par Heather Somerville

SAN FRANCISCO, 28 août (Reuters) - Uber a désigné dimanche Dara Khosrowshahi, le patron du voyagiste en ligne Expedia, au poste de directeur général avec la lourde charge de relancer le spécialiste de la réservation de voitures avec chauffeur en crise depuis déjà près d'un an, a-t-on appris auprès de deux sources informées.

Des porte-parole d'Uber et d'Expedia n'ont pas commenté l'information dans l'immédiat. Uber a dit que son conseil d'administration avait désigné un nouveau directeur général mais qu'il en informerait son personnel avant la presse.

Agé de 48 ans et Iranien d'origine, Khosrowshahi devra notamment redorer un blason terni tant auprès des utilisateurs que des investisseurs tout en redonnant confiance à des salariés ébranlés par la multiplication des polémiques entourant la société et son fondateur controversé Travis Kalanick.

Ce dernier a été débarqué en juin par les actionnaires après avoir été accusé d'avoir laissé prospérer une culture d'entreprise favorisant l'agressivité, le sexisme et les discriminations de toutes sortes au sein de sa société.

Jeff Immelt, président de General Electric et Meg Whitman, directrice générale de Hewlett Packard Enterprise , avaient été pressentis pour lui succéder mais le premier a dit dimanche ne plus être dans la course et la seconde a démenti le mois dernier tout intérêt pour le poste.

Contrairement à Immelt et Whitman, Khosrowshahi n'est pas une figure connue du monde des affaires aux Etats-Unis et il n'a pas non plus la culture de la Silicon Valley chère à Travis Kalanick, Expedia ayant son siège à Bellevue près de Washington.

Arrivé aux Etats-Unis avec ses parents en 1978 pendant les troubles qui ont précédé la révolution islamique en Iran, Khosrowshahi a fait des études d'ingénieur puis a commencé sa carrière à la banque d'investissement Allen and Co.

Il dirigeait Expedia depuis 12 ans et s'était fait remarquer en 2015 comme étant le "CEO" le mieux payé du pays, essentiellement grâce à l'attribution de stock-options d'un montant de près de 91 millions de dollars (76 millions d'euros).

Sous sa direction, Expedia a plus que doublé son chiffre d'affaires depuis 2012, à près de 8,8 milliards de dollars l'an dernier - exercice qui s'est soldé par un bénéfice net de 281,8 millions de dollars pour le voyagiste en ligne.

Expedia, numéro un de son secteur par le nombre de réservations traitées, a grossi en rachetant depuis 2014 HomeAway - rival d'Airbnb - pour 3,9 milliards de dollars, Orbitz Worldwide pour 1,3 milliard et Travelocity pour 280 millions.

Khosrowshahi, également administrateur du journal New York Times, a vertement critiqué le décret anti-musulmans imposé par le président Donald Trump et qui interdit notamment l'entrée sur le territoire américain de ressortissants iraniens.

A la tête d'Uber, il lui faudra dans un premier temps nommer une équipe de direction après la valse de démissions à la tête du groupe ces derniers mois. Le spécialiste de la mobilité est pour l'instant dirigé par un comité de 13 personnes.

Uber a connu un développement rapide en bousculant dans de nombreux pays les marchés très réglementés des taxis.

L'entreprise n'est toujours pas rentable et ses méthodes sont parfois décriées et lui ont valu des ennuis juridiques en matière de respect des réglementations locales et de traitement de ses chauffeurs.

Lors de sa dernière levée de fonds l'an dernier, Uber a été valorisée 68 milliards de dollars mais certains fonds communs de placement ont récemment déprécié la valeur de leur participation de jusqu'à 15%, conséquence des turbulences traversées par la société.

Uber reste toutefois une société en croissance. Elle a fait état la semaine dernière d'une réduction de sa perte au deuxième trimestre et d'une progression de 17% de son chiffre d'affaires ajusté par rapport à la même période de 2016. (Nicolas Delame et Véronique Tison pour le service français)