Le 29 mars est manifestement une journée propice aux acquisitions des dirigeants qui ont le nez creux. D'ailleurs, si Elon Musk avait racheté Twitter un 29 mars, il aurait peut-être éviter de payer la société deux ou trois fois son prix. La preuve ? Google avait racheté YouTube le 29 mars 2006 pour 1,65 Md$, et en actions en plus. Et c'est le 29 mars 2012 que Meta Platforms, qui s'appelait alors Facebook, a mis la main sur Instagram pour 1 Md$. On parlera d'ailleurs un peu plus bas d'une autre opération d'envergure dans le secteur technologique, mais d'une scission cette fois, celle d'Alibaba.

En ce qui concerne ce 29 mars 2023, les investisseurs ont l'air un peu perdus dans la jungle des signaux contradictoires. C'est l'impression qui ressort de la séance de la veille, lors de laquelle les indices occidentaux ont oscillé autour de l'équilibre, sans vraiment se décider. Les places européennes ont généralement affiché de légères progressions pendant que Wall Street a perdu du terrain, sans clôturer pour autant au plus bas de la séance. A Paris, le CAC40 a bouclé sur un gain de 0,14%, soutenu par ses deux poids-lourds traditionnels. TotalEnergies, dopé par le vigoureux rebond du pétrole. Et Sanofi, qui bénéficie d'un courant acheteur alimenté par de bonnes nouvelles cliniques et son positionnement défensif. Pour le reste, les technologique de l'indice (Dassault Systèmes, Worldline) ont souffert dans le sillage du secteur et les banques ont à peine accusé le coup d'une vague de perquisitions en relation avec le système européen d'optimisation fiscale des dividendes, connu sous le nom de "CumCum". Si cette affaire a fait grand bruit hier dans les médias, je rappelle que ces montages ont été révélés il y a plus de dix ans et que le nom des établissements concernés avait déjà fuité en 2018 (le Crédit Agricole avait été mentionné à l'époque mais n'a pas été perquisitionné, apparemment).

Des deux côtés de l'Atlantique, la panique bancaire a l'air de se calmer. Le marqueur américain, la First Republic, a perdu un peu de terrain hier, mais on est loin des plongeons récents. Côté Europe, le référentiel est plutôt la Deutsche Bank, depuis que les spéculateurs ne peuvent plus faire joujou avec le Crédit Suisse. La banque allemande n'a pas prolongé le rebond esquissé lundi, puisqu'elle a cédé 1,6%. Elle avait plongé de 8,5% vendredi dernier après un coup de chauffe sur les produits destinés à se prémunir contre la volatilité de sa dette. A ce propos, des rumeurs circulent sur un ordre d'envergure qui aurait provoqué la panique de vendredi. Enfin d'envergure à l'échelle du marché des CDS, les produits de couverture de dette concernés. Un pari à 5 M€ sur des swaps aurait pu mettre le feu aux poudres, selon des informateurs de Bloomberg. Je met du conditionnel volontairement, parce que les mécaniques sous-jacentes sont un peu opaques. Sur ces marchés peu liquides, un tel ordre ne serait pas passé inaperçu et aurait déclenché une réaction en chaîne. Difficile à vérifier, mais les régulateurs seraient sur le coup. M'est avis quand même que si Deutsche Bank ne traînait pas une réputation aussi sulfureuse, son analyse SWOT serait meilleure et ses swaps swingueraient moins, si bien que les investisseurs ne switcheraient pas sur des banques plus swags. J'ai vainement tenté d'y ajouter Patrick Swayze du côté de chez Swann, mais c'est un échec (pour l'ambiance musicale qui va gâcher votre matinée, c'est là).

Bref, pendant que les banques se stabilisent, les investisseurs gardent le pied sur la pédale de frein en se demandant de quoi l'avenir sera fait. Imaginez que vous avez une boîte dans laquelle vous mettez de l'inflation, une politique monétaire à la croisée des chemins, un système financier fragilisé, des statistiques macroéconomiques souvent solides, un potentiel de récession, quelques tensions géopolitiques et deux ou trois autres trucs incertains. Difficile d'imaginer ce qui pourrait sortir en secouant tout ça. On en est un peu là. Hier, l'indice de confiance des consommateurs américains de mars compilé par le Conference Board n'a pas éclairci la situation : malgré la série de faillites bancaires, le moral des troupes s'est amélioré en dépassant nettement ce qui était attendu.

