CARACAS, 6 mars (Reuters) - Le chef de file de l'opposition vénézuélienne, Juan Guaido, a mené mardi des discussions avec les syndicats de fonctionnaires pour organiser une grève visant à paralyser le secteur public et accentuer la pression sur le gouvernement du président en exercice Nicolas Maduro.

Organiser une grève du secteur public pourrait donner l'occasion à plusieurs millions de fonctionnaires de manifester leur mécontentement à l'égard d'une administration qui a encadré la plus importante crise financière du Venezuela.

Par cette démarche, l'opposition entend aussi profiter d'une dynamique favorable à Juan Guaido depuis son retour triomphal au Venezuela lundi en bravant les menaces d'arrestation après avoir effectué une tournée dans les pays voisins.

"Ils pensaient que la pression avait déjà atteint son paroxysme (...) Il faut qu'ils sachent qu'elle ne fait que commencer ", a dit Guaido, reconnu comme président par intérim par de nombreux pays occidentaux et de la région.

"Le moment est venu et notre appel, notre demande, et notre entier soutien aux fonctionnaires, visent à organiser cette grève", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse après avoir rencontré des fonctionnaires. Il n'a pas dit quand cette grève aurait lieu.

S'exprimant pour la première fois depuis le retour de Guaido à Caracas, Nicolas Maduro a déclaré mardi qu'il n'autoriserait "rien ni personne à perturber la paix".

Face aux rassemblements voulus par Guaido, le président socialiste a appelé à la tenue de manifestations "anti-impérialistes" samedi à travers le pays.

"Nous allons vaincre cette minorité, c'est certain", a dit Maduro lors d'une cérémonie célébrant le sixième anniversaire du décès de son prédécesseur Hugo Chavez.

A Washington, l'émissaire des Etats-Unis pour le Venezuela a déclaré qu'un rôle pour Maduro dans de futures élections démocratiques était difficilement envisageable.

"S'il voulait bâtir un Venezuela démocratique, il l'aurait fait", a ajouté Elliott Abrams.

Le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison blanche, John Bolton, a annoncé dans la soirée lors d'un entretien à la chaîne Fox Business que les Etats-Unis envisageaient d'imposer de nouvelles sanctions afin d'accentuer la pression sur Maduro.

Juan Guaido a bravé une interdiction de sortie du territoire en se rendant en Colombie pour coordonner l'aide humanitaire destinée au Venezuela, puis au Brésil, au Paraguay, en Argentine et en Equateur, avant de regagner lundi son pays, bravant les menaces d'arrestation.

Il a déclaré mardi que les autorités ne l'avaient pas contacté depuis son retour. (Deisy Buitrago et Angus Berwick; Eric Faye et Jean Terzian pour le service français)