* L'Otan envoie des renforts en Europe de l'Est
* USA et GB évacuent des diplomates présents en Ukraine
* La Russie dénonce une "hystérie" de l'Occident
* Des discussions en format "Normandie" mercredi à
Paris-source
(Actualisé tout du long avec réaction de Moscou, nouvelles
discussions, réaction des marchés financiers)
par Dmitry Antonov et Sabine Siebold
MOSCOU/BRUXELLES, 24 janvier (Reuters) - L'Otan a placé
lundi ses forces en état d'alerte et décidé d'envoyer des
renforts en Europe de l'Est sur fond de crise ouverte entre la
Russie et les puissances occidentales qui redoutent une
opération militaire russe en Ukraine.
Cette annonce intervient alors que les Etats-Unis et le
Royaume-Uni ont annoncé l'évacuation d'Ukraine d'une partie de
leur personnel diplomatique et de leurs familles face à la
menace jugée "croissante" d'une invasion du pays par la Russie.
"L'Otan va continuer à prendre toutes les mesures
nécessaires pour protéger et défendre tous ses alliés, y compris
en renforçant la partie orientale de l'Alliance", a déclaré le
secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg, dans un
communiqué.
Le Kremlin a accusé lundi les États-Unis et leurs alliés
d'aggraver les tensions, qualifiant d'"hystérique" l'attitude
des puissances occidentales.
"Nous avons vu les déclarations de l'Alliance de
l'Atlantique Nord sur le renforcement, le déplacement des forces
et des ressources vers le flanc est. Tout cela conduit à un
accroissement des tensions", a déclaré le porte-parole du
Kremlin, Dmitri Peskov.
EVACUATIONS DE DIPLOMATES
L'ambassade du Royaume-Uni en Ukraine a annoncé lundi qu'une
partie des membres de son personnel et leurs familles étaient
évacués de Kiev, citant une "menace croissante de la Russie".
Dimanche, Washington a ordonné l'évacuation des familles de
son personnel diplomatique en Ukraine et autorisé les départs
volontaires des membres du personnel de l'ambassade des
États-Unis à Kiev. Le département d'Etat a aussi appelé les
citoyens américains se trouvant en Ukraine à envisager de
quitter immédiatement le pays.
"Une action militaire de la Russie pourrait survenir à tout
moment", a déclaré l'ambassade des États-Unis dans un
communiqué. Les autorités "ne seront pas en mesure d'évacuer les
citoyens américains dans une telle éventualité, si bien que les
citoyens américains actuellement présents en Ukraine doivent se
préparer en conséquence".
Le Haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires
étrangères, Josep Borrell, a pour sa part indiqué lundi qu'un
départ des familles de diplomates européens basés en Ukraine
n'était pas envisagé pour le moment.
Il a ajouté attendre des informations du secrétaire d'État
américain Antony Blinken, qui devait participer à une réunion ce
lundi des ministres européens des Affaires étrangères à
Bruxelles.
Sur son site internet, le ministère français des Affaires
étrangères déconseille "formellement" de se rendre dans les
zones frontalières du nord et de l'est de l'Ukraine et conseille
de reporter les déplacements non urgents dans le pays.
BIDEN ÉTUDIE SES OPTIONS
Les tensions autour de l'Ukraine se sont aggravées ces
derniers mois face au déploiement par la Russie d'environ
100.000 soldats aux frontières du pays, selon Kiev et les pays
occidentaux, faisant craindre une invasion russe après
l'annexion de la Crimée en 2014.
Moscou continue de nier toute intention belliqueuse tandis
que l'Occident menace d'imposer de sévères sanctions économiques
à la Russie en cas d'invasion de l'Ukraine.
Dimanche, la Grande-Bretagne a accusé le Kremlin de chercher
à installer un dirigeant pro-russe en Ukraine, ce que le
ministère russe des Affaires étrangères a qualifié de
"désinformation".
De hauts responsables de l'administration Biden ont indiqué
que le président américain avait commencé à étudier des options
pour renforcer les moyens militaires américains dans la région.
D'après le New York Times, Joe Biden envisage d'envoyer
entre 1.000 et 5.000 soldats dans les pays d'Europe de l'Est,
sans exclure de renforcer encore les effectifs en cas de regain
de tensions.
Un haut responsable de l'administration a refusé de
confirmer ces chiffres dimanche, mais a déclaré : "Nous
élaborons des plans et nous consultons nos alliés afin de
déterminer les options qui s'offrent à nous."
Les Etats-Unis ont fourni un soutien militaire à l'Ukraine
mais ils se sont abstenus jusqu'à présent d'envoyer des troupes
sur place.
NOUVELLES DISCUSSIONS
Plusieurs cycles de discussions ont eu lieu ces derniers
jours entre la Russie et les puissances occidentales pour tenter
de résoudre la crise ukrainienne, sans aboutir à des avancées
tangibles.
La Russie attend une réponse écrite à ses demandes de
garanties en matière de sécurité, notamment l'arrêt de
l'expansion de l'Otan vers l'Est. Les Etats-Unis et leurs alliés
ont déjà rejeté oralement cette demande.
Selon une source au sein de la délégation russe, de
nouvelles discussions en format "Normandie" entre conseillers
politiques de la Russie, de l'Ukraine, de la France et de
l'Allemagne auront lieu mercredi à Paris au sujet du conflit
dans l'est de l'Ukraine.
En attendant une éventuelle avancée diplomatique, le regain
de tensions autour de l'Ukraine pèse lundi sur les marchés
financiers où les Bourses européennes lâchaient en début
d'après-midi plus de 2%.
(avec la contribution d'Andrew Osborn et du bureau de Moscou,
Pavel Polityuk, Marine Strauss et Robin Emmott à Bruxelles,
rédigé par Mark Trevelyan, version française Blandine Hénault,
édité par Bertrand Boucey)