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Depuis trois ans, le groupe de presse The Economist a pris l'initiative d'organiser chaque année une conférence en Europe continentale sur la finance islamique.
Après s'être déroulée la première année à Genève, la conférence a eu lieu ces deux dernières années à Paris.  La dernière édition date de mercredi 7 octobre 2009.

Un intérêt renforcé par la crise financière
Il y a depuis 2007 une forte volonté politique exprimée par le gouvernement (au travers de Bercy) et les régulateurs (Banque de France, AMF) pour développer la finance islamique en France. Cet intérêt tout à fait légitime-la place de Paris ne pouvant  pas dans une économie mondiale globalisée se permettre de ne pas avoir une offre sur cette finance- s'est accentué avec la crise financière que l'on a traversée. Des instruments comme des futures ou des swaps n'existent pas dans cette finance beaucoup plus tangible que la finance conventionnelle, proche du sous jacent et où l'incertitude est interdite.

On observe par ailleurs une certaine détermination de la part des grandes entreprises  pour faire en sorte d'émettre des obligations conformes aux règles de la charia.

Une boite à outils qui se remplit
De nombreuses réformes réglementaires ont été initiées dans le but de favoriser le développement de la finance islamique dans le pays. Ces aménagements ne concernent pas uniquement la finance islamique. Ils sont relatifs à des instruments qu'utilise la finance islamique comme la fiducie ou encore le trust.

S'il y a ce qu'il faut dans la boite à outils pour aider à l'expansion de la finance islamique dans le pays, il faudra cependant du temps pour combler le retard pris par rapport à Londres.  Le Royaume-Uni est en effet très  organisé aussi bien dans le domaine de la banque de détail que sur le plan du marché. 22 banques  proposent à ce jour des produits conformes à la charia. 18 sukuks* sont cotés sur le London Stock Exchange et représentent environ 10 milliards de dollars d'actifs. Par ailleurs, on dénombre 7 ETF compatibles à la charia.

Sur les cinq ou six demandes soumises, deux institutions devraient se voir accorder une licence pour exercer une activité de banque d'investissement sur le territoire français.
La Banque de France et la CECEI, l'organe chargé de délivrer l'accréditation, n'ont pas encore dévoilé les noms. Elles devraient le faire d'ici la fin de l'année.

L'offre des banques de détail dépendra de la législation.

Le sommet annuel du mercredi 7 octobre
Le sommet a permis de réunir des acteurs internationaux venant notamment de la Malaisie, de l'Indonésie et des pays du Golfe (Bahrein, Qatar, Arabie Saoudite).
Toutes les instances étaient présentes : la ministre de l'économie Christine Lagarde, l'Autorité des marchés financiers, la Banque de France, l'organisation Paris Europlace.
Deux banques, HSBC Amanah et Gatehouse Bank (banque islamique créée à Londres), se sont exprimées et ont pu témoigner de leur expertise dans le domaine de la banque de détail et de la banque d'investissement. Les banques françaises qui pratiquent pour la plupart d'entre elles la finance islamique à l'étranger ont ainsi pu avoir un véritable benchmark et ont surtout pu constater l'intérêt de ces investisseurs pour le marché français. Nous pouvons penser qu'elles auront moins de réticence à exercer leur activité de finance islamique sur leur propre territoire.

Développer la formation dans les établissements financiers français
Le Developement Institute International assure des formations sur la finance islamique depuis 2007. Le marché apparait comme plus mûr et demande une formation de plus en plus technique sur l'élaboration des produits.  Jusqu'à présent, la demande concernait essentiellement une compréhension de base sur ce qu'est la finance islamique. La démystification autour du mot finance islamique est à présent faite. Un deuxième niveau concerne les aspects pratiques des produits. Mais le rythme de progression est moins important qu'on ne l'aurait pensé.

Un problème de standardisation
Une étude entièrement financée par le groupe The Economist a été réalisée sur l'état de la finance islamique. Une des conclusions importantes réside dans l'absence d'harmonisation des standards dans le domaine. Des différences importantes sont révélées entre par exemple la finance islamique développée en Malaisie et dans le Golfe Persique. Ces dissemblances tiennent particulièrement aux écoles de charia en vigueur dans les pays. L'Agefi en collaboration avec la société DII travaille sur l'élaboration d'un guide professionnel sur la finance islamique. Sa sortie est prévue pour le mois de décembre.

- 13 Octobre 2009 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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