"Maros Sefcovic a invité des représentants de l'industrie automobile pour évoquer ce que doit faire l'Europe pour assurer une présence industrielle sur cette dernière étape de la valeur ajoutée", a déclaré mardi à Reuters Egbert Lox, vice-président d'Umicore, spécialiste des matériaux pour la dépollution des véhicules et des composants pour batteries.

"J'espère que la question d'un Airbus de la batterie viendra sur la table", a-t-il ajouté en marge d'un débat organisé par "Technologies & Mobilité", qui regroupe plusieurs équipementiers automobiles, faisant référence à une coopération sur le modèle du champion européen de l'aéronautique.

La Commission a confirmé la tenue de la réunion le mercredi 11 octobre à Bruxelles, sans être en mesure de préciser les noms des participants.

Dans le cadre de sa stratégie commune en matière d'énergie, l'exécutif européen a identifié les batteries comme une initiative technologique clé.

"Quand on a la moitié de la valeur ajoutée d’un véhicule électrique qui est dans la batterie et pas d’industrie de la batterie en Europe, il y a un problème", a souligné lors du débat la députée Delphine Batho, ancienne ministre de l'Ecologie.

UN MARCHÉ DOMINÉ PAR L'ASIE

"Notre ambition est de créer une vraie production dans l'Union européenne - une chaîne de valeur dans son intégralité, recyclage inclus", a expliqué le commissaire Maros Sefcovic, chargé du projet "Union de l'énergie", dans un courriel à Reuters. "Soutenir le déploiement de batteries est simplement un impératif si nous voulons être sérieux sur la transition vers l'e-mobilité."

Un porte-parole de Continental a déclaré à Reuters que l'équipementier allemand prévoyait de prendre part à la réunion à Bruxelles.

"Nous nous attendons à des échanges de haut niveau avec la Commission européenne sur le dossier de la technologie des batteries", a-t-il dit.

S'ils investissent aujourd'hui de manière croissante dans l'électrique et l'hybride - moteurs, réducteurs, électronique de puissance, assemblage final des batteries - les constructeurs et les équipementiers automobiles européens estiment toujours que la chimie des cellules ne relève pas de leur coeur de métier.

Hormis une présence limitée, le centre de gravité du secteur se trouve en Asie. Le marché est dominé par les japonais Panasonic et NEC, les coréens LG et Samsung, ainsi que par les chinois BYD et CATL, dont émanent 80% de l'offre en batteries pour véhicules électriques et hybrides.

Parmi les challengers les plus dynamiques figure l'américain Tesla.

L'Europe est notamment représentée par Saft, filiale de Total, pour des usages industriels et militaires, par le groupe Bolloré, qui a choisi la batterie solide au lieu de la technologie lithium-ion, et par l'allemand Bosch, qui travaille sur le stockage pour le marché de l'énergie.

(Gilles Guillaume, avec Alissa de Carbonel à Bruxelles et Christoph Steitz à Francfort, édité par Dominique Rodriguez)