Mais le fait est que les remous de l'affaire Archegos que j'évoquais hier ici même n'ont pas beaucoup contrarié les marchés, même s'ils ont encore mis en lumière les mauvaises habitudes des intermédiaires financiers, qui perdent la mémoire du risque dès qu'ils sont grisés par la hausse des indices. L'avidité et les effets de levier, un bon vieux cocktail, ont fait le reste. Warren Buffett a l'habitude de citer son associé Charlie Munger quand il explique qu'il y a trois façons pour une homme intelligent de se ruiner : l'alcool, les dames et l'effet de levier. Mais Buffett pense que le seul vrai risque est l'effet de levier. Les dames apprécieront probablement de ne pas être considérées comme un risque financier. 

Dans la situation d'Archegos, le débouclage en catastrophe de positions trop risquées a provoqué de sacrés dégâts chez les intermédiaires. Les rouages les plus complexes ne dépasseront sans doute pas la sphère des initiés, mais il apparaît que les banques qui étaient en affaire avec le family office de Bill Hwang ont tenté la semaine dernière de se concerter pour minimiser les conséquences de la déconfiture d'Archegos. Le Financial Times explique que Goldman Sachs, Morgan Stanley, Credit Suisse, UBS et Nomura ont organisé une réunion avec Archegos avant que l'affaire ne devienne publique. Mais elles ont échoué à se coordonner, avant de tout faire pour sauver leur peau mieux que la concurrence. Aux dépens manifestement de Nomura et de Crédit Suisse, qui se retrouveraient respectivement avec 2 et 3 à 4 milliards de dollars de pertes. Des montants qui restent à confirmer.

Le retour des lourdes pertes bancaires a logiquement plombé le secteur hier, au-delà même des punitions individuelles qui ont frappé Nomura (-16%) et le Crédit Suisse (-13,8%). Hors pétrole, il reste le principal bénéficiaire de la rotation sectorielle en faveur des valeurs décotées en 2021 avec plus de 16% de hausse en moyenne en Europe depuis le 1er janvier, et 22% aux Etats-Unis. Hier, Wall Street a terminé en ordre dispersé mais dans des marges étroites, sans réelle tendance sectorielle marquée, à l'exception donc des bancaires et d'un petit biais en faveur des actions défensives. Les investisseurs ont pris leur parti d'une Europe (hors Royaume-Uni) qui prend du retard pour sortir de la crise du coronavirus alors que les Etats-Unis accélèrent. A cela s'ajoute un peu d'attentisme de fin de trimestre.

Pour terminer, quelques mots sur la nouvelle stratégie de la banque allemande Berenberg que je découvre ce matin. Elle a choisi de passer d'un portefeuille traditionnel 60/40 (actions/obligations) à un portefeuille "40/20/20/20", mieux adapté selon elle à un "monde post-covid", y-compris un retour de l'inflation. Le "40" correspond à panier d'actions qui fait la part belle à une exposition mondiale, à la croissance défensive, à l'ESG et au numérique. Le premier "20" fait référence à 20% d'obligations (notamment du 10 ans chinois, des obligations vertes et des obligations américaines bien notées), le second à 20% de "couverture de liquidité" par laquelle Berenberg s'expose à l'or et même le bitcoin. Enfin, les derniers 20% sont consacrés aux "actifs alternatifs" comme les renouvelables, le bois, l'immobilier, les métaux industriels ou le carbone. Je développerai probablement un peu plus cette approche dans un article dédié cette semaine.

Le CAC40 gagne 0,45% à 6045 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

L'indice de confiance des affaires en Europe (11h00) précèdera les premiers chiffres de l'inflation allemande de mars (14h00).

L'euro se négocie 1,1768 USD, tandis que l'once d'or se replie à 1707 USD. Le pétrole digère son rebond de la veille, avec un WTI à 61,73 USD et un Brent à 65,14 USD. Le T-Bond 10 ans offre un rendement en hausse à 1,74 %. Le Bitcoin recule en direction des 57 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • 888 Holdings : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 400 GBp.
  • AB Volvo : UBS passe de neutre à vendre en visant 188 SEK.
  • Airbus : Citigroup passe d'acheter à neutre en visant 106 EUR.
  • BAE Systems : Bernstein passe de performance de marché à surperformance en visant 620 GBp.
  • Compleo Charging Solutions : Commerzbank passe de conserver à acheter en visant 115 EUR.
  • Continental : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 118 EUR.
  • EDP Renovaveis : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 22 EUR.
  • Entain : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 1851,50 GBp.
  • Fevertree : RBC passe de surperformance à performance sectorielle en visant 2000 GBp.
  • Haulotte : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 7,50 EUR.
  • Henkel : Bernstein reprend le suivi à la performance de marché en visant 83 EUR.
  • Iberdrola : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 11,80 EUR.
  • ITM Power : Barclays démarre le suivi à surpondérer en visant 800 GBp.
  • Moncler : Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 55 EUR.
  • Nel ASA : Barclays démarre le suivi à surpondérer en visant 40,50 NOK.
  • Ontex : Barclays passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 9,70 EUR.
  • Schweiter : UBS passe de neutre à vendre en visant 1350 CHF.
  • Siemens : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 166 à 170 EUR.
  • The Swatch Group : Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 325 CHF.
  • Unilever : Bernstein reprend le suivi à sousperformance en visant 4000 GBp.
  • Volkswagen : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 286 à 284 EUR.
  • Vranken-Pommery Monopole : Gilbert Dupont passe d'achat à accumuler en visant 17,20 EUR.

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