WASHINGTON, 27 juin (Reuters) - Le Congrès et la Maison blanche tentent de s'entendre sur la manière de dépenser l'aide d'urgence destinée à la gestion de l'afflux de migrants, alors que des parlementaires et des candidats à la présidentielle ont tiré la sonnette d'alarme sur le sort des migrants à la frontière sud des Etats-Unis.

Le Sénat, contrôlé par les républicains, a adopté mercredi à une large majorité (84 voix contre 8) un projet de loi prévoyant une aide humanitaire de 4,6 milliards de dollars (4,04 milliards d'euros).

La veille, les membres de la Chambre des représentants, à majorité démocrate, ont approuvé une aide de 4,5 milliards de dollars pour financer des programmes d'hébergement, d'alimentation, de transport et d'assistance aux familles originaires d'Amérique centrale qui tentent d'obtenir l'asile, après les révélations sur les conditions de détention des enfants migrants dans les centres.

Le texte adopté au Sénat comporte moins de restrictions que la version de la Chambre des représentants, mais prévoit des fonds pour payer des heures supplémentaires aux employés de l'agence de police douanière et de contrôle des frontières (ICE), ce qui ne figurait pas dans la version de la Chambre.

Il prévoit également 145 millions de dollars pour aider le département de la Défense à couvrir les frais des opérations du Pentagone à la frontière ordonnée par Donald Trump.

Les deux chambres doivent désormais trouver un compromis à envoyer à Donald Trump, qui s'est engagé à faire usage de son veto présidentiel contre l'approche du texte de la Chambre des représentants.

DES CANDIDATS À L'INVESTITURE DÉMOCRATE VISITE UN CENTRE

Le 1er mai, le président américain a réclamé des fonds pour financer des programmes destinés à héberger, nourrir, transporter et surveiller l'afflux record de familles de migrants venus d’Amérique centrale pour demander l'asile aux États-Unis, mais aussi limiter les capacités des centres pour migrants dans les villes frontalières.

Certains responsables estiment qu'ils vont bientôt manquer de fonds pour les agences frontalières. Les postes frontaliers ont atteint en mai leur niveau le plus élevé depuis plus de dix ans, ce qui pèse sur les ressources et entraîne des scènes de chaos au sein des installations surpeuplées.

Le manque de financement est devenu plus urgent depuis que des avocats ont attiré l'attention la semaine dernière sur les conditions de détention de plus de 300 enfants migrants dans le centre surpeuplé de Clint, situé près d'El Paso au Texas. Certains auraient été détenus depuis des semaines sans recevoir suffisamment d'eau et de nourriture.

La plupart des enfants ont été transférés vers d'autres établissements mais une centaine d'entre eux sont revenus au poste de police de Clint, ont annoncé des responsables de la police aux frontières.

La photo d'un homme et de sa petite fille, gisant noyés dans les eaux du Rio Grande après avoir tenté de franchir la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, a également suscité l'émotion à travers le monde.

Les sénatrices Elizabeth Warren (Massachusetts) et Amy Klobuchar (Minnesota), candidates à l'investiture démocrate, ont visité mercredi un établissement privé en Floride accueillant des milliers d'enfants migrants non accompagnés.

Près d'une douzaine d'autres candidats, dont la sénatrice de Californie Kamala Harris, le sénateur du Vermont Bernie Sanders et le maire de South Bend Pete Buttigieg, ont annoncé qu'ils visiteraient le même centre plus tard cette semaine. (Susan Cornwell et Richard Cowan à Washington, avec Imani Moise et Joseph Ax à New York; Arthur Connan pour le service français)