Washington (awp/afp) - Le Comité monétaire de la Banque centrale américaine (Fed) prévoit toujours une hausse des taux d'intérêt en décembre mais apparaît de plus en plus divisé sur l'évolution de la trajectoire monétaire à venir, selon un compte-rendu de la réunion monétaire du 8 novembre publié jeudi.

Plusieurs voix s'élèvent, selon les minutes de cette réunion, pour s'interroger sur le rythme des prochaines hausses qui jusqu'ici prévoyait trois relèvements des taux pour 2019. Deux participants au Comité estiment même que des hausses supplémentaires pourraient "ralentir le rythme d'expansion de l'activité".

Publiés trois semaines après la réunion monétaire de novembre, ces doutes font écho aux propos du patron de la Fed, mercredi.

Jerome Powell a affirmé que les taux étaient désormais proches du "niveau neutre" qui permet à l'économie de continuer à croître sans être ni restreinte, ni trop stimulée.

"Presque tous les participants ont estimé qu'un autre relèvement des taux était probablement nécessaire très bientôt", dit le rapport rendu public trois semaines avant le prochain rendez-vous monétaire du 19 décembre. Mais "quelques participants, tout en pensant que de futures hausses progressives sont sans doute appropriées, se sont interrogés sur la cadence de tels relèvements".

Le rapport ajoute que deux participants estiment carrément que les taux au jour le jour "pourraient être proches du taux neutre et que des hausses supplémentaires pourraient ralentir de manière indue l'expansion de l'activité économique" et mettre en danger la progression des prix.

Après dix ans de taux à zéro visant à éviter notamment une déflation, la Fed a eu du mal à faire remonter la hausse des prix vers sa cible de 2% qu'elle estime saine pour l'économie.

De nombreux membres du FOMC pensent en tout cas que la Fed devrait bientôt changer les indications de son traditionnel communiqué en ôtant l'assurance que "de prochaines hausses graduelles de taux" seront nécessaires.

"Beaucoup de participants ont indiqué qu'il serait peut-être approprié au cours des prochaines réunions d'entamer une transition dans le langage du communiqué en insistant davantage sur l'évaluation des données économiques", indique le rapport.

C'est une façon de dire que la Fed veut se détacher d'un message d'orientation monétaire pour être plus libre et réactive face aux signes que donne l'économie.

"Un tel changement aiderait à faire comprendre l'approche flexible du Comité en réponse aux changements des circonstances économiques", ajoute le rapport.

Tout en continuant de saluer la croissance américaine solide (3,5% au 3e trimestre en rythme annuel) et le bas taux de chômage, les membres de la Fed ont signalé des "risques à la baisse". Ils citent la politique commerciale et les tarifs douaniers ainsi que les perspectives économiques à l'étranger, alors qu'un ralentissement de la croissance est signalé en Chine, dans la zone euro et au Japon.

La Fed insiste aussi sur la forme moins bonne que prévu du marché immobilier aux Etats-Unis qui apparaît désormais évidente à la majorité des membres du Comité. Les professionnels de l'immobilier pointent du doigt les hausses des taux de la Fed et par ricochet ceux des crédits immobiliers pour expliquer ce repli du marché du logement.

Dans les minutes, les services économiques de la Fed ont longuement évoqué la volatilité du marché boursier sans aller jusqu'à estimer que ces "turbulences" ont eu un impact sur la perception que les investisseurs ont de la politique monétaire à venir.

afp/rp