Les marchés actions ont clôturé hier sur des parcours assez disparates, qui ne remettent pas en cause le nouveau sentiment dominant : la banque centrale américaine a abaissé d'un cran son niveau d'alerte sur l'inflation. Le message a été passé par le président de l'institution lui-même, Jerome Powell, mercredi soir. Un sentiment renforcé par des statistiques macroéconomiques qui sont venues étayer le scénario. L'inflation PCE américaine, que la Fed, dit-on, regarde beaucoup, a ralenti un peu plus que prévu. Les indicateurs d'activité PMI sont en zone de contraction. Dans l'esprit des investisseurs, moins d'inflation et une activité économique ralentie sont le signe que la banque centrale va pouvoir modérer le rythme de son cycle de resserrement monétaire. Le patron de la Fed de New York, John Williams, a bien tenté hier de réfréner l'optimisme ambiant, mais il n'a pas fait peur à grand monde. Un peu comme quand Emmanuel Macron critique Elon Musk pour avoir diminué la modération sur Twitter. Musk doit avoir très peur.

Dans le même temps, le marché du travail ne donne que peu de signes d'affaiblissement aux Etats-Unis et la consommation des ménages a l'air de tenir. Si l'on mixe cela avec la réduction de la pente inflationniste précitée, on tombe à peu près sur le scénario estampillé depuis des mois comme étant le moins défavorable : une Fed punitive mais un atterrissage économique en douceur. Ça c'est sur le papier évidemment, mais ça tient debout. Les marchés vont chercher aujourd'hui la prophétie autoréalisatrice de cette analyse dans les chiffres du marché du travail de novembre aux Etats-Unis, qui seront annoncés à 14h30. On peut imaginer, et je parle sous le couvert de moi-même uniquement (autant dire qu'il vaut mieux se méfier), que des chiffres inférieurs aux attentes, mais pas trop, iraient parfaitement dans le sens de ce que les investisseurs attendent. Le plan qui se déroule sans accroc cher au fameux philosophe contemporain Hannibal Smith.

Dans ce genre de situation et pour éviter de tomber dans le piège des feux de paille, il faut aller regarder les autres roues crantées du grand mécano financier. Le fait est qu'ils ont l'air de raconter la même histoire. La dette américaine à 10 ans est rémunérée 3,54% ce matin, alors qu'elle était à 4,2% il y a un mois. Les financiers s'attendent donc à ce que le pic des taux soit moins élevé qu'ils ne l'avaient redouté, ce qui est un signal positif pour les marchés actions. Même topo sur le dollar, qui a nettement flanché. Le dollar index, qui compare la monnaie américaine à un panier des devises les plus utilisées dans le monde, est au plus bas depuis le mois de juin. Là encore, c'est un signe fort de ce que le marché anticipe pour la politique monétaire des Etats-Unis.

Hier donc, les indices européens ont généralement terminé en hausse, le FTSE londonien excepté, tandis que les Etats-Unis sont restés indécis jusqu'au bout. En dépit d'une envolée de 4,6% la veille, le Nasdaq 100 a encore grappillé 0,1%, confirmation d'un retour de la libido du marché pour les actifs à risque. Le S&P500 a cédé 0,1%. Le Dow Jones a flanché plus lourdement (-0,56%), mais il a été victime d'un accident de parcours de Salesforce, qui a plongé de 8% après avoir annoncé le départ en janvier de son co-dirigeant. La baisse de 2% de la plus grosse capitalisation de l'indice, UnitedHealth, n'est pas étrangère non plus à ce décalage de performance avec le S&P500. Pendant que ça s'agite aux Etats-Unis, il faut quand même noter le stoïcisme des actions européennes, qui poursuivent leur remontée méthodique au point que, je le disais plus tôt cette semaine, le CAC40 français, l'IBEX espagnol ou le FTSE 100 britannique sont en hausse sur un an.

Il faut donc retenir aujourd'hui la publication des chiffres de l'emploi américain en début d'après-midi. Notez aussi que l'OPEP+ donnera dimanche des indications sur sa politique de production en 2023, probablement après que l'UE se sera déterminée sur un prix de plafonnement du pétrole russe. Dans le volet géopolitique, Joe Biden s'est dit prêt à discuter avec Vladimir Poutine de la fin de la guerre en Ukraine, ce qui a été perçu par les spécialistes comme la plus grande ouverture au dialogue de Washington depuis le début du conflit. En Chine, les bons connaisseurs des us et coutumes du PCC pensent que les dirigeants pourraient officialiser une vision plus pragmatique vis-à-vis du Covid début décembre. Comprendre refuser de reconnaître que la politique zéro-covid n'a pas eu les résultats escomptés, mais changer officiellement de cap. Les financiers sont évidemment à l'affût car cela rendrait la Chine à nouveau fréquentable pour l'investissement.