La grosse affaire qui fait jaser en bourse depuis hier, c'est l'annonce d'une scission du géant chinois Alibaba en six morceaux. Il y aura à l'avenir l'intelligence cloud, les places de marché chinoises, les services locaux, les marques mondiales, la logistique et le divertissement. Le titre flambe de 14% parce que les investisseurs pensent que cela permettra de mieux matérialiser la valeur du groupe, dont l'action avait sombré en bourse ces dernières années. De quoi aider ce matin le Hang Seng a reprendre 2% à Hong Kong. Ailleurs en Asie Pacifique, le Japon gagne 0,75%, l'Inde 0,4% et l'Australie 0,2%. En Corée du Sud, le KOSPI est quasiment à l'équilibre. Les indicateurs avancés européens laissent – encore – entrevoir une ouverture en hausse. Le CAC40 gagnait 0,7% à 7141 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

A 16h00, les investisseurs seront attentifs à la publication des chiffre de l'immobilier ancien de février aux Etats-Unis. Tout l'agenda ici.

L'euro est stable à 1,0837 USD. L'once d'or se stabilise autour de 1966 USD. Le pétrole poursuit son rebond, avec un Brent de Mer du Nord à 78,26 USD le baril et un brut léger américain WTI à 73,61 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans s'établit à 3,56%. Le bitcoin évolue autour de 27 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ArcelorMittal : UBS passe de vendre à acheter.
  • ASM International : Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 320 EUR.
  • Biocorp : Portzamparc reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 38 à 36,80 EUR.
  • Clasquin : Portzamparc reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 75 à 82 EUR.
  • Coloplast : Barclays passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 840 DKK.
  • DiaSorin : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 122 à 120 EUR.
  • DS Smith : Exane BNP Paribas reprend le suivi à neutre en visant 310 GBp.
  • Herige : Portzamparc reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 56 à 54,50 EUR.
  • ITM Power : Berenberg passe de vendre à conserver en visant 95 GBp.
  • McPhy : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 18 à 17 EUR.
  • Mondi : Exane BNP Paribas reprend le suivi à sousperformance en visant 1200 GBp.
  • NEL : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 19 à 18 NOK.
  • Pharming : RBC démarre le suivi à surperformance en visant 1,80 EUR.
  • Stora Enso : Exane BNP Paribas reprend le suivi à surperformance en visant 13,40 EUR.
  • Svenska Cellulosa : Exane BNP Paribas reprend le suivi à sousperformance en visant 110 SEK.
  • Tesco : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 296 GBp.
  • UBS : RBC passe de surperformance à performance sectorielle en visant 20 CHF.
  • UPM : Exane BNP Paribas reprend le suivi à neutre en visant 31 EUR.
  • WithSecure : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 1,60 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Trigano : le chiffre d’affaires du deuxième trimestre 2022/2023 est en hausse de 13,2% à 827 M€.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Société générale, BNP Paribas et sa filiale Exane, Natixis (BPCE) et HSBC perquisitionnées dans l'affaire d'évasion fiscale CumCum.
  • Worldline finalise l'acquisition des activités d'acquisition commerçant de Banco Desio en Italie.
  • Gaztransport & Technigaz obtient de Samsung Heavy Industries la conception des cuves d'une nouvelle unité de production, de liquéfaction et de stockage de GNL.
  • Ubisoft ne se rendra pas à l'E3, le plus grand rendez-vous annuel du jeu vidéo.
  • Giovanni Abruzzini nommé PDG de Virbac Amérique du Nord.
  • Argan porte de 20 000 m² à 33 000 m² son entrepôt frigorifique de Niort.
  • Alan Allman émet des actions (0,15% du capital) en rémunération du rachat des minoritaires de J Architects.
  • Clasquin réalise la prise de contrôle de Timar.
  • Metalliance lève 2,5 M€ à 12 EUR l'action.
  • Toosla lance Toosla fleet manager, une application de gestion de flotte.
  • Hydrogène de France et Tripatra Engineering ont signé un protocole d'accord pour la mise en œuvre de projets hydrogène-électricité en Indonésie.
  • Le petit coin de la dilution : Drone Volt a levé 4,7 M€ via une offre réservée et une offre aux particuliers accessoire, à 0,02 EUR l'action.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Herige, Graines Voltz, Altheora, Arcure, HighCo, Paragon ID, Invibes, Lacroix

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Infineon : les revenus du T2 fiscal seront un peu plus élevés que prévu.
  • Lululemon : le titre flambe de 13% hors séance après la publication des trimestriels.
  • Micron : les prévisions du T3 fiscal sont en ligne avec les attentes.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures