Washington (awp/afp) - La banque centrale américaine devrait donner un nouveau tour de vis monétaire en relevant modestement ses taux directeurs mercredi, selon les marchés financiers, même si l'économie a montré des signes d'essoufflement que la Fed espère temporaires.

"Le Comité monétaire a repris sa réunion comme prévu à 9H00 locales (13H00 GMT)", a indiqué un porte-parole de la Fed mercredi. Elle avait commencé la veille. Un communiqué sera publié à 18H00 GMT juste avant la tenue d'une conférence de presse par la présidente de la Réserve fédérale Janet Yellen.

"On s'attend à ce que le Comité monétaire (FOMC) relève les taux d'intérêt sur les fonds fédéraux à un niveau entre 1% et 1,25% mercredi et à ce qu'il signale qu'une hausse supplémentaire est de mise pour le reste de l'année", a indiqué Michael Gapen, économiste pour Barclays Research.

La Fed annoncera également de nouvelles prévisions économiques ainsi que les projections moyennes sur la trajectoire à venir des taux directeurs.

Ces éléments seront scrutés par les acteurs financiers car jusqu'ici les membres du Comité ont prévu de relever les taux encore une fois cette année, après la hausse attendue mercredi, malgré une économie qui donne des signes contrastés.

Pour 2018, les participants au FOMC misent sur trois nouveaux relèvements pour porter le niveau moyen des taux à 2,1%.

Mercredi, l'économie américaine a donné de nouveaux signes de faiblesse, particulièrement sur le front de l'inflation. Les prix à la consommation (CPI) ont reculé en mai pour la 2e fois en trois mois à -0,1%, surtout à cause de la chute des prix de l'essence. Sur un an, l'indice CPI, à 1,9%, est repassé sous l'objectif des 2% que la Fed juge sain pour l'économie.

Autre indicateur faible, les ventes de détail, qui témoignent de la vitalité des dépenses de consommation, locomotive de l'économie américaine, ont signé mercredi une performance décevante en mai. Elles ont reculé de 0,3% alors que les analystes s'attendaient à une légère progression.

Là encore, les prix de l'énergie ont influencé à la baisse. Ce mauvais chiffre était toutefois compensé par une forte révision à la hausse des ventes de détail en mars (0,8%) et avril (0,6%) montrant que les consommateurs ne sont pas si timides que cela.

Pour Ian Shepherdson de Pantheon Macroeconomics, ces rapport "ne vont pas empêcher la Fed de relever les taux aujourd'hui mais si la tendance continue cet été, alors la prochaine hausse que nous anticipons en septembre, pourrait être retardée".

- Expansion modérée -

Pour évaluer la vigueur de l'économie, la Fed s'appuie sur le Livre beige, le dernier rapport de conjoncture qui a montré que l'expansion "modérée" se poursuivait.

La Banque centrale est surtout impressionnée par le taux de chômage très bas, à 4,3% en mai, un plus bas en seize ans. A ce niveau, alors que les entrepreneurs commencent à avoir du mal à pourvoir des postes, les salaires devraient commencer à augmenter et de ce fait, nourrir l'inflation.

Ce n'est pas encore le cas mais la Fed veut prendre les devants, en relevant les taux pour brider l'inflation à venir, alors qu'un tour de vis monétaire met généralement entre 12 et 18 mois à se faire sentir dans l'économie.

"Maintenant, l'économie est proche du plein emploi, la montée des prix va commencer à être un souci", prévoit Daniel Christen de Capital Economics.

La banque centrale devrait aussi donner plus de précision sur son plan de réduire les actifs accumulés à son bilan lors du soutien monétaire exceptionnel accordé à l'économie pendant la longue période de reprise poussive.

Elle pourrait dire quand et comment elle entend cesser progressivement de réinvestir dans les titres achetés pendant la reprise et arrivés à maturité. La Fed a accumulé un bilan de 4.500 milliards de dollars en bons du Trésor et titres appuyés sur des créances immobilières.

Cette manoeuvre de réduction de son bilan sera aussi synonyme d'un resserrement supplémentaire de la politique monétaire.

afp/al