(Actualisé avec tirs de roquettes sur la zone verte §5)

BAGDAD, 11 février (Reuters) - Un policier irakien a été tué et sept autres blessés samedi lors d'affrontements avec des partisans du dirigeant religieux chiite Moktada al Sadr qui manifestaient à Bagdad pour demander des réformes, a annoncé le ministère de l'Intérieur.

Plusieurs milliers de personnes s'étaient rassemblées pour réclamer un remaniement de la commission qui supervise les élections avant un scrutin provincial prévu en septembre.

La police a tenté de disperser les manifestants alors qu'ils essayaient de traverser le pont qui relie la place Tahrir, dans le centre de la capitale, à la "zone verte" fortifiée, où sont rassemblés des ministères, des bâtiments administratifs, des ambassades et des sièges d'organisations internationales.

La police anti-émeute a eu recours aux gaz lacrymogènes pour empêcher des manifestants de s'approcher trop près des limites de la zone verte, ont rapporté des témoins. Des tirs ont également été entendus, sans qu'il soit possible de déterminer leur origine.

Plusieurs tirs de roquettes Katioucha ont touché la zone verte samedi soir sans faire de victimes, a indiqué un porte-parole de l'armée. Les engins semblent avoir été tirés depuis Baladiyat, quartier dans lequel Sadr compte de nombreux partisans, a-t-il ajouté.

Des partisans de Sadr avaient pris d'assaut la zone verte l'an dernier à l'issue de heurts violents avec les forces de sécurité.

Un communiqué du ministère de l'Intérieur précise que des armes à feu et des couteaux ont été saisis sur certains manifestants samedi.

Moktada al Sadr a publié de son côté un communiqué dans lequel il affirme que la manifestation était pacifique et accuse la police d'un usage excessif de la force.

Il ajoute que ses partisans souhaitaient s'approcher de la zone verte pour se faire entendre des responsables politiques et qu'ils n'avaient pas l'intention de donner l'assaut. Il demande enfin aux manifestants de "se retirer jusqu'à nouvel ordre".

Le Premier ministre irakien, Haïdar al Abadi, a appelé les manifestants à rester calmes et à "respecter la loi".

Des images diffusées à la télévision montrent de jeunes hommes en train de s'enfuir en courant tandis que de la fumée remplit la place Tahrir.

Moktada al Sadr soupçonne les membres de la commission électorale d'être inféodés à son adversaire l'ancien Premier ministre Nouri al Maliki, chiite lui-aussi et l'un des plus proches alliés de l'Iran en Irak.

Sadr, ouvertement opposé à la présence américaine et à sa politique au Moyen-Orient, entretient des relations tendues avec certains groupes politiques irakiens alliés à l'Iran.

(Maher Chmaytelli et Saïf Hamid, avec Karim Rahim; Danielle Rouquié et Marc Angrand pour le service français)