La semaine se termine dans le rouge en Asie Pacifique, notamment au Japon où la glissade du dollar, ou plutôt la remontée du yen, catapulte le Nikkei 225 en baisse de 1,6%. Mêmes symptômes en Corée du Sud, mais avec le won cette fois, et un KOSPI à -1,8%. L'Inde et l'Australie cèdent un peu moins de 1%, tandis que les places chinoises sont plutôt en retrait de 0,5%. Les indicateurs avancés européens sont légèrement baissiers, comme leurs homologues américains. Le CAC40 perdait 0,5% à 6722 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Les chiffres de l'emploi de novembre aux Etats-Unis occuperont le terrain à 14h30. Tout l'agenda macro ici.

L'euro remonte encore à 1,0524 USD. L'once d'or continue de profiter de l'affaiblissement du billet vert pour se rapprocher de 1800 USD. Le pétrole est assez stable, avec un Brent de Mer du Nord à 87,06 USD le baril et un brut léger américain WTI à 81,28 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans recule à 3,54%. Le bitcoin s'échange autour de 16 950 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • 4imprint : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 4800 GBp.
  • ABN Amro : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 11 à 13,20 EUR.
  • Adevinta : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 77 NOK.
  • Ahold Delhaize : Morgan Stanley reprend le suivi à surpondérer en visant 35,71 EUR.
  • Air France-KLM : J.P. Morgan reprend le suivi à neutre en visant 1,30 EUR.
  • AXA : KBW passe de surperformance à performance de marché en visant 28 EUR.
  • bioMérieux : AlphaValue reste à alléger avec un objectif de cours relevé de 103 à 110 EUR.
  • Colruyt : Morgan Stanley reprend le suivi à souspondérer en visant 25,90 EUR.
  • Cyan : Kepler Cheuvreux reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 4 à 3,50 EUR.
  • Galp Energia : J.P. Morgan passe neutre à surpondérer.
  • Generali : KBW passe de performance de marché à surperformance en visant 21 EUR.
  • Hennes & Mauritz : Goldman Sachs passe de vendre à neutre en visant 135 SEK.
  • Ipsen : Jefferies reprend le suivi à l'achat en visant 126 EUR.
  • J Sainsbury : Morgan Stanley reprend le suivi à souspondérer en visant 220 GBp.
  • KBC : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 69 à 70 EUR.
  • Kerry : Citigroup passe d'acheter à neutre en visant 100 EUR.
  • Lufthansa : J.P. Morgan reprend le suivi à surpondérer en visant 9,80 EUR.
  • Sensirion : Research Partners reste à l'achat avec un objectif réduit de 140 à 135 CHF.
  • Tecan : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 483 à 493 CHF.
  • TotalEnergies : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 66 à 68 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Sanofi précise qu'une offre sur Horizon Therapeutics, si elle devait être faite, serait réalisée en numéraire.
  • Saint-Gobain boucle la cession de son activité Cristaux et Détecteurs pour 203 M€.
  • Teleperformance veut redorer son blason en signant un accord mondial avec la fédération UNI Global Union.
  • Vinci vend un immeuble à la foncière Tour Eiffel et acquiert une concession autoroutière au Brésil.
  • Edenred Capital investit dans 5Mins AI, la plateforme d'apprentissage inspirée de TikTok.
  • Gaztransport & Technigaz remporte une commande de cuves pour sept nouveaux méthaniers.
  • Kalray lance une levée de fonds et précise ses ambitions. Le produit atteint 24,4 M€, à 16,50 EUR l'action.
  • Cabasse lève des fonds et entre sur Euronext Growth.
  • Europlasma annonce une première livraison de déchets amiantés depuis la Suisse.
  • Metadvertise rachète Triple A / PM SA.
  • Autres publications : Aramis, Groupe LDLC, Oeneo, Vantiva

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Le chinois Contemporary Amperex Technology détient 35,3% du marché des batteries pour véhicules électriques en 2022.
  • Le président de Crédit Suisse annonce que les sorties de fonds ont cessé.
  • Muddy Waters surenchérit sur les écarts de bilans de dLocal.
  • ABB investit 150 M$ dans une usine de robots à Shanghai.
  • AMS-Osram finalise la cession de Traxon Technologies.
  • Polypeptide va manquer ses objectifs en raison de problèmes opérationnels.
  • KBC salue la décision d'approuver la vente de la quasi-totalité de ses actifs et passifs de crédits performants à Bank of Ireland Group.
  • Wells Fargo supprime plusieurs centaines d'emplois dans sa branche de financement hypothécaire.
  • UnitedHealth, Coloplast et Nike détachent leurs dividendes.
  • VAT Group fixe ses objectifs 2027.
  • Principales publications du jour : Fast Retailing, Terna EnergyTout l'agenda ici.

Lectures