WASHINGTON, 22 octobre (Reuters) - Un séisme meurtrier survenu en 2011 en Espagne pourrait être la conséquence de l'exploitation pendant des décennies par les habitants de la région d'une importante nappe d'eau souterraine, affirment dimanche des scientifiques.

Ils laissent ainsi entendre que les activités humaines peuvent avoir de l'influence sur les mouvements de l'écorce terrestre.

Leur étude publiée dans la revue Nature Geoscience porte sur le tremblement de terre survenu le 11 mai 2011 à Lorca, dans le sud de l'Espagne. Cette secousse de magnitude 5,1 a fait neuf morts et endommagé plusieurs bâtiments dans cette ville située dans une région agricole.

Les chercheurs placés sous la direction de Pablo Gonzalez, de l'université Western Ontario, ont lié ce séisme à la baisse du niveau d'une nappe aquifère de la région, ce qui a pu créer de la pression à la surface terrestre.

Pour vérifier leur théorie, ils ont utilisé des données recueillies par satellite pour étudier la déformation du terrain provoquée par la secousse. Ils ont observé qu'elle correspondait aux changements de l'écorce terrestre dus à la baisse de 250 mètres du niveau de la nappe d'eau souterraine au cours des 50 années précédentes.

Les agriculteurs de la région de Lorca n'ont cessé de puiser de l'eau dans cette nappe pour irriguer leurs vergers et abreuver leur bétail.

Cette étude indique que les pressions dues à l'activité humaine exercées sur des failles telles que celle d'Alhama de Murcia, près de Lorca, peuvent non seulement provoquer des tremblements de terre mais aussi influencer l'ampleur du glissement des sols.

"On ne peut pas définir une règle à partir de l'étude d'un cas particulier mais les éléments que nous avons rassemblés dans cette étude pourraient être nécessaires à des recherches sur d'autres événements futurs qui se produiraient près de (...) barrages, de nappes aquifères et de glaciers en train de fondre, quand des failles se trouvent près de ces sources", a dit Pablo Gonzalez, interrogé par téléphone.

Dans un article accompagnant cette étude, Jean-Philippe Avouac, de l'Institut californien de technologie, juge que ces recherches pourraient avoir d'immenses implications "si jamais on comprend pleinement les effets des perturbations d'origine humaine sur la sismicité".

"Pour l'instant, il faut rester prudent (...) Nous savons comment déclencher des séismes mais nous sommes encore loin d'être en mesure de les contrôler", écrit Jean-Philippe Avouac. (Deborah Zabarenko, Bertrand Boucey pour le service français)