par Steve Holland et Susan Cornwell

PALM BEACH, Floride/WASHINGTON, 27 décembre (Reuters) - Le gouvernement américain se dirige vers une fin d'année chaotique en raison du refus de Donald Trump de signer un plan de 2.300 milliards de dollars, ce qui prive des millions d'Américains d'indemnités de chômage et menace d'entraîner la fermeture d'administrations fédérales.

Le président américain, qui a subi dimanche la pression de parlementaires des deux bords, bloque toujours un programme adopté la semaine dernière par le Congrès qui prévoit près de 900 milliards de dollars de soutien budgétaire face à la pandémie mais aussi une en enveloppe de 1.400 milliards de dollars destinée au financement des agences gouvernementales.

Des millions d'Américains ont vu leur assurance-chômage expirer samedi après que Donald Trump a refusé de promulguer le plan de relance, le président jugeant insuffisantes les aides versées directement aux familles américaines qu'il prévoit.

En l'absence de la signature de Donald Trump, quelque 14 millions d'Américains pourraient perdre ces allocations chômage, selon des données du département du Travail.

Une fermeture partielle des administrations ("shutdown") surviendra par ailleurs à compter de mardi si le Congrès ne parvient pas à s'entendre d'ici-là sur un texte de financement provisoire.

Républicains et démocrates du Congrès sont parvenus le week-end dernier à un accord sur un troisième plan de relance face aux effets de la crise du coronavirus après plusieurs mois de débats intenses.

La Maison blanche avait apporté son soutien à l'accord et Donald Trump, qui cèdera le pouvoir le 20 janvier à son rival démocrate Joe Biden, ne s'était pas opposé aux mesures du plan avant que celui-ci soit voté par les deux chambres du Congrès.

Le président a demandé après le vote du Congrès que les aides directes au familles en difficulté soient portées de 600 dollars à 2.000 dollars.

 

MÊME SES PARTISANS S'AGACENT

De nombreux économistes s'accordent à dire que l'aide financière prévue par le plan voté par le Congrès n'est pas suffisante pour relancer l'économie mais ils insistent aussi sur l'urgence qu'il y a à aider les Américains les plus touchés par les effets de la pandémie.

Le refus de Donald Trump de signer un plan qui a demandé des mois de négociations agace jusque dans son propre camp.

"Je comprends que le président veuille envoyer de plus gros chèques à tout le monde", a ainsi déclaré dimanche le sénateur républicain Pat Toomey à Fox News.

"Je pense que ce qu'il devrait faire, c'est signer ce plan maintenant et ensuite avancer ses arguments. Le Congrès pourra voter un autre plan", a-t-il ajouté.

"Vous ne pouvez pas avoir tout ce que vous voulez, même si vous êtes le président des Etats-Unis."

Donald Trump, qui passe les fêtes de fin d'année dans sa résidence de Mar-a-Lago en Floride, ne paraissait pas pressé d'offrir une solution lorsqu'il a été vu dimanche se dirigeant vers son parcours de golf.

Si même ses partisans s'impatientent, ses adversaires jugent encore plus sévèrement son attitude.

"Ce que le président est en train de faire est incroyablement cruel", a ainsi déclaré dimanche sur ABC News Bernie Sanders, qui avait apporté son soutien à Joe Biden dans la course à la présidence après avoir été son rival pour l'investiture démocrate.

"Nous vivons un moment sans précédent dans l'histoire américaine, tellement de gens souffrent", a-t-il ajouté avant d'exhorter Donald Trump à "faire ce qui est bien pour le peuple américain plutôt que de se soucier de son ego."

 

(Version française Patrick Vignal)