Paris (awp/afp) - C'est un coup dur pour Valneva, première société française à avoir développé un vaccin contre le Covid-19: l'Union européenne vient de réduire massivement sa commande de doses, conduisant la biotech à suspendre sa production.

La Commission européenne a en effet annoncé mercredi avoir réduit à 1,25 million de doses sa commande, loin des 60 millions de doses prévues par le contrat initial.

Dans le détail, la Commission avait passé fin 2021 un accord avec Valneva prévoyant la possibilité pour les États membres d'acheter près de 27 millions de doses de son vaccin inactivé en 2022, avec 33 millions de doses supplémentaires en 2023. Mais, mi-mai, elle avait douché les ambitions de la biotech en annonçant son intention de résilier cette commande, dans un contexte de production mondiale importante.

Après deux mois de tergiversations, l'Union européenne a finalement annoncé mercredi un "avenant à l'accord initial" permettant aux États membres d'acheter 1,25 million de doses du vaccin, qui a été autorisé en juin dans l'UE pour une utilisation comme primovaccination chez les adultes âgés de 18 à 50 ans.

Autre source de déception pour Valneva, dont le siège est en France (à Nantes): ce pays n'a pas souhaité en commander. Les cinq pays à recevoir les doses du sérum dans les semaines à venir sont l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark, la Finlande et la Bulgarie.

"On ne comprend pas cette décision. D'autant plus qu'il y a encore quatre millions de personnes qui ne sont pas vaccinées en France", a réagi mercredi auprès de l'AFP Franck Grimaud, le directeur général de Valneva.

"En tant qu'entreprise française, nous aurions espéré un soutien plus concret", ajoute le dirigeant.

Compte tenu de la réduction du volume des commandes des États membres, Valneva a pour l'instant suspendu sa production de vaccins contre le Covid-19.

"Nouvelle option"

"On pourra maintenir ce programme (...) uniquement si l'on a sécurisé assez de demandes de la part d'États en Europe ou hors d'Europe", a aussi souligné Franck Grimaud. La biotech se donne jusqu'à la fin de l'été pour trouver de nouvelles commandes, afin de déterminer l'avenir de son programme.

Le sérum de Valneva, VLA2001, est le sixième vaccin approuvé en Europe, mais le premier utilisant la technologie traditionnelle du virus inactivé, qui pourrait, selon la biotech, convaincre les non-vaccinés réticents à la technologie plus récente de l'ARN messager.

"Les États membres qui veulent avoir accès à ce vaccin recevront les doses dont ils ont besoin en août et septembre", indique la Commission dans un communiqué.

Valneva a multiplié les déboires depuis un an: en septembre 2021, le gouvernement britannique, qui lui avait passé commande pour 100 millions de doses de vaccins, avait ainsi résilié son contrat, une déception pour l'entreprise qui avait fait chuter son cours de Bourse.

Le vaccin a toutefois été approuvé au Royaume-Uni en avril. Il est aussi autorisé aux Émirats arabes unis et au Bahreïn, avec un contrat portant sur un million de doses.

"Le vaccin Valneva ajoute une nouvelle option au vaste portefeuille de vaccins de l'UE et (...) nous offrons la possibilité aux États membres qui le souhaitent de le proposer à leurs citoyens", a commenté la commissaire européenne à la Santé Stella Kyriakides.

"Augmenter la vaccination et les rappels sera crucial au cours des prochains mois pour protéger nos citoyens", a-t-elle ajouté.

Les cinq autres vaccins approuvés dans l'UE sont les vaccins à ARN messager du duo américano-allemand Pfizer-BioNTech (2,4 milliards de doses achetées ou réservées) et du groupe américain Moderna (460 millions) ; ceux du laboratoire suédo-britannique AstraZeneca (400 millions) et de son concurrent américain Johnson & Johnson (400 millions), qui ont recours à un vecteur viral ; et le vaccin Novavax (200 millions), basé sur la technologie dite des sous-unités protéiques, utilisée depuis des décennies.

afp/al