Washington (awp/afp) - La Réserve fédérale américaine (Fed) a maintenu les taux d'intérêts inchangés mercredi vu la mollesse de l'inflation mais prévenu qu'elle réduirait bientôt son portefeuille d'actifs, selon un communiqué du Comité monétaire.

Le taux interbancaire au jour le jour reste dans la fourchette de 1% à 1,25%, a indiqué le Comité monétaire dans une décision unanime.

La Fed qui prend acte du fait que l'inflation se situe "en dessous de 2%", dit qu'elle va surveiller son évolution de près. La banque centrale continue d'affirmer que la hausse des prix devrait se stabiliser à moyen terme autour de cette cible de 2% qu'elle juge bonne pour l'économie.

L'inflation, qui il y a quatre mois s'était rapprochée de la cible voulue par la Fed, est retombée actuellement à 1,4% sur un an, selon l'indice PCE qui est celui privilégié par la banque centrale américaine.

Le Comité monétaire a annoncé en tout cas, à l'issue de cette réunion monétaire de deux jours qui ne prévoyait pas de conférence de presse de sa présidente Janet Yellen, qu'il va "assez vite" réduire le volume des actifs au bilan de la Fed qu'elle avait accumulés pour soutenir la reprise.

Lors de sa précédente réunion monétaire en juin, la banque centrale avait seulement indiqué que ce processus de dégonflement de son bilan --qui correspond à un resserrement de la politique monétaire--, interviendrait "dans l'année".

En disant mercredi que cette démarche peut démarrer bientôt, elle prépare les marchés à une normalisation progressive de son bilan, ce qui équivaut à un tour de vis monétaire. La Fed n'exclut donc pas d'entamer le processus dès sa prochaine réunion des 19 et 20 septembre "si l'économie évolue comme prévu".

La Fed peut encore décaler cette décision à fin octobre ou à la mi-décembre mais il ne fait pas de doute que, si l'économie le permet, elle veut enclencher ce processus de normalisation bien avant la fin du mandat de Janet Yellen en février 2018, alors qu'on commence déjà à s'interroger sur sa succession.

- Outil passif -

En réduisant très progressivement sa présence sur le marché des bons du Trésor et titres appuyés sur des créances hypothécaires, la Fed veut utiliser cette démarche comme un "outil passif" de politique monétaire.

Il s'agit, en cessant de réinvestir dans les titres arrivant à maturité, de diminuer le volume massif de bons du Trésor et de titres obligataires qu'elle a amassés après la récession de 2009 pour doper la reprise, soit 4.500 milliards de dollars.

Hormis la faiblesse de l'inflation qu'elle pointe sans insistance en constatant qu'elle se situe "en dessous" de sa cible plutôt que "légèrement en dessous", comme elle l'avait dit en juin, la Fed dresse un tableau relativement constant de l'économie.

L'activité a progressé "modestement" et les gains d'emplois ont été "solides". Néanmoins, la Fed ne dit plus que les dépenses de consommation, qui sont la locomotive de la première économie mondiale, sont en accélération.

Le gouvernement publie vendredi la première estimation de la croissance du PIB au 2e trimestre qui pourrait atteindre 2,5% en rythme annuel, au lieu de 1,4% au 1er trimestre.

Pour l'économiste Chris Low, de FTN Financial, "la Fed a fait le minimum, prenant acte des dernières données économiques, sans rien de plus".

Selon lui, la prochaine hausse des taux d'intérêt "ne devrait pas être sur la table avant décembre".

La banque centrale a relevé les taux d'un quart de pourcentage (0,25%) deux fois cette année, en mars et en juin, et trois fois depuis l'élection de Donald Trump si l'on ajoute sa hausse de décembre 2016.

Interrogé mardi sur ses intentions pour la succession de Mme Yellen, 70 ans, dont le mandat arrive à terme le 3 février, le président Trump n'a pas exclu de renommer la démocrate, première femme à diriger la puissante banque centrale.

"J'ai beaucoup de respect pour elle", a-t-il déclaré au Wall Street Journal. "J'aimerai voir les taux d'intérêts rester bas. Elle a été historiquement une personne en faveur des taux bas", a-t-il expliqué. Mais sa décision est loin d'être prise et il envisage aussi la candidature de son conseiller économique en chef, Gary Cohn, 56 ans, un ancien dirigeant de la banque d'affaires Goldman Sachs.

afp/rp