Mais ce n'était rien à côté de ce qui s'est passé durant le weekend. Vous voulez que les cours chutent ? Vous allez voir ce que vous allez voir, a répliqué l'Arabie Saoudite. Riyadh a décidé d'ouvrir les vannes en grand. Sur le marché, cela a donné ça :

Chute des cours pétroliers

Vous ne rêvez pas : le pétrole chute de 30% ce matin. Le Brent se négocie 32,40 USD, contre près de 70 USD en début d'année et 86 USD en octobre 2018. La bonne nouvelle, c'est que les prix à la pompe vont baisser. Mais comme de toute façon on n'a plus le droit de se déplacer à cause du coronavirus...

Modéliser les conséquences de cette nouvelle guerre pétrolière est complexe. On pourrait citer les dégâts que va subir l'industrie américaine du pétrole de schiste à court terme, ce qui est peut-être l'intention première de la Russie (relisez "Quand les Etats-Unis fracturent le marché pétrolier"). Mais modéliser ses conséquences en pleine tempête du coronavirus est encore plus difficile. L'épidémie poursuit sa progression avec son lot d'annulations, de restrictions voire de quarantaines strictes, comme en Italie du Nord, où le taux de mortalité dépasse celui des autres zones. En Chine, le nombre de cas plafonne, sans toutefois avoir atteint le point de bascule. Tous les pays apprennent tant bien que mal à gérer la situation sur le tas.

Par rapport à la semaine dernière, le débat s'est déplacé sur la façon de soutenir les entreprises rattrapées par le trou d'air économique lié à l'épidémie, des plus grosses aux plus petites. C'est à la une de la presse économique en France, comme aux Etats-Unis, en Allemagne ou au Royaume-Uni. C'est là aussi un sujet épineux, mais vital. Une réponse politique un tant soit peu coordonnée serait la bienvenue. 

Ce matin, les marchés financiers, qui étaient déjà convalescents, subissent un second KO avec le retour de la guerre de l'or noir. Les indices des économies très exposées aux échanges (Japon) ou aux matières premières (Australie) s'effondrent. Les indicateurs avancés en Europe et aux Etats-Unis sont en ambiance krach : le CME a indiqué que les contrats futures US avaient touché leur plancher technique de -5% cette nuit. Le CAC40 perdait plus de 6% peu après l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

Il n'y aura pas beaucoup d'indicateurs macro-économiques aujourd'hui, à l'exception de la production industrielle et de la balance commerciale en Allemagne (8h00).

L'euro poursuit son ascension face au billet vert, à 1,1408 USD. L'once d'or a touché 1700 USD avant de redescendre à 1666 USD. Nous l'avons vu plus haut, le pétrole s'effondre de 30%, à 28,175 USD le baril de Brent et 32,23 USD le baril de WTI. Le taux du 10 ans américain poursuit son périple en terra incognita, à 0,52%. Le Bitcoin recule de 2%, sous les 8000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Admiral : J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 2125 GBp.
  • AFC Ajax : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 32 EUR.
  • Anheuser-Busch Inbev : Deutsche Bank reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 90 à 67 EUR.
  • Atlantia : Citi passe d'achat à neutre en visant 21 EUR.
  • BNP Paribas : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 53 EUR.
  • Borussia Dortmund : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 12 EUR.
  • Deutsche Börse : Berenberg passe de vendre à conserver avec un objectif de cours relevé de 149 à 155 EUR.
  • Direct Line : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 350 GBp.
  • Dormakaba : Société Générale passe de vendre à conserver en visant 565 CHF.
  • ENI : Bernstein passe de surperformance à performance de marché en visant 11 EUR
  • Equinor : Bernstein passe de surperformance à performance de marché en visant 150 NOK.
  • Henkel : RBC passe de neutre à surperformance en visant 94 EUR.
  • IP Group : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 160 à 95 GBp.
  • JCDecaux : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 29,20 à 24,50 EUR.
  • Juventus : Berenberg démarre le suivi à conserver en visant 0,80 EUR.
  • Kion : HSBC passe de conserver à acheter en visant 64 EUR.
  • Olympique Lyonnais Groupe : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 3,85 EUR.
  • Ryanair : MainFirst passe de conserver à acheter en visant 14,50 EUR.
  • Repsol : Bernstein passe de surperformance à performance de marché en visant 11 EUR.
  • Shell : Bernstein passe de surperformance à performance de marché en visant 1700 GBp.
  • Total : Bernstein passe de surperformance à performance de marché en visant 36 EUR.

L’actualité des sociétés

Pas beaucoup d'actualités ce matin : les entreprises n'ont pas vraiment envie de communiquer dans le contexte actuel. Schneider émet 800 M€ d'obligations à 9 ans à 0,25%. Nexity a racheté 65% du capital du développeur immobilier allemand Pantera, le solde restant aux mains du fondateur et directeur général. Le partenaire licencié de Nicox, Bausch + Lomb, peut vendre Vyzulta à Taiwan. Valneva va participer à un nouvel appel d'offres de l'armée américaine pour un vaccin contre l'encéphalite japonaise, Ixiaro étant à ce jour le seul vaccin existant. Plant Advanced Technologies crée une nouvelle filiale, Cellengo, spécialisée en fermentation microbienne. Covivio et Harvest ont publié leurs comptes.

Le secteur aérien souffre, même si sa note kérosène va reculer : Lufthansa aurait demandé le soutien de Berlin pour traverser la crise. Vodafone et Telecom Italia ont reçu le feu vert de la Commission européenne pour rapprocher leurs activités dans les tours télécoms en Italie, sous réserve du respect des engagements déjà pris. La FDA autorise l'Isturisa de Novartis dans le traitement de la maladie de Cushing. Toujours cloué au sol, le B737MAX continue à faire l'objet de sévères critiques, notamment des parlementaires américains, tandis que la FAA demanderait à Boeing d'améliorer encore le câblage de l'appareil. Le logisticien Kuehne + Nagel a vendu une partie de ses actifs en Grande-Bretagne à XPO Logistics.

Il reste quelques publications de résultats d'entreprises, comme Leg Immobilien, ICA Gruppen, Acea, Belimo et Siltronic en Europe, ou Vail Resorts, et Thor Industries aux Etats-Unis.