Washington (awp/afp) - La Banque centrale américaine (Fed) a abaissé mercredi sa prévision de croissance pour 2021, le variant Delta ayant ralenti la reprise économique, mais a toutefois envoyé un signal très attendu sur la réduction du soutien à l'économie, qui pourrait débuter "bientôt".

La première économie du monde devrait ainsi progresser de 5,9% en 2021, quand une croissance de 7% était anticipée lors des dernières prévisions de la Fed, publiées en juin.

Mais le retard devrait être rattrapé rapidement, puisque les prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB) ont en revanche été relevées pour les années suivantes, à 3,8% en 2022 et 3,5% en 2023.

Les secteurs les plus touchés par la pandémie, en particulier l'hôtellerie et la restauration, ont enregistré des améliorations ces derniers mois, "mais l'augmentation des cas de Covid-19 a ralenti leur reprise", a indiqué dans un communiqué la puissante institution.

"Les risques demeurent sur les perspectives économiques", a-t-elle toutefois averti.

L'inflation, en revanche, devrait être plus élevée que prévu, et atteindre 4,2% en 2021, contre 3,4% auparavant anticipés. Elle devrait ensuite se stabiliser un peu au-dessus de l'objectif de 2% que vise la Fed, à 2,2% au cours des deux années suivantes.

Le comité de politique monétaire a ainsi relevé dans son communiqué que "l'inflation est élevée, reflétant largement des facteurs transitoires".

"Bientôt"

La puissante Réserve Fédérale (Fed) a toutefois indiqué qu'elle pourrait être "bientôt" prête à entamer la réduction de son soutien à l'économie, dans un communiqué publié à l'issue de la réunion de son comité monétaire.

La plupart des analystes n'attendaient pas, cette fois, d'annonce ferme sur la réduction des achats d'actifs et tablaient plutôt sur la réunion de novembre, pour connaître le calendrier.

La Fed veut en effet diminuer progressivement les achats de 120 milliards de dollars par mois en bons du Trésor et autres titres qu'elle effectue depuis le début de la crise. Mais pour cela, elle veut s'assurer que la reprise économique soit suffisamment solide.

Les taux directeurs, eux, ont été maintenus dans la fourchette de 0 à 0,25% dans laquelle ils avaient été abaissés en mars 2020, face à la menace imminente du Covid-19.

Mais les membres du comité monétaire envisagent désormais de relever les taux d'intérêt dès 2022, quand ils tablaient sur 2023 lors de la réunion du mois de juin.

Jerome Powell devrait, lors de sa conférence de presse à 14H30 (18H30 GMT), rappeler qu'une diminution des achats d'actifs n'ira pas de pair avec un relèvement des taux directeurs.

A tâtons

Sur le front de l'emploi, la reprise est difficile. Le taux de chômage est désormais estimé à 4,8% (+0,3 point) pour 2021. Mais il devrait retomber à 3,8% l'année prochaine et retrouver son niveau d'avant la pandémie l'année suivante.

Les principales autres Banques centrales avancent elles aussi à tâtons sur le resserrement monétaire. Le Banque centrale européenne (BCE) a timidement lancé le mouvement et renvoyé à décembre la discussion, tandis que la Banque d'Angleterre craint que durcir sa politique monétaire n'étouffe la relance dans l'oeuf.

En revanche, plusieurs pays émergents, comme le Brésil, la Russie, ou encore le Mexique, ont déjà, face à l'inflation, relevé leurs taux d'intérêt.

Et une nouvelle ombre vient désormais planer sur l'économie américaine, et, par ricochet, sur l'économie mondiale: celle d'un défaut de paiement des États-Unis.

Le plafond de la dette américaine, en effet, est de nouveau en vigueur depuis le 1er août, après deux années de suspension, et, si aucun accord n'est trouvé au Congrès pour le suspendre de nouveau ou relever le montant maximum de dette autorisé, les États-Unis ne pourront plus emprunter pour se financer.

Le pays a assez de liquidités pour honorer ses paiements jusqu'à la deuxième moitié d'octobre seulement.

afp/rp