de toutes pièces par les démocrates.

"On ne peut pas permettre que notre pays soit envahi par les immigrants clandestins, comme les démocrates le disent dans leurs histoires bidon de tristesse et de douleur dont ils espèrent tirer un profit électoral", a tweeté le président des Etats-Unis.

On ignore encore quand les enfants déjà séparés pourront retrouver leurs parents, et où les familles ainsi réunifiées seront détenues en l'attente du procès des parents.

La marine américaine dresse actuellement des plans pour héberger jusqu'à 25.000 migrants dans ses bases et autres installations, pour un coût évalué à 233 millions de dollars (200 millions d'euros) sur six mois, a déclaré vendredi un responsable américain. (Kristina Cooke et Richard Cowan; Eric Faye pour le service français)