par Richard Cowan et David Morgan

WASHINGTON, 28 septembre (Reuters) - Le projet de loi prévoyant le relèvement du plafond de la dette des Etats-Unis et le financement des administrations fédérales pour éviter leur paralyse ("shutdown") n'a pas été adopté lundi par le Sénat, très divisé, où les républicains ont obtenu suffisamment de voix pour empêcher la tenue du vote du texte.

Les pairs démocrates du président américain Joe Biden, qui disposent d'une majorité étroite dans les deux chambres du Congrès, n'ont plus que trois jours désormais pour éviter un "shutdown", alors que le financement actuel des services fédéraux prend fin jeudi soir.

En cas d'échec, l'économie américaine dans son ensemble pourrait être déstabilisée, alors qu'elle tente déjà de se relever de l'impact de la crise sanitaire du coronavirus.

Les républicains ont obtenu suffisamment de "non" lors d'un vote de procédure pour empêcher que le projet de loi soit formellement voté au Sénat, composé de 100 sièges et où 60 voix sont nécessaires pour adopter la plupart des textes.

A la perspective du gel des administrations fédérales s'ajoute la question du relèvement du plafond de la dette avec le risque, selon des analystes indépendants, que le département américain du Trésor ait utilisé toute sa marge d'emprunt d'ici une date comprise entre le 15 octobre et le 4 novembre.

Le chef de file de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a averti de l'impact qu'un tel scénario aurait sur l'économie américaine. Il a indiqué après le vote que les démocrates prendraient cette semaine des mesures supplémentaires, sans préciser lesquelles, pour éviter un shutdown et un défaut de paiement de la dette.

Plus tôt dans la journée, s'exprimant devant les sénateurs, Chuck Schumer a accusé les républicains de "rendre intentionnellement l'hypothèse d'un défaut de paiement plus probable".

Une paralysie des administrations fédérales - et, éventuellement, un défaut de paiement de la dette - constituerait un revers majeur pour les démocrates, lesquels ont par le passé mis en avant leur sens des responsabilités par contraste avec le mandat chaotique du républicain Donald Trump.

Le chef de file de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a exprimé son intention de forcer la chambre haute du Congrès à voter une extension de financement distincte du projet de loi destiné à suspendre jusqu'à fin 2022 le plafond de la dette américaine, fixé à 28.400 milliards de dollars.

"Nous pourrions avoir un vote bipartite aujourd'hui pour financer le gouvernement, s'il n'y avait pas ces tactiques bizarres du chef des démocrates du Sénat", a dit Mitch McConnell, dont la démarche concurrente a peu de chances d'aboutir.

Les républicains sont en désaccord avec les projets de dépenses des démocrates et veulent ainsi que ces derniers se débrouillent par eux-mêmes sur la question du plafond de la dette. Aux yeux des démocrates, une grande partie de la dette récente des Etats-Unis découle de la gestion de l'administration Trump.

(Reportage David Morgan et Richard Cowan, avec Susan Cornwell, Jarrett Renshaw et Susan Heavey; version française Jean Terzian)