par Daphne Psaledakis et Simon Lewis

WASHINGTON, 2 décembre (Reuters) - Les États-Unis ont imposé jeudi des restrictions sur les transactions liées à de nouvelles émissions de dette souveraine biélorusse et ont étendu les sanctions existantes contre le pays, ciblant des dizaines de personnes et d'entités, en coordination avec des partenaires dont l'Union européenne.

Washington a accru la pression sur le président biélorusse Alexandre Loukachenko en ciblant les secteurs de la défense, de la sécurité et de la potasse. Des responsables biélorusses et le fils d'Alexandre Loukachenko ont aussi été visés alors que Minsk est accusé d'orchestrer une crise migratoire en Europe.

Ces mesures américaines ont été coordonnées avec le Canada, la Grande-Bretagne et l'UE, dans un contexte de tensions Est-Ouest accrues par les flux de migrants aux frontières entre la Biélorussie, alliée de la Russie, et la Pologne et la Lituanie, membres de l'UE.

Dans un communiqué commun, Washington, Ottawa, Londres et Bruxelles appellent Minsk à stopper immédiatement ses manoeuvres alimentant l'immigration illégale à ses frontières avec l'UE.

"Ceux qui, en Biélorussie ou dans des pays tiers, facilitent les traversées illégales des frontières externes de l'UE doivent savoir que cela a un coût substantiel", est-il écrit.

Le ministère biélorusse des Affaires étrangères a fait savoir qu'il répondrait aux sanctions décidées par l'UE, dénonçant des mesures destinées à "étouffer économiquement" la Biélorussie.

Minsk n'a pas réagi dans l'immédiat aux mesures prises par les Etats-Unis, le Canada et la Grande-Bretagne.

L'UE a imposé jeudi des sanctions contre la compagnie aérienne publique biélorusse Belavia, accusée de transporter des migrants afin de déstabiliser des pays du bloc communautaire.

Il est désormais interdit aux compagnies européennes de procurer des avions à Belavia. On ne sait pas si Belavia va être contrainte de rendre les 17 appareils loués auprès de sociétés en Irlande.

Bruxelles accuse Minsk d'orchestrer une crise migratoire en incitant des milliers de personnes venues du Moyen-Orient et d'Afrique à tenter de franchir les frontières avec des pays voisins membres de l'UE, disant y voir des représailles aux sanctions européennes consécutives à la répression des manifestations contestant la réélection d'Alexandre Loukachenko en août 2020.

Le président biélorusse rejette ces accusations et impute à l'UE la responsabilité de la crise migratoire.

Dans un communiqué, le département américain du Trésor a accusé le gouvernement de Loukachenko de favoriser notamment la corruption, les violations des droits de l'homme et l'immigration illégale.

"Les Etats-Unis se tiennent au côté de leurs partenaires internationaux et alliés pour faire payer au régime de Loukachenko son comportement déplorable, dont le trafic de migrants", a déclaré une haute représentante du département américain du Trésor. (Reportage Daphne Psaledakis, Simon Lewis et Tim Ahmann à Washington, Robin Emmott à Bruxelles, David Ljunggren à Ottawa et Polina Devitt à Moscou; version française Valentine Baldassari, édité par Jean Terzian)