Genève (awp) - Descendant d'une prestigieuse dynastie (Porsche, VW), Toni Piëch s'apprête à redonner vie à l'industrie automobile helvétique. Piëch Automotive présentera mardi, en lever de rideau du Salon de l'auto à Genève, son nouveau modèle Piëch Mark Zero, une voiture de sport électrique estampillée suisse valant quelque 200'000 francs suisses.

"Nous avons choisi le Salon de Genève pour une question de date, trois ans avant la commercialisation prévue de la voiture, mais aussi parce que cette manifestation s'est fait un nom dans l'innovation. Elle met clairement l'accent sur l'électrique et présente un charme que nous ne retrouvons pas forcément ailleurs", a déclaré lundi à AWP le porte-parole de Piëch Automotive, Peter Thul.

Le "mystère" autour du nouveau modèle a été faussement entretenu ces dernières semaines, les informations étant progressivement distillées dans les médias germanophones, au point de mettre le milieu en ébullition. Dans le programme initial du Salon de l'auto, la présentation de la voiture ne figurait pas nommément.

L'invitation pour mardi à 11h45 mentionnait simplement "New Star", sans autre précision. Mais le fait qu'il s'agissait en fait de "la" Piëch Mark Zero est vite devenu un secret de Polichinelle. "Si nous avions mis d'entrée le nom de Piëch, nous aurions été assaillis de demandes en provenance d'Allemagne, où ce patronyme est mythique", a précisé le directeur du Salon André Hefti.

Codirecteur - aux côtés du designer Rea Stark Rajcic - de Piëch Automotive, Toni (Anton) Piëch, 40 ans, est un des douze enfants de l'ancien patron de l'empire Volkswagen, Ferdinand Piëch. Sa mère est Marlene Porsche, par ailleurs ex-épouse de Gerhard Porsche, cousin de Ferdinand Piëch. De ces épisodes dignes du feuilleton "Dallas", comme le relèvent les médias allemands, naît aujourd'hui un prolongement industriel plutôt inattendu.

La Piëch Mark Zero a été conçue à Zurich et constitue le premier produit d'une "famille de véhicules" qui doit arriver sur le marché dans les trois prochaines années: une voiture sportive type SUV, un modèle à deux places et un autre à quatre places. La production totale annuelle de ces modèles est attendue entre 8000 à 10'000 unités, a précisé M. Thul.

Recharge très rapide

La Piëch Mark Zero repose sur une architecture flexible, sorte de châssis modulable, adaptable à différents modèles de propulsion et styles de carrosserie. Outre son prix qui en impose, elle se distingue par une technologie se voulant à la fois sportive, luxueuse et innovante.

Le système électrique permet une recharge rapide: 80% des capacités de la batterie se remplissent en 4 minutes 40 secondes. L'autonomie atteint 500 km. La voiture pèse moins de 1800 kg et permet d'atteindre les 100 km/h en 3 secondes environ (3''2).

L'horizon pour la commercialisation est fixé à trois ans. Les besoins de financement sont de l'ordre de 500 millions de francs suisses, pour toute la gamme des voitures. "Les négociations sont bien engagées, avec plusieurs investisseurs potentiels. Une entrée en Bourse constitue aussi une option possible", a précisé le porte-parole.

Pïech Automotive - qui emploie une vingtaine d'employés, pour un total de quelque 200 personnes impliquées plus ou moins étroitement dans ses projets - combine la culture suisse avec le savoir-faire de l'ingénierie automobile allemande. "Toni Piëch est né en Allemagne mais a grandi en Suisse. L'entreprise est basée à Zurich, avec un pied à Munich, et le modèle a été conçu en Suisse. La production se fera cependant ailleurs", a indiqué M. Thul.

Le marché suisse est qualifié de "très intéressant". D'une part eu égard au pouvoir d'achat des clients, mais aussi au potentiel de l'électrique. La Chine, l'Allemagne, d'autres pays européens et aussi éventuellement les Etats-Unis (Californie) figurent également dans le collimateur.

op/fr