(Actualisé avec BCE, communiqué du Comité de Bâle)

MADRID/LONDRES, 20 mars (Reuters) - Les autorités bancaires internationales ont discuté vendredi d'un possible assouplissement d'une importante norme comptable afin d'éviter à de nombreuses banques de passer de lourdes provisions sur des prêts à des entreprises en difficulté à cause de la pandémie de coronavirus, a-t-on appris de source directement impliquée dans ces pourparlers.

Le Comité de Bâle, qui réunit les principales autorités du secteur, a confirmé par la suite avoir organisé une téléconférence pour débattre de l'impact de la pandémie sur les banques.

"Les banques et les superviseurs doivent rester vigilants à la lumière du caractère évolutif du Covid-19, pour assurer que le système bancaire mondial reste financièrement et opérationnellement résilient", a-t-il dit.

Alors que la Banque d'Angleterre et la Banque centrale européenne (BCE) ont affirmé chacune de leur côté leur volonté d'amortir l'impact des règles en vigueur, le Comité de Bâle n'a fait aucune mention spécifique de la norme IFRS9 sur le provisionnement des créances à risque, une règle considérée comme la plus problématique dans la situation actuelle.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des modifications.

"Dans les prochains jours, le Comité étudiera des mesures supplémentaires visant à soutenir la résilience financière des banques (...) en cette période sans précédent", a-t-il dit.

"Mettons nous d'accord pour une sorte de gel de la situation", a dit la source proche des discussions. "Il y a une inquiétude croissante sur les pertes potentielles que les banques pourraient subir en lien avec les entreprises".

Les provisions passées dans ses comptes par une banque pour couvrir les pertes éventuelles liées au défaut d'un emprunteur affectent directement son compte de résultats et entament ses fonds propres, une perspective particulièrement préoccupante en période de tension financière.

La règle IFRS9 de valorisation des créances, susceptible d'obliger à en provisionner tout ou partie, a été instaurée pour éviter un renouvellement de la crise financière de 2008 et prévenir des situations dans lesquelles les Etats devraient renflouer des banques sur fonds publics pour préserver leur système financier.

La BCE, membre du Comité de Bâle, a encouragé vendredi les banques à éviter de restreindre leur capacité de crédit en appliquant de manière "procyclique" la norme IFRS9.

De son côté, la Banque d'Angleterre a recommandé de prendre en compte la nature temporaire du choc en cours et d'intégrer dans l'estimation des pertes futures les mesures de soutien annoncées par les pouvoirs publics, parmi lesquelles figurent des moratoires sur certains prêts. (Jesus Aguado et Huw Jones, version française Marc Angrand, édité par Bertrand Boucey)