"Alors que les projecteurs sont braqués sur les ratios de fonds propres des banques de la zone euro, en particulier italiennes, les établissements américains semblent avoir eux aussi quelques difficultés à tourner la page de la crise des subprime.

Un lobby rassemblant les principales banques d'investissement américaines (JPMorgan, Goldman Sachs et Morgan Stanley), le Securities Industry and Financial Markets Association (SIFMA), a demandé à la Fed un délai supplémentaire pour se plier aux exigences prudentielles issues du Dodd-Frank Act de 2010, rapporte l'agence Reuters. En cause, la règle selon laquelle les établissements de crédit ne doivent plus se livrer au trading pour compte propre ni investir dans des fonds alternatifs (hedge funds) et de private equity.

Cette interdiction, baptisée "règle Volcker", est entrée en vigueur en juillet 2012 avec toutefois une période de transition censée permettre aux établissements concernés de céder ces actifs risqués. Initialement fixée à deux ans, cette période a été prolongée par trois fois, jusqu'en juillet 2017. Or, le lobby réclame aujourd'hui un délai de cinq ans supplémentaires, soit jusqu'en 2022. Motif: certains de ces actifs sont illiquides ou bien leur cession entraînerait d'importantes pénalités financières. Il peut s'agir de parts de fonds de private equity, de montages immobiliers ou encore de contrats de dérivés à long terme.

Pour Dennis Kelleher, directeur de l'ONG Better Markets cité par l'agence, "il est risible que les plus importantes banques du monde affirment année après année ne pas pouvoir vendre ces parts. Tout le monde en Amérique doit respecter la loi et Wall Street aussi". La Fed, elle, se montre plus conciliante et aurait demandé aux banques des précisions sur leurs investissements afin d'établir si les fonds en question sont bien "illiquides", toujours selon l'agence Reuters. La Réserve fédérale a également indiqué le mois dernier qu'elle donnerait d'ici la fin de l'année des précisions sur le traitement des fonds illiquides. 

Goldman Sachs est la banque qui détient encore le plus d'actifs soumis à la règle Volcker: 7 milliards de dollars au total. Le groupe avait estimé en mars pouvoir liquider l'essentiel de ces investissements dans le délai d'un an actuellement en vigueur. Morgan Stanley, avec 3,2 milliards placés dans des fonds immobiliers et de private equity, s'était également montré confiant tout en demandant un délai de grâce pour "certains fonds illiquides". JP Morgan aurait quant à lui environ un milliard de dollars d'actifs à céder. Quoiqu'il en soit ces cessions ne devraient pas mettre en danger la rentabilité des banques américaines, dont les résultats ont été soutenus au deuxième trimestre par les activités de courtage notamment par les flux d'investissements ayant suivi le referendum britannique en faveur du Brexit. "