Les marchés actions occidentaux ont terminé la semaine précédente sur une note mitigée, mais sans se départir d'un fond d'optimisme qui autorise quelques citations au tableau d'honneur. Tenez, par exemple : cela fait maintenant neuf semaines consécutives que l'indice CAC40 français reprend du terrain, ce qui lui permet de dépasser ses niveaux du mois d'avril dernier. Pour l'anecdote, les principaux moteurs de la hausse s'appellent Publicis, une valeur qui a longtemps été laissée pour compte, EssilorLuxottica et Hermès. Les autres indices boursiers sont eux-aussi sur la pente ascendante. Wall Street a pu compter sur une séance de mercredi explosive à la hausse pour faire oublier des journées plus ternes et afficher un bilan hebdomadaire positif.

J'écrivais vendredi dans le point de marché hebdomadaire de Zonebourse que les investisseurs sont un peu "perdus dans les statistiques". En gros, le marché sent qu'un cap a été franchi dans la politique monétaire, grâce aux chiffres d'inflation moins délirants que sur les neuf premiers mois de l'année. Ils entrevoient donc le moment où les tours de vis cesseront. Je dirais même qu'ils sont prêts à accepter que les taux restent relativement élevés par rapport à la période récente, du moment qu'ils ne montent plus (je rappelle ici que les taux sont démesurément faibles depuis la crise financière de 2008, par rapport à leurs moyennes historiques).

La "réussite" présumée de la politique monétaire punitive est d'ailleurs visible dans les indicateurs avancés, comme les PMI, qui montrent que l'activité est en contraction un peu partout dans l'industrie comme dans les services. Calmer la surchauffe économique, c'est participer à une réduction de l'inflation, du moins sur le papier. Le truc qui chiffonne les financiers, c'est que toutes les statistiques ne convergent pas vers le même point. En d'autres termes, certains indicateurs n'ont pas capitulé, loin de là : la consommation des ménages et le marché du travail en particulier aux Etats-Unis. Ce qui fait craindre une boucle de rétroaction sur l'inflation, si la politique monétaire redevenait plus souple.

Toujours aussi bavards, les banquiers centraux promettent déjà des jours meilleurs. C'est le cas du patron de la Fed Jerome Powell, qui a surpris son monde la semaine dernière en quittant son costume de père fouettard plus tôt que prévu. C'est aussi le cas de plusieurs membres de la BCE à ce que je lis ce matin : ils clament que l'inflation est en passe d'être mise en coupe réglée en Europe. L'avenir dira si cette prise de risque, car c'en est une, était opportune.

Outre la politique monétaire, les investisseurs ont un second os à ronger actuellement, et heureusement. La Chine est en train d'abandonner sa politique zéro-covid. J'ignore si c'est sous le coup de la pression populaire, des statistiques d'activité catastrophiques ou par crainte d'un décrochage économique vis-à-vis des Etats-Unis. Probablement une combinaison de plusieurs facteurs. Quoi qu'il en soit, ce qui paraissait hypothétique avant le dernier congrès du parti communiste est en train de se concrétiser : la Chine est en cours de réouverture. Cela crée un appel d'air, d'autant que le passif boursier chinois est considérable. A titre indicatif, l'indice MSCI Chinois est à -30% en 2022, contre -11,5% pour le MSCI World. A court terme, la spéculation s'empare des dossiers qui s'étaient effondrés dernièrement. Mais le mouvement, s'il se confirme, relancera des mécaniques de fond beaucoup plus puissantes.

Voici les informations qu'il faut avoir en tête pour démarrer la semaine :

  • L'OPEP+ a maintenu sa production pétrolière inchangée. Dans le même temps, l'UE a fixé un niveau de prix plafond de 60 USD pour les exportations de pétrole russe. J'avais expliqué il y a quelques temps la mécanique complexe permettant de restreindre les prix d'une nation tierce. Pas sûr que ça fonctionne, ni que l'effet soit spectaculaire. D'ailleurs ce "plafond" est supérieur au prix de commercialisation actuel du pétrole russe sur le marché mondial.
  • En Iran, la police des mœurs a été abolie, selon le procureur général du pays, mais la nouvelle reste à confirmer.
  • En Chine, le pouvoir central semble donner du mou aux autorités locales dans le choix de leur politique sanitaire.
  • L'agence de notation S&P a abaissé vendredi la perspective de la notation crédit de la France de "stable" à "négative". L'agence souligne les risques croissants pour les finances publiques et les conséquences budgétaires pouvant en résulter. L'Hexagone est noté "AA" dans l'échelle S&P, ce qui est une note très élevée. La perspective négative signifie qu'elle tend vers l'étage inférieur plutôt que le palier du dessus. Il s'agit des conséquences du "quoi qu'il en coûte" des économies occidentales. En un sens, S&P a mis un sacré bout de temps à dégainer au regard de la dérive des finances publiques.
  • Les dirigeants européens s'inquiètent des conséquences de la loi américaine sur la réduction de l'inflation. Et ils ont raison. Les Etats-Unis, en appliquant une bonne couche de peinture verte à leur texte, déroulent le tapis rouge aux industriels européens pour qu'ils installent leurs unités de production outre-Atlantique.
  • On a coupé le sifflet aux membres de la banque centrale américaine, qui n'ont plus le droit de s'exprimer avant une réunion de politique monétaire (un "blackout" qui a démarré le 3 décembre pour la réunion des 13 et 14 décembre de la Fed).

En Asie Pacifique, Tokyo et Séoul digèrent toujours mal la chute du dollar, perçue comme pénalisante pour ces deux économies très tournées vers l'export. Bombay n'est pas non plus à la fête. Par contraste, c'est bien mieux sur les marchés chinois, en particulier à Hong Kong où les indices sont plus volatils qu'en Chine continentale. Le Hang Seng prend ainsi plus de 3%. L'Australie gagne quelques points. Le CAC40 a démarré la séance en retrait de 0,15% à 6732 points.

Les temps forts économiques du jour

S&P publiera tout au long de la journée les versions finales des indices PMI des services du mois de novembre. Aux Etats-Unis, le PMI sera complété par l'ISM des services et les commandes de biens durables (16h00). Tout l'agenda macro ici. Cette nuit, l'indice PMI Caixin final des services a ressorti à 46,7 points, en-deçà de l'estimation initiale et en berne par rapport à octobre.

L'euro remonte fort à 1,0582 USD. L'once d'or continue de profiter de l'affaiblissement du billet vert pour se rapprocher de 1810 USD. Le pétrole a légèrement reculé, avec un Brent de Mer du Nord à 86,21 USD le baril et un brut léger américain WTI à 80,64 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans s'établit à 3,53%. Le bitcoin s'échange autour de 17 300 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adecco : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 30,10 CHF.
  • Adevinta : ABG passe de conserver à acheter.
  • Biocartis : KBC reprend le suivi à l'achat en visant 1,20 EUR.
  • Burberry : HSBC passe de conserver à alléger en visant 1950 GBp.
  • Compagnie Plastic Omnium : J.P. Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 14 EUR.
  • CRH : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 50,30 à 51,60 EUR.
  • Deutsche Bank : Oddo BHF passe de sousperformance à surperformance en visant 13 EUR.
  • Geberit : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 376 à 346 CHF.
  • Grifols : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 14 EUR.
  • Kingspan : Jefferies passe de conserver à sousperformance en visant 45,90 EUR.
  • Lindt : Bernstein passe de surperformance à performance de marché en visant 100 000 CHF.
  • Novartis : Stifel passe de conserver à acheter en visant 97 CHF.
  • Orsted : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 1000 à 800 DKK.
  • Persimmon : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 1436 GBp.
  • Porsche AG : HSBC démarre le suivi à conserver en visant 104 EUR.
  • Saint-Gobain : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 65 EUR.
  • Siegfried : Vontobel passe de conserver à acheter en visant 800 CHF.
  • Sika : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 288 à 284 CHF.
  • Spirax : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif réduit de 11 460 à 9 910 GBp.
  • UBS : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 21 à 23 CHF.
  • UCB : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 74 EUR.
  • Vinci : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 105 à 115 EUR.
  • Vitesco : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 65 EUR.
  • Watches of Switzerland : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 1100 GBp.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Renault et Nissan n'annonceront pas un accord le 7 décembre, faute d'avoir tout aplani.
  • TotalEnergies signe avec Air France-KLM un contrat de fourniture de carburant d'aviation.
  • Gaztransport & Technigaz partiellement entendu dans son appel en Corée contre l'autorité locale de la concurrence.
  • Valneva annonce des données positives pour son candidat vaccin contre le Chikungunya.
  • Bénéteau relève ses prévisions.
  • Korian ouvre trois nouvelles cliniques en France.
  • CGG lance un projet de données du sous-sol pour l'industrie minière en Arizona.
  • Antin prend le contrôle d'OpticalTel.
  • Le rachat d'Olympique Lyonnais par John Textor prend encore du retard.
  • Lucibel signe un partenariat commercial avec la société High Level Skin pour son masque de beauté.
  • Electricité de France cède une filiale américaine pour 505 M$.
  • Hybrigenics vise 60 M€ de chiffre d'affaires en 2025.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Janssen (Johnson & Johnson) n'est plus intéressé par Horizon Therapeutics.
  • United Airlines serait en passe de signer une grosse commande avec Boeing pour des B787.
  • Reckitt s'attend à une poursuite de la pénurie sans précédent de lait infantile qui sévit aux Etats-Unis jusqu'au printemps prochain.
  • Les Etats-Unis dévoilent le nouveau bombardier furtif B-21 de Northrop Grumman.
  • Amazon et Apple relancent la publicité sur Twitter.
  • Le procès de l'ancien PDG de Wirecard et de deux autres responsables démarre jeudi, deux ans et demi après la faillite.
  • Ocado interrompt son plan d'expansion en raison du ralentissement de la demande de livraison d'épicerie en ligne, selon le FT.
  • ABB a accepté de payer 327 M$ aux Etats-Unis, à l'Afrique du Sud, à la Suisse et à l'Allemagne pour solder des poursuites de corruption.
  • HSBC est sorti de la Bourse des métaux de Londres, a annoncé le LME, dans le cadre de son recentrage.
  • Novartis annonce un succès clinique du Pluvicto contre le cancer de la prostate.
  • La consommation mondiale de bière "premium" continue de croître malgré les difficultés économiques, a indiqué Heineken.
  • Akzo Nobel acquiert le segment des revêtements pour roues en aluminium du fabricant de peinture allemand Lankwitzer Lackfabrik.
  • La filiale d'huiles de base du géant pétrolier saoudien Aramco, Luberef, espère lever jusqu'à 4,95 milliards de riyals (1,32 milliard de dollars) lors de son introduction en bourse.
  • Cigna et Ross Stores détachent leurs dividendes.

Lectures